Tandis que les opérations de rapatriement des Algériens bloqués à l’étranger se poursuivent, des ressortissants binationaux, arrivés en Algérie par voie maritime avant la fermeture des frontières par les autorités, tirent la sonnette d’alarme. Ils ne peuvent pas bénéficier des vols de la compagnie aérienne Air Algérie programmés pour des résidents algériens et des étrangers restés bloqués dans le pays. La raison: ils ont effectué leurs voyages avec leurs véhicules personnels.
Ils fustigent ainsi la non-programmation de dessertes maritimes vers les pays européens, notamment la France et l’Espagne, regrettant que les bateaux ayant rapatrié les Algériens de Marseille et Alicante, entre autres, « soient partis vides ». Tout comme les Algériens bloqués à l’étranger depuis début mars, ils alertent sur une « situation, financière et sanitaire de plus en plus dure à supporter ».
« Cela fait 5 mois que j’attends un retour par voie maritime car j’ai mon véhicule personnel avec moi », fait savoir Farid. « La situation devient de plus en plus difficile. Financièrement surtout. A l’instant, je n’ai plus d argent ».
Farid se dit abandonné par les deux autorités. « Nous n’avons aucune réponse de la part des autorités algériennes ou françaises. Idem de la part de la compagnie maritime Corsica Linea, qui nous invite tout le temps à visiter son site Internet pour s’informer des dernières évolutions de la situation », poursuit-il.
Tout comme de nombreux Algériens bloqués à l’étranger, Farid s’inquiète notamment de la santé de sa mère, âgée, diabétique, sous traitement qu’il a de la peine à renouveler.
Nadera insiste sur des cas de binationaux qu’elle qualifie de « dramatiques », partageant, au passage, les témoignages de quelques-uns. « Certains ont perdu leurs boulots pour ne pas avoir rejoint leurs postes après plusieurs mises en gardes, ou encore leurs loyers pour ne pas avoir renouvelé leurs bails. La mère de l’une des Algériens bloqués ici est sous traitement psychiatrique, en rupture de médicaments. D’autres se retrouvent avec deux, trois enfants ou plus avec des revenus de plus en plus minces. Au contraire, des binationaux bloqués ici ont laissé leurs enfants en France », raconte-t-elle.
Elle rajoute: « Nous avons aussi parmi nous une femme qui a accouché ici et qui a réussi à se procurer un laisser-passer pour son enfant. Mais le document est éligible jusqu’au 15 août. Nous restons dans l’expectative ».
« Je devais rentrer en France le 23 mars et depuis, je suis bloqué ici avec mon véhicule par manque de traversée maritime. Je suis un malade chronique, j’ai réussi grâce à mes enfants à me procurer des médicaments nécessaires à ma pathologie, mais d’autres n’ont pas cette chance », raconte Jamel. « Toutes nos correspondances vers les autorités consulaires restent lettres mortes. Trois traversées ont eu lieu dont je n’ai pu bénéficier par manque d’informations ».
Jamel, Nadera ou encore Farid n’ont cessé de solliciter les autorités consulaires algériennes et françaises. « Nous avons aussi signalé notre situation au député M’jid Guerrab de la 9e circonscription des Français à l’étranger qui nous dit avoir transmis nos doléances aux Ministère français des affaires étrangères ». Toutefois, « toutes nos correspondances vers les autorités consulaires restent lettres mortes », fait remarquer Jamel.
« Il y eu 3 bateaux au mois de juin qui sont partis complets », renchérit Nadera de son côté. « Depuis, rien. Aucun bateau ce mois de juillet », affirme-t-elle. Elle déplore que les bateaux algériens qui « se sont dirigés vers Marseille et Alicante pour rapatrier les Algériens bloqués en Espagne et en France soient partis vides ». Tandis que les vols d’Air Algérie, destinés à rapatrier des ressortissants algériens bloqués à l’étranger, ont aussi servi à transporter des résidents algériens et des étrangers restés bloqués en Algérie.
Le rapatriement des citoyens bloqués à l’étranger se poursuit. Hier, pas moins de 205 ressortissants sont arrivés à l’aéroport Rabah Bitat d’Annaba en provenance de la capitale jordanienne, Amman. Depuis le début de ce programme, le 20 juillet dernier, plus de 5 158 ressortissants ont été rapatriés de 26 pays.
Cette opération se poursuivra jusqu’au 30 du mois courant pour rapatrier 5.165 citoyens bloqués et inscrits sur la plateforme numérique à travers 20 vols spéciaux.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé que d’autres opérations seront programmées après celles-ci, sans donner des détails supplémentaires. Seuls des Algériens bloqués en Espagne et en France ont été rapatriés par voie maritime.
De son côte, la compagnie maritime Corsica Linea a annoncé que les traversées programmées jusqu’au 15 août sont annulées, suite au maintien de la fermeture des frontières par le gouvernement algérien.