Affaire des des « influenceurs » algériens: la classe politique française accuse Bruno Retailleau de faire dans « la provocation » et « le buzz »

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Affaire des des "influenceurs" algériens: la classe politique française accuse Bruno Retailleau de faire dans "la provocation" et "le buzz"
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La classe politique française a réagi, ce dimanche 12 janvier 2025, aux propos anti algériens de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après l’affaire de l’expulsion ratée du tiktokeur algérien Boualem Naman vers l’Algérie.


« Bruno Retailleau est dans la provocation. Ce qu’il fait est contraire à l’Etat de droit, expulser des gens dont le procès est prévu en février, sans attendre l’audience, c’est le symbole de l’extrême-droite au pouvoir. Les relations entre Etats ont des règles aussi. Quand vous voulez renvoyer un ressortissant dans son pays, cela se fait avec le pays d’origine. Les gens ne sont pas des colis La Redoute. Il y a aussi des règles de droit dans les procès, dans le renvoi des personnes », a déclaré Marine Tondelier, secrétaire national des écologistes, dans l’émission Le Grand Jury RTL, Public Sénat et M6.
Elle réagissait à l’affaire de l’expulsion manu militari, jeudi 9 janvier 2025, du tiktokeur algérien Boualem Naman, par arrêté ministériel. Plus connu par le pseudonyme de Doualemn, Boualem Naman, qui n’est pas emprisonné, doit comparaître devant le tribunal de Montpellier pour avoir tenu des propos qualifiés violents sur Tiktok. Les services de Bruno Retailleau n’ont pas attendu le procès et ont décidé de l’expulser vers Alger. L’homme a été refoulé à son arrivée à l’aéroport Houari Boumediène
« La partie française n’a cru devoir informer la partie algérienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause. La partie française n’a pas donné suite à la demande de la partie algérienne d’exercer sa protection consulaire au profit du ressortissant concerné à travers le droit de visite », a réagi, samedi 11 janvier 2025, le ministère algérien des Affaires Etrangère (MAE).
Alger accuse Paris d’avoir « pertinemment violé les dispositions de la Convention consulaire algéro-française du 25 mai 1974 ».


« Bruno Retailleau devrait prendre le temps de la réflexion »


« Je vais dire ma stupéfaction. Je pense qu’on a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant. L’Algérie cherche à humilier la France », a déclaré le ministère de l’Intérieur français.
« L’Algérie n’est, d’aucune façon, engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation », a répliqué le MAE
« Bruno Retailleau devrait prendre le temps de la réflexion. Je crains qu’il n’ait cherché dans cette affaire à faire le buzz. La procédure aurait dû commencé par le passage devant la justice et, ensuite, s’assurer que le pays de retour, l’Algérie, soit bien en mesure d’accepter le OQTF (Obligation de quitter le territoire français), parce qu’il connait parfaitement tout cela. Il s ait très bien que renvoyer quelqu’un dans un avion sans avoir l’assurance qu’à l’arrivée, il serait effectivement repris par les autorités algériennes, c’est prendre le risque d’un aller-retour et de passer pour un bonnet », a déclaré, pour sa part, Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste (PS), dans l’émission BFM Politique.
Il a accusé le ministre de l’Intérieur, connu par ses idées d’extrême-droite, de faire dans la surenchère et d’engager « une guerre des mots » avec l’Algérie. « Une guerre dont nous n’avons pas besoin », a souligne le patron du PS.
Catherine Tricot, directrice de la revue Regards (regards.fr), a souligné, de son côté, que le ministre de l’Intérieur français connait parfaitement la question des OQTF. « Donc, là, je ne sais pas à quoi, il a joué. La question des OQTF est compliquée. On n’expédie pas les gens sans avoir un accord du pays de destination. Quand on expédie quelqu’un, il faut qu’à l’arrivée, les portes soient ouvertes. En février prochain, la personne (Boualem Naman) devait être entendu par la justice. Le préfet de l’Hérault a décidé de l’expulser. Il a été dit que c’est l’Algérie qui fait dans la provocation, là, je pense, que la provocation vient du préfet et de Bruno Retailleau », a-t-elle soutenu dans une émission de télévision.


« Évitons l’arrogance par oubli de l’Histoire »


Elle a rappelé que près un quart des français ont un lien avec l’Algérie (pieds noirs, franco-algériens, des français ayant vécu en Algérie).
« La France recule énormément en Algérie. Nous sommes loin derrière les Etats Unis, l’Italie et la Chine dans les échanges commerciaux. La France ferait bien de se calmer un peu et de considérer ses relations avec le monde. Je ne sais pas pour qui, on se prend. Il faut considérer avec un peu plus d’attention et de respect, le reste du monde, et arrêter de s’imaginer que nous pouvons y aller en montrant nos biceps et en tapant du poing sur la table. Nous dégradons pas notre relation qu’avec l’Algérie mais avec de très nombreux pays africains. Ce qui est entrain de se passer est désastreux », a-t-elle alerté.
Ségolène Royal, ancienne candidate de gauche à l’élection présidentielle, a, de son côté, averti contre la stigmatisation de tout un pays à cause d’un seul cas (du tiktokeur). Elle est revenue sur le passé colonial de la France en Algérie. « Évitons l’arrogance par oubli de l’Histoire. Construisons par le respect. Et c’est une fille d’officier qui a fait la guerre d’Algérie qui vous le dit, et qui a transmis le respect du courage des algériens, et l’absurdité des ordres sanglants venus des politiques planqués à Paris », a-t-elle déclaré à BFMTV.
Elle a rappelé l’existence d’une histoire commune douloureuse avec l’Algérie.
« On a une dette moral à l’égard de l’Algérie parce que la colonisation est un ensauvagement comme disait Aimé Césaire. La décolonisation en Algérie a été atroce. On évoquait récemment les actes de tortures commis par Jean Marie Le Pen (qui était parachutiste à Alger en 1957). Et donc, il ne faut pas oublier les dégâts que nous avons commis sur ce territoire que nous avons colonisé parce qu’il y avait des ressources. La France s’est enrichie, les entreprises se sont enrichies sur le dos de l’Algérie. Il faut revenir à des relations diplomatiques respectueuses des uns des autres, respectueuse de cette Histoire. Il y a des ouvriers (algériens) qui ont fait tourné nos usines », a-t-elle soutenu.

« Je trouve extrêmement choquant que M. Retailleau va allumer un incendie chaque semaine, après celui des femmes voilées qui accompagnent les enfants au sortir des écoles. Pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas qu’on parle des vrais sujets », a appuyé Marine Tondelier.
Elle a cité les sujets liés à la migration, de l’environnement, du massacre des palestiniens par l’armée israélienne à Ghaza et en Cisjordanie.

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