Le premier ministre tunisien désigné Hichem Mechichi a annoncé, dans la nuit de lundi 24 à mardi 25 août, la composition d’un gouvernement de technocrates sans étiquettes politiques. Il s’agit, a-t-il déclaré à la presse, d’un “gouvernement de compétences indépendantes qui travaillera à concrétiser des réalisations dans les domaines économique et social”.
Peu de ministres sortants dans ce gouvernement composé de 25 ministres et trois secrétaires d’Etat dont huit femmes. Parmi eux, des des hauts fonctionnaires, des universitaires ou des cadres venant du secteur privé peu connus du grand public.
Ali Kooli, Directeur Général de Bank ABC en Tunisie, a été désigné à la tête d’un super ministère coiffant l’ensemble du secteur économique, avec ses composantes Finances, Développement régional, Coopération internationale et Investissement. Les affaires étrangères à Othman Jarandi, un diplomate de carrière ayant déjà occupé ce poste en 2013 sous le gouvernement de Ali Larayedh, avant d’être conseiller diplomatique du président tunisien Kais Saied. Le ministre de la défense a été confié ) Ibrahim Bartagi, un universitaire.
Hichem Mechichi, – qui était conseiller du président avant de devenir ministre de l’intérieur dans le gouvernement d’Elyes Fakhfakh, démissionnaire le mois dernier après des accusations de conflit d’intérêts- , est le troisième chef du gouvernement désigné depuis les élections législatives d’octobre 2019. Des élections qui ont donné un parlement morcelé rendant difficile la formation d’un gouvernement stable. Ennahda est le premier parti dans l’hémicycle mais il ne dispose que d’un quart des sièges et il n’arrive pas à former une coalition.
Sur fond de crise économique et sociale, aggravée par la crise du Covid-19, le président tunisien tente de profiter de la mauvaise image des partis politiques pour asseoir une présidentialisation du régime alors que dans le système tunisien, le poids du parlement – et donc des partis – est central. Ennahda comme Qalb Tounès (81 sièges sur 217 critiquent s’opposent à la “présidentialisation” du régime mais ils n’ont pas encore dit clairement quelle sera leur position lors du vote de confiance qui doit avoir lieu dans les dix jours qui viennent.
Le nouveau gouvernement devra alors obtenir le soutien d’au moins 109 députés sur 217. En cas d’échec, le président Saied, pourrait dissoudre l’assemblée et convoquer des élections législatives anticipées pour début 2021. Si Qalb Tounès semble plus enclin à refuser la confiance, Ennahda est plus hésitant. Le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, tout en critiquant la décision “peu démocratique” de mettre à l’écart les partis, a indiqué que ces derniers pourrait soutenir le gouvernement pour éviter un nouveau scrutin.
“Rejeter ce gouvernement est un problème car cela laisse le pays dans le vide, et voter pour lui est un problème aussi car le gouvernement ne représente pas les partis ni le Parlement”, a-t-il déclaré. La probable réussite de l’examen de passage du gouvernement Mechichi devant le parlement serait le signe que le président Saied a gagné une première manche face aux partis politiques.
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