Le verdict est tombé au cœur de la nuit, après une longue attente marquée par l’incertitude. Donald Trump a remporté un second mandat de quatre ans à la présidence des États-Unis, face à Kamala Harris, sa rivale démocrate. Les premières heures du comptage des voix avaient laissé place à l’espoir chez les partisans de la vice-présidente, mais au fur et à mesure que les résultats se précisaient, la déception a rapidement fait place à l’inquiétude, et finalement à un sentiment d’amertume. Pour beaucoup, le retour du controversé homme d’affaires à la Maison Blanche semblait inenvisageable. Non seulement pour les démocrates, mais aussi pour une large partie des électeurs dits « modérés », qui avaient espéré que l’Amérique tournerait la page de Trump après sa première présidence.
L’ancien président, avec son discours acéré et son attitude provocante, n’a jamais cessé de susciter des réactions passionnées. Pour certains, son style est perçue comme un vent de fraîcheur, une manière de « casser le système ». Pour d’autres, c’est un retour à un climat de tensions incessantes, de divisions et de polarisations.
À Washington DC, où les démocrates avaient dominé sans surprise, la matinée suivant l’annonce des résultats ressemblait à un réveil déplaisant. Il y avait comme un malaise. «Comment est-ce possible ? » s’interrogeait un homme d’une cinquantaine d’années, qui ne comprenait toujours pas pourquoi les Américains avaient reconduit un président dont le précédent mandat avait été marqué par des scandales, des décisions polémiques et une gestion critiquée de la pandémie de COVID-19.
Pourtant, au fil des discussions, il devient évident que beaucoup d’électeurs n’ont pas voté uniquement pour Trump, mais contre le « système » représenté par les démocrates et leur gestion jugée décevante de l’économie et de certains dossiers internationaux.
Dans les quartiers républicains, la victoire est célébrée avec un enthousiasme palpable. « Enfin, nous avons un président qui comprend les vrais problèmes des Américains », déclare un homme dans une station-service, vêtue d’une casquette « Make America Great Again ». Pour Treasure, réceptionniste dans un grand hôtel de Washington, l’explication est simple : « Trump sait gérer l’Amérique comme une grande entreprise. Il vient des affaires, c’est ce qu’il fait de mieux ». Elle décrit un dirigeant qui, selon elle, a la capacité de redresser le pays comme il a su redresser ses entreprises.
Les partisans de Trump sont clairs : ce n’est pas tant sa personnalité qui les séduit, mais ses politiques économiques et son image d’homme d’action. Pour Jason, un jeune cadre dans le secteur financier, le retour de Trump pourrait avoir des conséquences. « Il va se venger de ses détracteurs à tous les niveaux des institutions américaines. Attendez-vous à un grand chamboulement », affirme-t-il, un sourire en coin.
Les Grandes interrogations de la nouvelle présidence
Le retour de Trump à la Maison Blanche suscite déjà une série de questions. Le thème de l’immigration, en particulier, s’impose comme l’une des préoccupations majeures. Lors de son premier mandat, Trump a durci les règles d’immigration, incitant de vives protestations au sein des communautés migrantes et de nombreux États. De nouveau la crainte d’un durcissement encore plus marqué de ses politiques migratoires notamment dans les zones à forte population immigrée. Les souvenirs du « mur » à la frontière mexicaine est encore vifs dans les esprits. Sur le plan économique, les électeurs semblent avoir trouvé en Trump un rempart face à la gestion jugée défaillante de l’administration Biden. Pour beaucoup, l’économie de Trump, avec ses baisses d’impôts et ses promesses de relance par les entreprises, reste plus favorable que celle de son successeur. De nombreux Américains ont estimé que l’ère Biden avait été particulièrement difficile pour leur pouvoir d’achat.
Les questions internationales, et en particulier la guerre en Ukraine, risquent également d’être des enjeux centraux de ce nouveau mandat. Si Trump a souvent été perçu comme un proche de Vladimir Poutine, certains observateurs estiment qu’il pourrait œuvrer à une résolution plus rapide du conflit. La question de Ghaza, également, se profile déjà comme un dossier épineux. L’attentisme du monde entier face aux massacre que subissent les palestiniens pourrait forcer Trump à prendre des décisions rapides. Sera-t-il un acteur de l’apaisement ou un catalyseur de la violence ? Certains analystes craignent qu’il encourage Israël à adopter une posture encore plus agressive, notamment en intensifiant les agressions contre l’Iran.
Donald Trump ne prendra officiellement ses fonctions qu’en janvier prochain, mais déjà, le monde se prépare à un retour en force de ce président clivant.