Le président français Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ont attaqué l’Algérie en des termes peu conciliants. Les deux ont évoqué le cas de l’écrivain algérien Boualem Sansal, poursuivi en Algérie pour « atteinte à l’intégrité territoriale du pays et à l’unité nationale ».
Ce lundi 6 janvier 2025, lors d’un discours à la conférence annuelle des ambassadeurs de France à l’Elysée, à Paris, Emmanuel Macron a affirmé avoir « une pensée particulière » pour « un combattant pour la liberté ».
« C’est l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Il est détenu d’une manière totalement arbitraire par les responsables algériens. L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal».
Détenu à la prison de Koléa, depuis la mi-novembre 2024, Boualem Sansal est poursuivi sur la base de l’article 87 bis du Code pénal par le tribunal de Dar El Beida à Alger. Plusieurs chefs d’inculpation ont été retenus contre lui dont « atteinte à l’unité nationale », « atteinte à l’intégrité territoriale du pays » et « complot contre la sûreté de l’Etat ».
Déclarations controversées
Le romancier, qui a obtenu la nationalité française depuis moins d’une année, est poursuivi pour ses déclarations controversées faites en octobre 2024 à Frontières, un média français d’extrême-droite, sur une supposée appartenance d’une partie de l’ouest algérien au Maroc avant la colonisation française. Il avait même qualifié l’Algérie, sans la citer, de « petits trucs faciles à coloniser », contrairement au Maroc qui serait « un grand Etat ». Des propos qualifiés d’historiquement faux et qui ont provoqué la colère et l’indignation en Algérie.
« La France de Macron n’est pas à une contradiction prés. Le même Macron qui parle de « crimes contre l’Humanité » en Algérie concernant la colonisation française (en 2017), qui admet la reconnaissance historique d’assassinat d’Etat dans le cas de Ali Boumendjel, de Maurice Audin ou de Larbi Ben M’hidi, poussant la contrition jusqu’à envoyer son ambassadeur avec une gerbe de fleurs sur la tombe de notre martyr, prend la défense d’un négationniste, qui remet en cause l’existence, l’indépendance, l’Histoire, la souveraineté et les frontières de l’Algérie ! », a réagi l’agence officielle APS, dans un commentaire, vendredi 22 novembre 2024.
L’APS a précisé que Boualem Sansal est défendu en France par « tout le bottin anti-algérien et accessoirement prosioniste de Paris ». Elle a cité Eric Zemmour, Mohamed Sifaoui, Marine Le Pen, Xavier Driencourt, Valérie Pécresse, Jack Lang, Nicolas Dupont Aignan et Tahar Benjelloun. Le président Abdelmadjid Tebboune a, lors d’un discours à la nation devant les deux chambres du Parlement, le dimanche 29 décembre, critiqué, sans le nommer, Boualem Sansal. Dans le même discours, le chef de l’Etat a demandé à la France de reconnaitre ses crimes coloniaux en Algérie et de nettoyer les lieux où plus de dix sept explosions nucléaires ont été exécutées, durant les années 1960, dans le Sahara algérien. Tebboune a parlé de plusieurs massacres et boucheries commises en Algérie durant la colonisation françaises.
« Feuille de route »
Invité, dimanche 5 janvier 2025, de l’émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6, qui regroupe principalement des médias de la droite, Jean-Noël Barrot n’a pas répondu à ses demandes, plusieurs fois rappelées par l’Algérie, mais a préféré se lâcher en évoquant des « doutes » qu’aurait Paris sur « les intentions » d’Alger d’appliquer ce qu’il a appelé « une feuille de route » qui aurait été établie en 2022.
En août 2022, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie pour « une visite officielle et d’amitié », la deuxième après celle du 6 décembre 2017. Ce deuxième déplacement a, selon l’Elysée, permis de « renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et a poursuivi le travail d’apaisement des mémoires ».
Cette visite a été clôturée par la signature, le 27 août, de la « Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie ». C’est à ce document que Jean-Noël Barrot fait, semble-t-il, référence en parlant « d’une feuille de route rédigée en 2022 ».
«Nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie. Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux », a-t-il dit.
Jean-Noël Barrot s’est aussi déclaré, «comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée». «Je suis préoccupé par son état de santé et la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables», a tranché le chef de la diplomatie française sans aucune nuance.
« L’idée du plan d’autonomie au Sahara occidental est née à Paris »
Il a évoqué des initiatives diplomatiques qui pourraient être prises. « Des initiatives que nous prenons à tous les niveaux depuis qu’il a été inquiété pour obtenir sa libération », a-t-il dit sans autre précisions. Détenteur d’un passeport algérien et de nationalité algérienne, Boualem Sansal, incarcéré en Algérie, ne peut pas bénéficier de protection consulaire française. «Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie mais ce n’est pas le cas aujourd’hui», soutenu Jean-Noël Barrot.
L’Algérie a baissé, depuis juillet 2024, le niveau de représentation diplomatique en France en retirant son ambassadeur à Paris. Une décision prise après le soutien apporté par Emmanuel Macron au plan marocain d’autonomie au Sahara Occidental.
« Nous savons que l’idée du plan d’autonomie au Sahara occidental est née à Paris. Elle n’est née ni à Rabat ni à Marrakech. C’est une idée défendue depuis Jacques Chirac (président de la France entre 1995 et 2007). Ce plan signifie qu’on laisse le choix aux gens entre l’amer et le plus amer. Nous respectons la légalité internationale. Depuis son indépendance jusqu’à ce jour, l’Algérie ne s’est jamais éloignée de la légalité internationale et n’a jamais agressé d’autres peuples. Nous respectons le droit international », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, dans le même discours devant les deux chambres du Parlement.
Alger considère le dossier du Sahara Occidental comme une question de décolonisation conformément au droit international.
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