Les mirdus du football national attendent avec impatinece la grande affiche des quarts de finale de la coupe d’Algérie. Celle-ci opposera le MC Alger au Wa de Tlemcen. Une grande affiche à la quelle on a greffé un évènement sans précédent. La commission fédérale d’arbitrage de la FAF a désigné une femme pour diriger cette rencontre de grande importance: Ghada Mahat, une arbitre femme est désignée en tant qu’arbitre directeur et sera secondée par Gourari et Zerhouni, ses deux juges assistants. Le match a d’ores et déjà sa grande star.
Ghada Mehat a bousculé l’ordre et s’est taillé une place dans un monde monopolisé jusque-là par les hommes. Originaire de Sétif, cette jeune femme née un premier mai 1995, a bouleversé les codes du sport en 2022 en devenant la deuxième femme algérienne à arracher le grade d’arbitre international en football réservé en Algérie jusqu’alors exclusivement aux hommes.
Ghada Mehat a découvert le football dès son plus jeune âge dans les rues de Sétif, une région réputée pour son amour du « sport-roi » et qui a produit de nombreuses légendes nationales telles que Rachid Makhloufi, Abdelhamid Kermali, Malik Zorgane et tant d’autres grands noms du football national.
Passionnée depuis toujours par le football », elle a commencé à jouer très jeune avec ses frères dans les rues de son quartier avant d’intégrer brièvement le Club d’El Khroub. Cependant, malgré son amour pour le jeu, Ghada s’est rapidement tournée vers l’arbitrage, cherchant à comprendre les tenants et aboutissants de ce rôle. En 2015, alors âgée de moins de 20 ans, elle rejoint la Ligue Régionale de Constantine dans le but de devenir arbitre.
Ghada Mehat a été la seule candidate à réussir tous les examens, qui se sont étalés sur deux mois, obtenant ainsi son premier grade d’arbitre pour jeunes catégories. À mesure qu’elle progressait, elle a atteint le statut d’arbitre fédéral, puis celui d’arbitre international.
« Ma première expérience en tant que juge-assistante est survenue une semaine seulement après un stage. Ce fut un défi difficile à relever, nécessitant de la volonté et du courage. J’ai commencé à arbitrer des matchs des moins de 15 ans, puis des moins de 17 ans, des moins de 19 ans, pour enfin atteindre la catégorie des moins de 21 ans », avait-elle confié aux médias.
Cependant, le parcours de Ghada Mehat n’a pas été aisé. Son évolution est devenue de plus en plus compliquée à mesure qu’elle montait les échelons dans une région conservatrice des Hauts-Plataux, où il était presque interdit pour une femme d’évoluer dans un milieu dominé par les hommes.
« Mes débuts ont été difficiles, surtout venant d’une région conservatrice où les traditions pèsent lourdement sur la vie, particulièrement pour les femmes. Mais j’ai gagné en acceptation grâce à mon impartialité et à mon application rigoureuse des règles », expliquait-elle.
Ghada est convaincue que les femmes algériennes peuvent réussir dans tous les domaines, y compris ceux traditionnellement réservés aux hommes, et elle insiste sur l’importance de respecter les règles et de bien les appliquer.
Elle appelle également les supporters à accepter les femmes arbitres et à les soutenir dans leur rôle, soulignant que les agressions verbales peuvent être aussi blessantes que les agressions physiques.
Très fière d’être la première femme arbitre internationale de l’Est algérien, Ghada encourage les femmes à poursuivre leurs rêves, même dans des domaines traditionnellement réservés aux hommes. « Les femmes ont le droit d’honorer leur nom et de représenter les couleurs nationales. »
Persévérance et réussite
À 29 ans, Ghada Mehat a prouvé sa détermination et sa confiance en elle dans un « milieu macho », officiant pendant neuf ans comme arbitre central ou assistante dans différentes catégories de rencontre de football. En 2022, elle réalise son rêve en obtenant le badge d’arbitre international. Ce qui lui permettra de de diriger à l’internationale plusieurs matches (féminins) notamment le quatrième tour des éliminatoires féminines des JO de Paris 2024, Nigeria – Afrique du Sud dernièrement.
Ambitieuse, elle aspire à officier des rencontres de Ligue 1 professionnelle en Algérie en gagnant la confiance de l’instance fédérale. Elle souhaite également diriger des matchs lors d’une phase finale de Coupe du monde.
Parallèlement à son implication dans le football, Ghada a réussi à équilibrer sa vie personnelle et ses études. Elle détient un Master 2 en Sciences et techniques des activités physiques et sportives de l’université Abdelhamid Mehri de Constantine et enseigne actuellement le sport dans une école privée.
Maintenir cet équilibre entre l’arbitrage et son travail n’est pas facile pour une jeune femme au début de sa carrière. « Je vise toujours plus haut », confie-t-elle aux journalistes, tout en soulignant les sacrifices nécessaires pour concilier son amour pour l’arbitrage et son travail d’enseignante.
Soutenue par sa famille, Ghada a pu réussir son défi grâce à l’appui de son père et de ses frères, avec qui elle continue de jouer au football.
