Tebboune : « nous avons pris la résolution de ne plus envoyer nos malades en France »

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Tebboune : "nous avons pris la résolution de ne plus envoyer nos malades en France"
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Le président Abdelmadjid Tebboune est revenu, dans une interview accordée au journal français L’Opinion, parue ce lundi 3 février 2025, sur des questions relatives à la relation actuelle avec la France.


Il a apporté des précisions sur ce que les médias parisiens appellent « les factures non payées dans les hôpitaux français ».
« Cela fait trois ans que l’on attend une réunion avec les hôpitaux de Paris pour lever ce contentieux qu’on estime à 2,5 millions d’euros, bien loin des chiffres avancés dans la presse française. D’ailleurs, nous avons pris la résolution de ne plus envoyer nos malades en France. Ils vont dans d’autres pays européens, comme l’Italie, la Belgique ou encore la Turquie. C’est le résultat de toutes ces tracasseries que nous subissons. L’Algérie a toujours payé ses dettes, mais nous ne sommes pas prêts à honorer n’importe quelle facture. Il faut que l’accueil et la prise en charge soient justifiés », a répondu le chef de l’Etat.
A une question sur les « financements algériens de la Grande Mosquée de Paris », Tebboune a indiqué que l’Etat algérien n’a pas voulu laisser des associations douteuses faire de l’entrisme à la Grande mosquée et a toujours pris en charge son entretien.
« Lorsque j’étais ministre de la Communication et de la Culture, j’ai instauré ces aides. Elles servent notamment à rénover les bâtiments. La France officielle n’a jamais fait d’objection et se rend régulièrement aux invitations du recteur. La Grande mosquée n’est pas une officine. Le recteur actuel, Chems-Eddine Hafiz, a été choisi de manière concertée avec son prédécesseur, Dalil Boubakeur, et l’Etat français. Je l’ai reçu après sa nomination. L’ex-ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était étonné de cette nomination à l’époque. Il trouvait cela incongru, pensant que le nouveau recteur était anti algérien car il était binational. Le climat actuel est malsain. Peut-être d’autres pays arabes sont en train de jouer avec le feu en voulant affaiblir le recteur actuel avec la complicité de Bruno Retailleau qui veut lancer des enquêtes sur ses biens, pour le remplacer à terme. », a-t-il souligné.


« Nous ne reculerons jamais face aux terroristes… »


Tebboune a apporté également des précisions sur la décision de charger la Grande Mosquée de Paris de la certification des produits halal destinés à l’Algérie. « D’autres se prévalaient de certifier les produits halal, sans le faire, pour les exporter sur notre territoire. On a demandé au recteur, qui est un honnête homme, d’assurer la prise en charge de cette certification par son institution », a-t-il dit.
Le journaliste a posé une question sur la volonté attribuée ministre des Armées français, Sébastien Lecornu, de renouer « le dialogue autour des questions de sécurité au Sahel et de lutte contre le terrorisme au Proche-Orient avec la perspective du retour des jihadistes franco-algériens de Syrie… ».
« Nous ne reculerons jamais face aux terroristes, qu’ils viennent de Syrie ou d’ailleurs. Mais il appartient à la France de traiter les cas des jihadistes qui se sont radicalisés sur son territoire et sont partis faire le jihad au Levant. Nous, nous nous occupons des combattants qui se sont radicalisés en Algérie. D’ailleurs, nous nous étions mis d’accord à une époque sur cette répartition avec le ministère français de l’Intérieur tout en coopérant étroitement en matière de renseignement », a répondu Tebboune.
Il est revenu sur la brève visite de Nicolas Lerner, patron de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure), à Alger le 13 janvier 2025. Le journaliste voulait savoir si cette visite était liée, entre autres, à l’affaire Aïssaoui Mohamed Amine alias « Abou Rayan », un ex-jihadiste algérien en Syrie.
Dans un documentaire diffusé par la télévision algérienne, Aïssaoui Mohamed Amine a confié que la DGSE voulait le recruter pour créer une cellule terroriste en Algérie et au Niger. Tebboune a indiqué que le patron de la DGSE a demandé à être reçu.


« Il n’y a donc plus de coopération avec la DGSI »


« Nous avons accepté car nous avions confiance en lui quand il dirigeait la DGSI (Ndlr : avant sa nomination à la DGSE). L’affaire « Abou Rayan » est un épiphénomène. Elle n’est pas de nature à faire l’objet d’un contentieux entre deux puissances, l’une européenne, l’autre africaine. « Abou Rayan » est un repenti qui nous a informés de la démarche de recrutement français et de ses rencontres à l’ambassade de France à Alger par un responsable de la DGSE. La presse a divulgué cette histoire à un moment où les relations sont à un point critique(…) la France a essayé de le recruter sur notre sol sans nous prévenir. Nous avons été vigilants comme la France l’est sur son territoire », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « La DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) est aujourd’hui sous la tutelle du ministre l’Intérieur. Tout ce qui est « Retailleau » est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays. Il n’y a donc plus de coopération, à l’inverse de la DGSE [Ndlr : sous la tutelle du ministère des Armées) qui a su garder ses distances ».

« Il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis »


Le chef de l’Etat est revenu aussi sur le dossier du nettoyage des sites des explosions nucléaires dans le sahara algériens effectuées par la France dans les années 1960. Il a estimé que la reprise de la coopération sur ce dossier est indispensable.
« Le dossier de la décontamination des sites d’essais nucléaires est obligatoire sur les plans humain, moral, politique et militaire. Nous pouvions le faire avec les Américains, les Russes, les Indonésiens, les Chinois. Nous estimons que l’Algérie doit le faire avec la France qui doit nous dire avec précision les périmètres où ces essais ont été réalisés et où les matériaux sont enterrés. Il y a aussi la question des armes chimiques utilisées à Oued Namous. J’ai commencé ma carrière de fonctionnaire à Béchar, à l’ouest du pays, au tout début des années 1970. Pratiquement toutes les semaines, nous avions des plaintes d’éleveurs relatives à la mort de leurs bêtes. Il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis et régler définitivement ces contentieux », a précisé le chef de l’Etat.

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