Lors d’un sommet organisé au Caire le mardi 4 mars 2025, les dirigeants arabes ont donné leur feu vert à un ambitieux plan égyptien de reconstruction de la bande de Ghaza. D’un coût estimé à 53 milliards de dollars, ce projet vise à rebâtir le territoire sans déplacer ses 2 millions d’habitants, en opposition directe au plan défendu par Donald Trump, qui proposait leur relocalisation en Égypte et en Jordanie pour transformer Ghaza en une destination touristique.
Un projet pour maintenir les Ghazaouis chez eux
Le plan égyptien, souvent appelé « plan arabe », prévoit une reconstruction complète de Ghaza d’ici 2030. La première étape consistera à retirer les 50 millions de tonnes de débris accumulés après des années de bombardements israéliens, tout en neutralisant les bombes non explosées. Ensuite, le projet ambitionne de réhabiliter les terres agricoles, de développer des zones industrielles et de créer de vastes espaces verts. Des logements durables, alimentés par des énergies renouvelables, verront également le jour, accompagnés d’un aéroport, d’un port de pêche et d’un port commercial – des idées initialement prévues dans les accords d’Oslo des années 1990, mais abandonnées depuis.
Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, hôte du sommet, a salué cette initiative comme une étape vers une paix durable. « La paix est notre choix stratégique », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, appelant à un règlement global du conflit israélo-palestinien qui garantisse la création d’un État palestinien. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a ajouté que le sommet avait demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’envoyer une force internationale de maintien de la paix à Ghaza et en Cisjordanie.
Réactions contrastées
Le Hamas, qui contrôle Ghaza, a accueilli favorablement le plan, y voyant une reconnaissance du refus arabe de tout transfert forcé des Palestiniens. En revanche, Israël s’y est fermement opposé. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a critiqué un projet qui, selon lui, qui « ignore les réalités du terrain », notamment l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas, non mentionnée dans le communiqué final du sommet. Israël continue de soutenir le « plan Trump », qui propose de reloger les Ghazaouis pour libérer le territoire.
De son côté, la Maison Blanche a salué les efforts arabes tout en réaffirmant une condition clé : le Hamas doit quitter le pouvoir à Ghaza. « Le président Trump reste attaché à sa vision pour Ghaza, mais il apprécie l’engagement de nos partenaires arabes », a indiqué Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Le plan arabe prévoit d’ailleurs que le Hamas cède la place à une administration intérimaire indépendante, avant un éventuel retour de l’Autorité palestinienne réformée.
Le « plan Trump » en toile de fond
Le mois dernier, Donald Trump avait surpris en suggérant de déplacer les 2 millions de Ghazaouis vers d’autres pays, avec l’idée de transformer Ghaza en une « Riviera » du Moyen-Orient sous contrôle américain. Soutenu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ce projet a été largement condamné par les Palestiniens, les pays arabes et les experts, qui le jugent contraire au droit international.
Avec l’approbation du plan égyptien, les dirigeants arabes posent ainsi les bases d’une alternative centrée sur la reconstruction et la stabilité, tout en rejetant les scénarios de déplacement forcé.
