Guerre des nerfs: Ankara et Athènes annoncent des exercices militaires rivaux

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Erdogan assure que la Turquie ne "reculera pas" (DR)
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C’est un scénario qui fait craindre le pire, celui de l’incident anodin qui provoque le grand dérapage vers la guerre: Ankara et Athènes ont annoncé lundi la tenue d’exercices militaires dans des zones qui se chevauchent en méditerranée orientale. Le chef de la diplomatie allemande – dont le pays préside l’Union Européenne – est attendu ce mardi dans la région pour essayer de calmer les esprits. 

C’est que la tension monte de plus en plus. Lundi, la Grèce a émis une notice maritime (Navtex) pour un exercice militaire conjoint avec les Emirats du 25 au 27 août dans la zone qui fait l’objet d’un contentieux sur la détermination de la zone économique exclusive. Le Navtex émis par la Grèce comprend le sud des îles telles que la Crète, Karpathos, Rhodes et Kastellorizo.

Une « provocation »

Une provocation pour Ankara dont le ministère de la défense annoncé le jour même la tenue « d’exercices militaires de transition » avec la participation de « navires turcs et alliés » mardi au sud de l’île de Crète. Une “riposte” à la Grèce, selon les médias turcs. Le président Recep Tayyip Erdogan a  qualifié l’émission par la Grèce d’un télex de navigation (Navtex) en Méditerranée orientale “d’acte irresponsable menaçant la sécurité de tous les navires présents dans la région”.  

“Il serait bon pour la Grèce de prendre en considération que ceux qui la poussent devant la flotte turque, ne se montreront pas si un problème survient” a averti Erdogan en assurant que la Turquie ne fera aucune “marche arrière” sur les activités  du navire de recherche sismique Oruç Reis et de la flotte qui l’accompagne. Dorénavant, ceux à qui nous serons confrontés dans la zone où nous avons émis un Navtex devront en assumer les conséquences” a-t-il ajouté.

La découverte de méga-gisements gaziers en méditerranée orientale a exacerbé des tensions anciennes entre la Turquie et la Grèce au sujet de la détermination de la zone économique exclusive (ZEE) qui , d’après le droit de la mer, un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. 

Face à des arrangements pour l’exploitation des gisements entre la Grèce, l’Egypte et Israël,  Ankara a signé, en novembre 2019, un accord de délimitation maritime avec le gouvernement officiel libyen à qui elle a apporté un soutien militaire décisif. L’accord a été dénoncé par Athènes. Depuis la tension n’a fait qu’augmenter dans la région. L’Europe a apporté un soutien mitigé à la Grèce tandis que la France a envoyé deux navires de guerre et deux avions rafale en soutien à la Grèce, ce qui lui a valu d’être accusée par les Turcs de se “comporter comme un caïd”.

« Patrie bleue »

La Turquie refuse les prétentions de la Grèce à une zone économiques exclusives aux iles grecques se trouvant à proximité des côtes turques. Ce serait emprisonner la “Turquie à l’intérieur de ses rivages”.  La petite île grecque de Kastellorizo, située à deux kilomètres au large d’Antalya (sud), illustre, aux yeux de la Turquie, le caractère inacceptable de ces prétentions. L’île qui se trouve  à 570 kilomètres du continent grec, priverait en cas d’application maximaliste de la zone économique exclusive par la Grèce, priverait la Turquie de dizaines de milliers de km2 de mer riche en gaz. 

A l’opposé, Erdogan a commencé à reprendre à son compte la défense de la “patrie bleue”, théorisée par  le contre-amiral Cem Gürdeniz (à la retraite), et visant à établir la souveraineté d’Ankara sur une zone de 462.000 km2 en mer Noire, Egée et Méditerranée. Le contre-amiral à la retraite qui se dit “serviteur de l’Etat sans affiliation politique” a approuvé certaines décisions d’Erdogan mais estime que le conflit ne  “prendra fin que lorsque la Grèce et la Turquie prendront place à la même table et se parleront. Sans l’intervention de l’UE ou des États-Unis»

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