Roman « Houris » : Kamel Daoud accusé d’avoir raconté l’histoire d’une survivante du terrorisme sans son accord

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Kamel Daoud accusé d'avoir raconté l'histoire d'une survivante du terrorisme sans son accord
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L’écrivain français d’origine algérienne Kamel Daoud est ouvertement accusé d’avoir repris l’histoire dramatique d’une survivante de la décennie noire pour écrire son roman « Houris », paru à Paris, et primé du Goncourt.
« Je peux au moins te révéler mon prénom. Je le porte comme une enseigne lumineuse dans la plus noire des nuits. Je m’appelle Aube. Fajr dans la langue extérieure, Aube dans la langue intérieure », écrit Kamel Daoud. Aube, une jeune fille qui a survécu à une tentative d’égorgement dans un village durant la décennie noire, existe réellement. Elle s’appelle Saada Arbane et vit à Oran avec son époux Omar. Dans un village entre Tiaret et Djelfa, la maison des Arbane a été attaquée par un groupe terroriste au milieu des années 1990 alors que Saada n’avait que six ans. Toute la famille a été tuée et la petite fille, égorgée, a miraculeusement survécu. Après avoir lu le contenu du roman, Saada Arabane découvre que son histoire est racontée au détail près dans le roman célébré en France de Kamel Daoud.
« Mon intimité a été dévoilée. Il y a beaucoup de détails de ma propre vie qui sont dans le roman. La cicatrice dans mon cou, la canule, les tatouages, le lycée Lotfi, où j’ai étudié, l’avortement, parce que j’ai avorté, le conflit avec ma mère adoptive, le salon de coiffure, l’opération que je devais subir en France, la pension que je reçois en tant que victime…Tout cela, c’est moi et c’est écrit dans le roman. Quand j’ai lu le livre, je n’ai pas dormi pendant trois jours », confie Saada Arbane dans une interview accordée au journaliste Younes Sabeur Chérif, à la chaîne One TV, et diffusée le vendredi 15 novembre 2024.
« Il est honteux de divulguer le secret médical »
Saada Arbane, qui a perdu en grande partie la voix à cause de la blessure, précise qu’elle était la patiente de la psychiatre Aicha Daoud, épouse de l’écrivain. « Elle me suivait depuis 2015. Ce qui est dans le livre, c’est ce que j’ai confié à la psychiatre. Je ne l’ai dit à personne d’autres. Je lui ai parlé sans filtre, sans tabous. J’ai tout dit. Pour moi, c’est une psychiatre, il y avait un secret médical. C’était en tête-à-tête dans son cabinet. Il est honteux de divilguer le secret médical. C’est mon intimité, c’est mon histoire. Je veux que ça reste mon histoire. En 2020, l’épouse Kamel Daoud m’a invitée chez elle à la résidence Hasnaoui à Oran pour prendre un café. C’est là où Kamel Daoud m’a demandé de faire un livre à partir de mon histoire. J’ai refusé. Je ne veux pas que mon histoire soit dévoilée. Ce que Kamel Daoud a écrit, ce n’est pas de l’imagination, c’est l’exploitation de mon histoire sans mon autorisation. Et, c’est une divulgation d’un secret médical », a accusé Saada Arbane.
Et d’ajouter : « Au début, j’étais contactée par des journalistes pour raconter mon histoire. J’ai refusé autant que ma mère adoptive. Quand j’ai commencé à consulter chez la psychiatre, elle n’était pas encore l’épouse de Kamel Daoud. Elle m’a dit plus tard qu’il est entrain d’écrire un livre. Je lui ai rappelé que je ne voulais pas que mon histoire soit étalée. Elle m’a dit qu’il ne parlait pas de moi. « Pas du tout, je suis là pour te protéger », m’a-t-il dit.
Devant la caméra, Saada Arabe exhibe le dossier médical, les ordonnances, les photos et les captures d’écran des échanges via Whastapp et Mensenger.
Après la sortie du livre en France, en août 2024, Aicha Daoud est venue chez Saada Arbane me remettre un exemplaire du roman avec une dédicace. « Notre pays a été souvent sauvé par des femmes courageuses. Tu en fais partie. Avec mon admiration », était la dédicace de Kamel Daoud, montrée à l’image.
« L’épouse de Kamel Daoud m’a dit qu’ils vont faire un film à partir du livre et qu’ils allaient me contacter pour le scénario du film. Et, elle a ajouté : « tu pourras t’acheter ce que tu veux, un appartement en Espagne ». Mon époux Omar porte également la nationalité espagnole. Elle voulait m’acheter », a confié Saada Arbane.
« Kamel Daoud a sali ma réputation »
L’affaire rassemble donc tous les éléments d’un véritable scandale. « Kamel Daoud a sali ma réputation. Je compte aller jusqu’au bout. Il a choisi mon histoire, c’est une question d’argent. Il voulait avoir le Jackpot. Je suis la seule en Algérie à avoir subi et survécu. Il a attendu l’opportunité que je perde mes deux parents adoptif pour faire ça », a déclaré Saada Arbane. Elle est assistée de deux avocates dont Fatima Benbraham pour engager des poursuites pénales contre le romancier, son épouse et l’éditeur en Algérie et en France.
L’éditeur Antoine Gallimard a réagi, lundi 18 novembre, trois jours après l’éclatement de l’affaire, dans un communiqué repris par l’agence AFP.
« Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels. Après l’interdiction du livre et de notre maison d’édition au Salon du livre d’Alger, c’est au tour de son épouse (psychiatre de profession, ndlr), qui n’a aucunement sourcé l’écriture de Houris, d’être atteinte dans son intégrité professionnelle », a-t-il écrit.
L’éditeur français s’est cru obligé d’ajouter : « Depuis la publication de son roman, Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature ».
Kamel Daoud et son épouse gardent toujours le silence malgré la gravité des accusations portées contre eux.
Selon des sources informées, le roman de Kamel Daoud devait porter à l’origine le titre « Joie » (traduction du prénon de Saâda) et est grandement inspiré de l’histoire de la rescapée des massacres des années 1990.
Dans ses interviews, Kamel Daoud a laissé entendre que l’histoire de son roman était imaginaire et qu’il serait « interdit » d’écrire sur la décennie noire en Algérie. Ces vingt dernières années, des dizaines de romans ont été publiés en Algérie ayant pour trame cette période tragique de l’Histoire contemporaine du pays. Il n’y a qu’à citer les romans de Maissa Bey, d’Adlène Meddi, de Bachir Mefti, de Habib Sayah, de Mohamed Sari, de Yasmina Khadra, d’Amina Damerdji, de Wahiba Khiari, de Hmida Layachi et d’autres encore. Donc, Kamel Daoud n’est pas le premier à écrire sur la décennie noire comme cela a été écrit dans les médias français pour faire « la promotion » a son roman.

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