Les fortes pluies qui s’abattent depuis juin sur le Niger, Etat sahélien pauvre et très sec, ont fait 45 morts et plus de 226.000 sinistrés, alors que plusieurs quartiers de Niamey, la capitale, sont engloutis par les eaux, ont indiqué jeudi les autorités. Il a été enregistré dans tout le pays 25.834 ménages sinistrés totalisant 226.563 personnes avec «45 pertes en vies humaines» à la date du 24 août 2020, précise le ministre nigérien de l’Action humanitaire et de la gestion des catastrophes dans un communiqué.
Un précédent bilan officiel du 18 août 2020 faisait état de 38 morts et plus de 150.000 sinistrés. Les régions les plus touchées sont Maradi (centre-Sud), Tahoua et Tillabéri (Ouest), et Dosso (Sud-Ouest) et Niamey. Selon le ministère, 20.201 maisons, 1167 cases, 64 salles de classe, 24 mosquées se sont effondrées ainsi qu’un dispensaire. Plus de 4290 têtes de bétail ont été décimées tandis que 448 greniers à céréales, 713 puits d’eau potable et 5.306 hectares de cultures ont été endommagés. À Niamey, où plusieurs quartiers sont sous les eaux depuis lundi, le niveau du fleuve Niger – qui avait déjà largement dépassé sa cote d’alerte – est encore monté de plusieurs centimètres après de fortes pluies tombées mercredi, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des dizaines de riverains en détresse fuyaient jeudi matin leurs habitations, certains à la nage à travers des rues inondées. Des équipes de sapeurs pompiers sillonnent à bord de canots les quartiers inondés pour assister les sinistrés. «On était jusqu’ici dans un endroit sec, puis une forte pluie est arrivée mercredi nuit et a fait monter les eaux qui nous ont surpris dans le sommeil», explique, baluchon sur la tête, Moussa Amadou, un résident du quartier Kirkissoye, un des plus touchés. La quasi-totalité du million et demi d’habitants de Niamey vit sur les rives du fleuve et certains ont même construit leurs maisons dans son lit.
Troisième fleuve d’Afrique, le Niger dispose d’un bassin de plus de deux millions de km/2, où vivent plus de 100 millions de personnes, de la Guinée au Nigeria. Ces crues sont favorisées par les fortes pluies qui s’abattent depuis juin sur le Niger. En 2019, les inondations avaient fait 32 morts et plus de 226.000 sinistrés. En dépit de sa courte durée, au plus trois mois, et de la faiblesse des précipitations, ce pays fait face depuis plusieurs années à des inondations, y compris dans les zones désertiques du Nord. Un paradoxe dans cet État très sec où les mauvaises récoltes sont habituellement dues à la sécheresse.