Une soirée dédiée au malouf : entre tradition algérienne, éclat tripolitain et brassage international

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Une soirée dédiée au malouf : entre tradition annabi et constantinoise et éclat tripolitain
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La deuxième soirée du 12ᵉ Festival culturel international du Malouf se poursuit à Constantine. La deuxième soirée baptisée « Rana Jinakoum », a transporté le public constantinois dans un univers musical empreint d’histoire et de raffinement, grâce aux prestations de Salim Reffas et Cherif Benrachi, du chanteur libyen Lotfi El Aref, sans oublier la contribution exceptionnelle de la troupe algéro-russo-syrienne Tarab.

Salim Reffas : entre passion et préservation du patrimoine

Originaire d’Annaba, Salim Reffas a marqué cette soirée avec une nouba Sika, agrémentée de zajal intitulés « Al Azjal al Aticha min Al Dourar Al Maknouna ». Fidèle à sa réputation, il a su transmettre toute la richesse et la profondeur de la musique savante andalouse, captivant un public conquis par l’élégance et la subtilité de son interprétation.

Issu d’une famille baignée dans l’art, Reffas a hérité de l’amour de la musique de son père. Depuis ses débuts, Salim Reffas s’est engagé à préserver les traditions du malouf, notamment les 12 noubas restantes des 24 noubas andalouses originales, dont la moitié a été perdue. Avec humilité, il affirme n’avoir exploré qu’une infime partie de ce patrimoine inestimable, qu’il compare à une goutte dans un océan culturel.

Lotfi El Aref : l’éclat du malouf libyen à Constantine

La prestation de Lotfi El Aref a également marqué cette soirée dédiée à la musique andalouse, dans le cadre de la série « Rana Jinakoum ». Interprétant deux de ses morceaux emblématiques, « Ya Baligh Al Hosn » et « Safer Mazal », l’artiste libyen a ravi le public constantinois.

Né dans la vieille ville de Tripoli, Lotfi El Aref a grandi au son des mouachahates orientales et du malouf. Disciple du maître libyen Kadhem Nadim, il s’est démarqué dès son jeune âge par son talent exceptionnel, cultivé sous la tutelle d’Amer Al-Hajjaji, chanteur et figure emblématique de la musique libyenne.

Lotfi El Aref a expliqué au public que « Ya Maliha Al Hosn » n’avait jamais été chanté en solo auparavant, faisant de cette performance une première mémorable. Reconnu pour sa capacité à relier les générations à travers sa musique, il a exprimé sa joie d’être à Constantine, la capitale du malouf, pour partager cette tradition avec des mélomanes avertis.

Benrachi et Tarab Roussia subjugue le public

Mené par le joueur de Qanun algérien Belkacem Benalioua, l’ensemble Tarab Roussia, composé de musiciens russes et de la chanteuse syrienne Bouchra Mahfoud, la troupe a mixé savamment l’andalou algérien, aux chants baroques russes et aux mouwachahates arabes.

Natif de Mostaganem, Belkacem Benallioua poursuit ses études en Russie, après avoir obtenu un diplome à l’Institut national supérieur de musique d’Alger (INSM). Il crée la troupe Tarab comme pour dresser un pont entre plusieurs traditions musicales et mélodiques méditerrannéenne, slaves, arabes et andalouses. Bouchra Mahfoud a interprété plusieurs mouwachat du patrimoine classique oriental comme « Lama bada », « Ya bahi el djamal », ou encore, « Kadouka al mayass ». Belkacem Benallioua a, pour sa part, chanté « Belah ya hamami », « Sili houmoumek fi dha al achia ».

La troupe a également interprété des chants baroques russes. Le commissaire du festival Illyes Benbakir a soutenu que la présence de l’ensemble Tarab répond à un désir d’ouvrir la porte aux projets musicaux prometteurs dressant des passerelles entre les peuples. « Le résulat est que nous avons assisté à une très belle prestation avec une parfaite maîtrise du chant et du jeu musical », a-t-il dit.

Cette soirée, où s’est également produit le chanteur algérien Cherif Benrachi qui a rehaussé le spectacle en puisant dans les noubas du malouf régalant l’ouïe fine des puristes et des connaisseurs de cet art, nombreux à la salle Ahmed Bey.
Une soirée mémorable qui, entre tradition algérienne et échos libyens et brassage des cultures arabes et slaves, a rappelé la richesse d’un patrimoine commun, ancré dans l’histoire et vivant grâce à ses interprètes.

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