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Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus, révisé par la Chine en raison de « doublons », approchait vendredi 1.400 morts, tandis que les Etats-Unis déploraient un « manque de transparence » de la part de Pékin.

Près de 64.000 cas de contamination ont désormais été enregistrés en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), selon des chiffres officiels, marquant une explosion ces deux derniers jours en raison d’une définition élargie des cas d’infection.

La Commission nationale chinoise de la santé, qui fait office de ministère, a fait état vendredi de 121 nouveaux décès dans le pays sur les dernières 24 heures, mais tout en retranchant du bilan national 108 morts préalablement recensés dans la province du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie.

Elle justifie cette révision par des « doublons dans les statistiques », constatés après « vérification ». Le bilan national a par conséquent été ramené à 1.380 morts.

Après avoir initialement félicité Pékin pour son « travail très professionnel » face à l’épidémie, la Maison Blanche a pris ostensiblement ses distances jeudi.

« Nous sommes un peu déçus du manque de transparence de la part des Chinois », s’est désolé devant la presse Larry Kudlow, le principal conseiller économique du président Donald Trump. « Est-ce que le bureau politique (l’instance dirigeante du Parti communiste, NDLR) est vraiment honnête avec nous? ».

Il a notamment regretté que Pékin ait décliné les propositions insistantes de Washington d’envoyer des experts américains en Chine: les autorités chinoises « ne nous laissent pas y aller », a insisté M. Kudlow.

Nouvelle définition

Ces critiques américaines interviennent alors que les autorités sanitaires du Hubei ont annoncé jeudi à la surprise générale un élargissement de leur définition des personnes atteintes de pneumonie virale Covid-19.

Jusqu’à présent, un test de dépistage à l’acide nucléique était indispensable pour déclarer un cas « confirmé ». Dorénavant, les patients « diagnostiqués cliniquement », notamment avec une simple radio pulmonaire, seront aussi comptabilisés.

Cette nouvelle méthode a automatiquement gonflé le nombre de morts et de personnes officiellement infectées, avec l’annonce jeudi d’une envolée de plus de 15.000 nouveaux cas de contamination, et vendredi plus de 5.000.

Ces chiffres dépeignent une situation plus grave que rapporté jusqu’à présent, mais « ne représente(nt) pas un changement significatif de la trajectoire de l’épidémie », a tempéré le chef du département des urgences sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan.

Avec cette nouvelle méthode, les autorités du Hubei soulignent surtout leur volonté de faire bénéficier au plus vite les patients d’un traitement — une solution qui a reçu l’approbation de l’OMS.

Pour autant, les chiffres annoncés jeudi tranchaient fortement avec ceux de la veille, lorsque la Chine avait fait état du plus faible nombre de nouvelles contaminations en près de deux semaines.

La ville de Wuhan, où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, et la province environnante du Hubei restent de facto coupées du monde depuis plus de trois semaines.

Limogés

Les deux chefs du Parti communiste chinois (PCC) pour le Hubei et Wuhan, fustigés par l’opinion publique pour leur gestion de la crise, ont été limogés jeudi.

Si la Chine concentre quelque 99% des cas, l’épidémie de Covid-19 maintient le monde en alerte, avec plus de 500 cas confirmés de contamination dans une vingtaine de pays.

Le Japon a annoncé jeudi soir le troisième décès imputé au virus hors de Chine continentale, celui d’une octogénaire, après deux cas mortels à Hong Kong et aux Philippines.

Au Vietnam, la commune de Son Loï (10.000 habitants) près de Hanoï a été placée en quarantaine pour 20 jours après la découverte de six cas du nouveau coronavirus. C’est la première mesure de ce type dans le pays.

Les Etats-Unis, de leur côté, se sont dits « profondément inquiets » de la vulnérabilité de la Corée du Nord — autre pays frontalier de la Chine –, se disant prêt à contribuer à des opérations d’aide en sa faveur.

Mais le principal foyer d’infection hors de Chine restait le paquebot de luxe Diamond Princess, toujours en quarantaine au Japon près de Yokohama (est): 218 cas de contamination y ont été confirmés, dont 44 nouveaux cas annoncés jeudi.

Débarquement

A l’inverse, les centaines de passagers d’un navire de croisière américain, le Westerdam, ont pu débarquer vendredi au Cambodge: le bateau avait erré en mer plus de dix jours, cinq ports asiatiques lui interdisant d’accoster par crainte du coronavirus. D’après l’opérateur, aucun cas n’a été détecté à bord.

Après une réunion jeudi à Bruxelles des ministres européens de la Santé, la commissaire européenne Stella Kyriakides s’est voulue rassurante, indiquant que « tous les Etats membres avaient des plans d’action » face à l’épidémie et affirmant qu’il n’y avait « pas jusqu’à présent de pénurie de médicaments rapportée ».

Les craintes de contamination ont provoqué l’annulation de plusieurs grands salons professionnels internationaux, dont le Salon mondial du mobile de Barcelone, grand-messe annuelle de la profession.

Alors que l’activité en Chine reste paralysée, l’impact pour l’économie mondiale ne cesse de s’alourdir. L’épidémie a déjà entraîné une « réduction potentielle de 4 à 5 milliards de dollars » de revenus pour les compagnies aériennes du monde entier, a annoncé jeudi l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Par AFP.

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