Djerad évoque l’existence « d’un complot interne » : qui cible-t-il ? Et qui sont les auteurs?

Le Président Abdelmadjid Tebboune réunira ce lundi 3 août 2020 le Haut conseil de sécurité. La présidence de la République, qui a annoncé la nouvelle, n’a pas précisé l’ordre du jour de la réunion.

Cette réunion intervient moins de vingt quatre heures après des déclarations troublantes du Premier ministre Abdelaziz Djerad relative à l’existence « d’un complot interne ». Selon lui, le manque de liquidité au niveau des bureaux de poste, les feux de forêts, les perturbations de l’alimentation en eau potable et les coupures d’électricité enregistrées dans plusieurs régions du pays étaient des « actes prémédités » visant à « créer la fitna et l’instabilité » dans le pays et à créent « des problèmes dans la relation entre le citoyen et les autorités publique ».

Concernant le problème de liquidité, le Premier ministre a annoncé qu’il a été procédé, durant un seul mois, au retrait de 4000 milliards de centimes des bureaux de poste, chiffre qualifié d’énorme. « Cette anomalie ne signifie pas l’absence de lacunes sur les plans opérationnels et administratifs mais il est étonnant que certains citoyens retirent de l’argent quotidiennement et pendant plusieurs jours », a-t-il dit. Il n’a pas précisé le nombre de ces citoyens ni leurs qualité professionnelles ni les régions de leur résidence. « Après examen, il s’est avéré qu’il s’agit d’un complot afin de créer des problèmes durant les jours précédant l’Aïd el Adha », a appuyé Djerad sans détailler l’origine du « complot ».

Les citoyens évoqués ont-ils été « manipulés » pour retirer autant d’argent? Si oui, par qui et pourquoi? A première vue, il ne s’agit pas de simples salariés puisque retirer l’argent quotidiennement, cela veut dire avoir un compte CCP bien rempli ou que le client qui procède à ces retraits fréquents est à l’aise sur le plan financier.

 » Actes malveillants »

Djerad a laissé entendre qu’à la veille de l’Aïd El Adha, jeudi 30 juillet, et samedi 1 août, le problème de liquidités a disparu. « Ce qui implique pour nous de chercher l’origine de ce problème. Dans l’attente des résultats des enquêtes, des indices montrent qu’il s’agit d’actes malveillants visant à semer la confusion parmi les citoyens », a-t-il souligné.

La 28 juillet 2020 le Premier ministre a pris plusieurs mesures pour améliorer la disponibilité de la liquidités dans les bureaux de poste. Un manque qui est, selon un communiqué des services du Premier ministère, la résultante « d’une conjoncture tout à fait particulière liée aux impacts de la situation sanitaire qui a provoqué un ralentissement de l’économie avec ses conséquences sur la circulation et de recyclage des liquidités ».

En une semaine, le Premier ministre semble avoir reçu d’autres informations sur cette question. C’est la seule explication possible au changement de ton par rapport à un phénomène déjà constaté les années précédentes en Algérie. A moins qu’il ait été accentué cette année pour des raisons qui restent à déterminer.

Evoquant les incendies de forêt, Djerad a parlé de l’interpellation, à Batna, d’individus surpris en train de mettre délibérément le feu dans des forêts, et de l’enregistrement de 4 à 5 incendies « en même temps et au même endroit ». Le premier ministre a installé jeudi 30 juillet une « cellule de veille » chargée du suivi et de l’évaluation en permanence de la situation des feux de forêts et de les dispositifs de prévention et de lutte contre les incendies. En Algérie, les incendies de forêts sont rarement suivis par des enquêtes pour déterminer s’ils sont de nature criminelle ou pas.

« Plusieurs actes de sabotage »

Sur un autre chapitre, Djerad a qualifié de sabotage les coupures d’eau et l’arrêt de la station de dessalement de Fouka (Tipaza). Un acte prémédité qui aurait été commis, selon lui, par « un certain groupe ». Djerad n’a pas donné davantage sur l’identité de ce groupe et a annoncé qu’une action judiciaire contre X a été intentée par le ministre des Ressources en eau « en vue de déterminer les circonstances » de cet acte. 

Pour ce qui est des coupures d’électricité, Djerad a souligné que « plusieurs actes de sabotage touchant les lignes d’électricité ont été enregistrés dans la wilaya d’Annaba et dans diverses régions du pays ». Citer la wilaya d’Annaba peut-il donner un sens à ce que dit le Premier ministre? Il est clair qu’ Abdelaziz Djerad n’a pas donné tous les détails amenant l’opinion publique à se poser beaucoup de questions au moment où l’économie nationale peine à se relever des conséquences graves de la crise sanitaire liée à la Covid 19.

Les enquêtes, décidées par le président Abdelmadjid Tebboune, vont-elles déterminer l’identité des personnes ou des groupes qui sont derrière un complot? Leurs résultats seront révélés aux algériens? Le chef de l’Etat est-il lui même ciblé ? Si oui, par qui et pourquoi en ce moment ? Tebboune a, à plusieurs reprises, suggéré l’existence de « plans » de déstabilisation de l’Algérie mais qui seraient élaborés à l’extérieur du pays avec des relais intérieurs qui se recruteraient dans la galaxie de la Issaba (bande). Là, si on a bien compris les déclarations d’Abdelaziz Djerad, le complot serait plutôt interne. Reste à connaître les auteurs.