La boxeuse algérienne Imane Khelif a gagné, ce jeudi 1 août 2024, son combat de boxe en huitième de finale des moins de 66 kg contre l’Italienne Angela Carini lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.
L’athlète italienne a abandonné après 46 secondes de combat et a quitté le ring en pleurs. Cela a suffi pour qu’une nouvelle polémique éclate en ciblant la championne algérienne, victime déjà d’une campagne de haine, actionnée depuis plusieurs jours. Une campagne à laquelle participe même des hommes politiques. « Les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines », a proclamé Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien et ancien ministre de l’Intérieur (extrême droite). Elon Musk, le multimilliardaire américain, patron du réseau X, s’est mêlé lui aussi de la campagne.
Il a partagé un tweet ridicule de la nageuse américaine Riley Gaines d’après lequel « les hommes n’ont pas leur place dans le sport féminin( « men don’t belong in women’s sports »). Pour cette athlète, proche du candidat à l’élection présidentielle américaine, le milliardaire Donald Trump, les femmes « transgenres » ne devraient pas participer au sport féminin.
L’écrivaine britannique J.K Rowling, célèbre par la série de films fantastiques « Harry Potter », s’est, elle aussi, crue obligée de prononcer un verdict contre Imane Khelif en prenant la défense de la boxeuse italienne. « Une jeune boxeuse vient de se voir voler tout ce pour quoi elle a travaillé et s’est entraînée parce que vous avez permis à un homme de monter sur le ring avec elle », a-t-elle écrit sur X.
Commentant une photo qui montre Imane Khelif consolant Angela Carini, elle écrit : « Une image pourrait-elle mieux résumer notre nouveau mouvement pour les droits des hommes ? Le sourire narquois d’un homme qui se sait protégé par un établissement sportif misogyne. Le post de J.K Rowling a été « aimé » par près de 300.000 personnes.
Faire pression sur le Comité olympique internationalJ.K Rowling ne démontre pas comment Imane Khelif est un homme, comme tous ceux qui se sont aveuglément attaqués à l’athlète algérienne dans ce qui ressemble à une opération de manipulation à grande échelle.
Le magazine américain Variety a consacré un article aussi à l’affaire sous le titre : « J.K. Rowling et Elon Musk critiquent les Jeux olympiques après la victoire de l’Algérienne Imane Khelif dans un match de boxe féminine au milieu d’une controverse sur le genre : « Un establishment sportif misogyne ».
Selon Franceinfo, , un hashtag #IStandWithAngelaCarini (« Je soutiens Angela Carini) a été lancé sur les réseaux. L’objectif est évident : faire pression sur le Comité d’organisation des JO de Paris. L’hebdomadaire français Le Point, pour sa part, ne manque pas l’occasion de lancer des flèches contre la boxeuse algérienne. « J’ai vu une boxeuse italienne abandonner contre une athlète intersexe algérienne. C’est la première polémique du genre aux JO de Paris. L’Algérienne Imane Khelif est autorisée à concourir avec les femmes, avec un taux de testostérone qui interpelle », écrit, avec beaucoup d’assurance, Beatrice Parrino.
La journaliste pleure avec l’athlète italienne : « Devant nous, journalistes, ses larmes coulent pendant plus d’un quart d’heure. Elle s’appelle Angela Carini. À 26 ans, elle a perdu son rêve, celui de décrocher une médaille d’or pour son père disparu. « Dieu et mon père l’ont voulu, je l’accepte… » Son accent l’a trahie : elle vient de Campanie, une terre où la fatalité est enracinée, et aide parfois à accepter l’inacceptable ».
Imane Khelif, victime des « réactionnaires »
Beatrice Parrino « politise » sa charge contre Imane Khelif dans un article entièrement consacré à celle qui a perdu le combat : « Quelques minutes plus tôt, des spectateurs, avec des drapeaux algériens et palestiniens, avaient sifflé l’entrée sur le ring de la jeune Italienne ».
Libération, quotidien français de gauche, a pris la défense de l’athlète algérienne. « La boxeuse algérienne Imane Khelif gagne facilement son combat et fait enrager Matteo Salvini. Hyperandrogène, la boxeuse s’est retrouvée harcelée par des réactionnaires du monde entier dont le politicien d’extrême droite italien qui n’a pas digéré la défaite de sa concitoyenne. », ecrit le journal.
Libération est l’un des rares médias à reprendre les explications apportées par le porte-parole du CIO (Comité olympique international), Mark Adams. « Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes. Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent, respectent les règles d’éligibilité. Ces athlètes ont boxé à plusieurs reprises depuis plusieurs années dans les catégories féminines », a-t-il dit. Il a précisé que le test de testostérone «n’est pas un test parfait».
« J’espère gagner une médaille d’or »
Mohamed Chaoua, entraîneur d’Imane Khelif, a eu une réaction sage. « Toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer ». Je remercie le peuple algérien. C’est la première victoire, et j’espère obtenir la deuxième pour garantir la médaille.
Ensuite, j’espère gagner une médaille d’or », a t-il déclaré, cité par Franceinfo.
Durant la soirée, le Comité olympique algérien a apporté des précisions dans un communiqué publié sur son site.
« Tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux Olympiques de Paris 2024 se conforment aux règles d’admissibilité et d’inscription de la compétition, ainsi qu’à toutes les réglementations médicales applicables fixées par l’Unité de Boxe de Paris 2024 (PBU). Comme pour les compétitions de boxe olympiques précédentes, le sexe et l’âge des athlètes sont basés sur leur passeport. Ces règles s’appliquaient également pendant la période de qualification, y compris les tournois de boxe des Jeux européens, des Jeux asiatiques, des Jeux panaméricains et des Jeux du Pacifique de 2023, le tournoi de qualification africain ad hoc de 2023 à Dakar (Sénégal) et les deux tournois de qualification mondiaux organisés à Busto Arsizio (Italie) et Bangkok (Thaïlande) en 2024, qui impliquaient un total de 1 471 boxeurs différents de 172 Comités nationaux olympiques (CNO), l’équipe de boxe des réfugiés et des athlètes neutres individuels, et comportaient plus de 2 000 combats de qualification », a-t-il indiqué.
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