C’est un retournement de situation que peu avaient anticipé. Donald Trump, longtemps considéré comme une figure déchue du paysage politique américain après l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021, signe un retour spectaculaire en remportant une victoire électorale nette pour sa troisième campagne présidentielle.
Au lendemain de la défaite de 2020, il paraissait pourtant être un homme du passé, marginalisé par ses mensonges sur la fraude électorale. Cependant, porté par un instinct politique unique et une base électorale toujours fidèle, Trump a traversé les embûches avec l’appui de quelques conseillers loyaux, rassemblant autour de lui son clan et ses plus proches alliés.
En 2021, l’ancien président critiquait ouvertement l’administration Biden, notamment sur le retrait d’Afghanistan et ses grands projets législatifs, qu’il n’hésitait pas à dénigrer. Lors de l’abandon du droit fédéral à l’avortement par la Cour suprême en juin 2022, Trump savourait ce qu’il considérait comme une victoire personnelle, malgré l’impact négatif sur les élections de mi-mandat, où les candidats qu’il avait soutenus peinaient à se faire élire. Pourtant, malgré des résultats décevants pour son parti, il a annoncé sa candidature pour 2024, une décision motivée par une volonté de revanche contre Joe Biden.
Une campagne singulière, marquée par la résilience
Bien que sans stratégie véritablement définie, la campagne Trump a été centrée sur un unique protagoniste : lui-même. En juillet, il a survécu à une tentative d’assassinat en Pennsylvanie, événement qui, loin de l’affaiblir, a renforcé l’image de sa « résistance » face à l’adversité. Sa campagne, bien qu’irrégulière, fut marquée par une présence médiatique incessante. Vêtu d’une chasuble fluo lors d’une visite surprise dans un camion poubelle, ou encore en tablier dans un McDonald’s, Trump s’est efforcé de captiver les électeurs en multipliant les apparitions insolites et symboliques.
Sous la direction de vétérans comme Susie Wiles et Chris LaCivita, son équipe a mis l’accent sur le vote anticipé, dans l’espoir de combler l’écart entre républicains et démocrates. Trump, fidèle à lui-même, a su imposer son style en se tenant toujours au centre de l’attention. Ses proches conseillers décrivent cette stratégie comme une « saturation des ondes », un moyen de désensibiliser le public américain à ses nombreuses controverses. À mesure que chaque scandale se succède, il devient simplement une nouvelle « normalité ».
Les réseaux alternatifs comme nouvelle arme médiatique
Trump a également étendu son influence au-delà des médias traditionnels, misant sur les podcasts, une source d’information de plus en plus populaire aux États-Unis. Son fils cadet, Barron, aurait d’ailleurs conseillé certaines figures influentes du domaine, permettant à la campagne de bénéficier d’audiences record.
La politique de Donald Trump reste une affaire de famille. Si sa fille Ivanka et Jared Kushner se sont mis en retrait, son fils aîné, Don Jr., ainsi que sa belle-fille Lara Trump, ont pris une place importante, consolidant le contrôle du clan Trump sur le Parti républicain.
Un discours diviseur et des promesses enflammées
Sur le plan rhétorique, Trump a joué la carte de la provocation, promettant des solutions rapides et sans compromis : résoudre la guerre en Ukraine en un jour, diviser le prix de l’énergie par deux, supprimer l’inflation. À travers un langage simpliste et parfois brutal, il renforce sa connexion avec la base de ses partisans, les « MAGA » (Make America Great Again), qui voient en lui un symbole d’authenticité.
Sa stratégie repose désormais sur une polarisation intense. Il oppose les « vrais patriotes », attachés aux valeurs traditionnelles, à la « gauche radicale » et à « l’ennemi de l’intérieur », expression reprise durant sa campagne pour désigner ses opposants.
Une résilience face aux enquêtes judiciaires
Malgré de nombreuses enquêtes judiciaires et plusieurs inculpations, Trump a su retourner la situation en sa faveur. Confronté à des accusations graves, il a maintenu une posture de défiance, dénonçant une « conspiration politico-judiciaire » contre lui. Ce dysfonctionnement apparent de l’État de droit lui a permis de maintenir son éligibilité jusqu’au jour de l’élection, détournant les accusations pour renforcer son image auprès de ses partisans.
Vers une ère d’incertitudes
Désormais, avec son retour à la Maison-Blanche, l’Amérique se prépare à entrer dans une période d’incertitude. Trump a promis de « gouverner avec autorité », promettant de nouvelles réformes audacieuses dès le début de son mandat. La question reste ouverte sur l’impact de ce retour, mais une chose est certaine : Donald Trump n’a pas fini de marquer l’histoire américaine.