Le réalisateur algérien Mohamed Lakhdar Hamina, le cinéaste franco-grec Costa Gavras, son épouse Michèle Ray Gavras et l’acteur et producteur égyptien Mahmoud Hemida ont été honorés au 12e Festival international du film arabe d’Oran.
Vendredi soir, Ahmed Rachedi, cinéaste et ancien directeur de l’Office National pour le Commerce et l’Industrie Cinématographique (ONCIC, dissout 1987), appelé sur la scène du Palais des congrès de l’hôtel Le Méridien d’Oran, Costa Gavras et son épouse Michèle Ray Gavras pour leur rendre un hommage.
En 1970, à Los Angeles, Ahmed Rachedi et Jacques Perrin sont montés sur la scène pour recevoir la statuette de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour « Z », réalisé par Costa Gavras. Ce long métrage, adapté du roman du grec Vassílis Vassilikós, revient sur l’enquête sur l’assassinat du député de gauche Grigóris Lambrákis à Thessalonique en mai 1963 (cet assassinat a été suivi deux ans plus tard par le coup d’Etat des colonels en Grèce).
« Il y a cinquante cinq ans, nous avons monté ensemble une coproduction de l’un des plus grands films du cinéma mondial, « Z ». Le film a été coproduit par une société française et un organisme algérien, ONCIC. En 1970, l’Algérie a remporté le premier Oscar du cinéma arabe », a déclaré Ahmed Rachedi.
« Grâce à l’Algérie, j’ai pu faire le film de mes rêves »
« Aux Etats Unis, les Oscars sont reçus par les producteurs, pas par les réalisateurs (lors de la cérémonie). Ahmed Rachedi a l’Oscar, nous avons une copie. J’ai tourné trois films en Algérie, à Tlemcen, Sétif et Alger. Je suis une productrice algérienne », a soutenu, pour sa part, Michèle Ray Gavras.
« Grâce à l’Algérie, j’ai pu faire le film de mes rêves. Tout le monde avait refusé ce film. Le soutien de l’Algérie m’a permis de faire le film, de faire le tour du monde pour le présenter et d’avoir la liberté totale de faire les films que je voulais après », a confié Costa Gavras sur scène.
Il a évoqué la possibilité d’un renouvellement du cinéma algérien, « comme à l’époque où mon film a été produit, cinq ou six ans après l’indépendance de l’Algérie ». Il s’est référé à l’allocution de la ministre de la Culture et des Arts qui a annoncé l’ouverture de l’Institut national supérieur du cinéma à Koléa, la création d’une cité du cinéma dans le sud du pays et le lancement du projet d’un centre national des archives cinématographiques.
« Chaque film est une tentative de porter haut la voix de notre région »
Le festival d’Oran a rendu également un hommage à un cinéaste qui a donné à l’Algérie, à l’Afrique et au pays arabe la première Palme d’or du festival de Cannes, Mohamed Lakhdar Hamina, pour son long métrage « Chronique des années de braise » (en 1975). « Mohamed Lakhdar Hamina est l’un des fondateurs du cinéma algérien. Nous avions travaillé ensemble durant la guerre de libération nationale. Mohamed Lakhdar Hamina est probablement le plus grand réalisateur que le cinéma algérien ait connu. Il a beaucoup fait pour que le cinéma algérien ait sa place dans le monde », a témoigné Ahmed Rachedi.
Dans un message vidéo, Mohamed Lakhdar Hamina a salué l’initiative par l’équipe d’Abdelkader Djeriou, commissaire du festival, de lui rendre un hommage lors de la cérémonie d’ouverture. « Cet honneur représente non seulement une reconnaissance de mon parcours mais aussi celle de toutes les personnes qui ont travaillé à mes côtés, artistes, techniciens, créateurs qui ont chacun, à sa manière, contribué à la réalisation de mes films. Mon engagement pour le cinéma est d’abord un engagement pour l’Algérie, dont la culture et l’histoire m’ont toujours inspiré, ainsi que pour le cinéma arabe et africain, véritable miroir de nos sociétés. Chaque film, chaque projet est une tentative de porter haut la voix de notre région », a déclaré Mohamed Lakhdar Hamina, âgé aujourd’hui de 90 ans.
Mahmoud Hemida a également été honoré par le festival. L’acteur égyptien est connu surtout pour ses rôles dans les films de Youssef Chahine, « L’Autre » et « Le destin ».