Macron recadre Bayrou et Retailleau : pas de rupture avec l’Algérie, priorité à la sécurité et au dialogue

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Macron recadre Bayrou et Retailleau : pas de rupture avec l’Algérie, priorité à la sécurité et au dialogue
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Dans une sortie remarquée au journal français Le Figaro, le président français Emmanuel Macron a recadré son Premier ministre François Bayrou et son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui poussaient pour une ligne dure contre l’Algérie. Alors que ces derniers menaçaient de dénoncer l’accord de 1968 après l’attentat de Mulhouse, Macron a tenu à préserver le dialogue avec Alger, réaffirmant son autorité sur ce dossier brûlant. Une position qui, vue d’Algérie, met en lumière les tiraillements de Paris entre fermeté sécuritaire et nécessité de coopération, sur fond d’histoire coloniale et de pressions internes.

Bayrou et Retailleau recadrés : Macron garde la main

Tout part de l’attentat commis à Mulhouse par un Algérien sous OQTF (obligation de quitter le territoire français), dont l’expulsion a été bloquée par Alger. Bayrou, dans Le Figaro, avait donné quatre à six semaines à l’Algérie pour coopérer davantage sur les retours de clandestins, brandissant la menace de rompre l’accord de 1968, qui garantit des facilités de circulation aux Algériens en France. Retailleau, lui, avait appelé dimanche à un « rapport de force », critiquant les efforts passés de Macron pour apaiser les relations avec Alger : « La France a tendu la main sans résultat. Il faut dire stop ! »

Mais Macron a coupé court à cette escalade. Depuis le Portugal vendredi, puis dans l’avion présidentiel dimanche, il a rappelé au Figaro que l’accord de 1968 relève de sa compétence exclusive. « Chacun est dans ses responsabilités. Je suis favorable à le renégocier, pas à le dénoncer », a-t-il tranché, évoquant une modernisation convenue avec le président Abdelmadjid Tebboune en 2022. Un recadrage clair de Bayrou et Retailleau, qui semblaient prêts à sacrifier des décennies de liens pour des gains politiques internes en perspective de la Présidentielle française de 2027.

Sécurité française vs coopération algéro-française

Macron n’élude pas « la question sécuritaire », un point sensible pour le restant de son mandat. « La sécurité des Français est au-dessus de tout », assure-t-il, qualifiant l’attentat de « dysfonctionnement » et exigeant que les Algériens sous OQTF jugés dangereux soient repris. Il a même cité le cas de Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis novembre, appelant Alger à « prendre ses responsabilités ». Mais il refuse la rupture. « Il faut un dialogue exigeant et respectueux », plaide-t-il, convaincu qu’une coopération intelligente sert les deux pays. Une nuance qui contraste avec la fermeté de ses ministres et qui, pour Alger, pourrait être une porte ouverte à des discussions pragmatique.

Côté algérien, ce ton mesuré est scruté avec attention. L’accord de 1968, pilier des relations bilatérales, reste un acquis précieux pour les Algériens en France, et sa remise en cause serait vue comme une provocation. Un ministre français cité par Le Figaro note que Macron, influencé par le Quai d’Orsay et conscient de la forte diaspora algérienne en France, préfère éviter un clash. Avec 3000 laissez-passer consulaires délivrés par Alger en 2024, selon Beauvau, les chiffres ne sont pas négligeables, surtout comparés à ceux du Maroc ou de la Tunisie.

Une France divisée, une Algérie observatrice

Ce recadrage expose une fracture au sein de l’exécutif français. D’un côté, Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot misent sur la diplomatie ; de l’autre, Bayrou et Retailleau jouent la carte sécuritaire, en phase avec une opinion française marquée par les débats sur l’immigration. Le Rassemblement national, via Jordan Bardella, s’est empressé de railler cette cacophonie : « Macron met fin à la mascarade du gouvernement », a-t-il lancé sur RTL. En Algérie, l’agence APS dénonce un « double langage » de Paris, tandis qu’El Watan titre : « Macron désavoue Retailleau et se démarque de l’extrême droite ».

Pour Alger, cette division française n’est pas anodine. Elle intervient après le profond désaccord avec Paris en 2024, suite à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un camouflet qui a déjà crispé les relations. Aujourd’hui, l’Élysée craint une réaction de la diaspora algérienne en France, attisée par des influenceurs algériens. Une source française confie : « La communauté algérienne pourrait casser la baraque si on pousse trop loin. »

Alger au cœur d’un jeu français

En recadrant Bayrou et Retailleau, Macron cherche à éviter une crise avec l’Algérie, préférant la négociation à la confrontation. Une posture qui, vue d’ici, protège les intérêts algériens tout en révélant les fragilités d’un exécutif français sous pression. Mais ce choix, dicté par la « sécurité des Français » comme boussole, selon ses mots, reste une équation fragile. Entre les exigences sécuritaires de Paris et la souveraineté d’Alger, le dialogue prôné par Macron sera-t-il entendu, ou n’est-ce qu’un répit avant de nouvelles tensions ? L’Algérie, elle, observe, prête à défendre ses acquis face à une France tiraillée.

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2 Commentaires

  1. […] Dans des déclarations exclusives au journal français le Figaro, Emmanuel Macron a tenu à remettre les pendules à l’heure face aux velléités belliqueuses de son gouvernement envers l’Algérie. Alors que le Premier ministre François Bayrou et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau poussaient pour un durcissement des relations avec Alger, le chef de l’État a […] Read More […]

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