Les plages d' »Oued Tanji » et « Oued Bibi » sont connues de tous à Skikda, mais seuls les jeunes s’y aventurent d’habitude. Situées dans la commune d’Ain Zouit, à 30 KM de la ville, ses deux plages ne sont plus l’apanage des jeunes, elles sont mêmes devenues la destination favorite des Skikdis cet été 2020. Jusque-là, les familles étaient dissuadées d’y aller en raison d’une route sinueuse difficile à travers les montagnes. Cette année, nombre de familles ont décidé d’affronter l’épreuve et d’explorer. Elles ont été incitées à le faire par le rush exceptionnel vers les plages à proximité de la ville.
Pour se rendre «Oued Tanji » et «Oued Bibi» il ne faut pas avoir le vertige, avertit en souriant un père de famille venu passer la journée à «Oued Tanji ». Il est essentiel d’avoir une bonne maîtrise du trajet, avec ses virages en lacets et un manque de signalisation , ajoute ce monsieur.
Le nom de cette plage se prononce différemment certains disent «oued Tanja» et d’autres «Oued Tanji ». Les habitants d’Ain Zouit disent «Oued Tanja».
Arrivé à une centaine de mètres de la première plage, «Oued Tanja», une plaque indique la direction des deux plages. La première «Oued Tanji », se découvre déjà de loin et le paysage est à couper le souffle. Sable blanc, eaux turquoises, massif rocheux aux extrémités de cette petite côte, le paysage est majestueux.
Les premiers baigneurs sont les campeurs. Au fur et à mesure, des familles arrivent. Les voitures dans le parking, toutes immatriculée « 21 », confirment que la plage est majoritairement fréquentée par les gens de la ville.
«Je suis allée à Oued Bibi la semaine passée, et aujourd’hui je découvre Oued Tanja pour la première fois. Je suis un adepte du confort des plages privées de Jeanne d’Arc, cette année je déroge à la règle et j’ai bien fait » souligne un monsieur accompagné de ses filles.
Dans ce paysage rustique on aperçoit une seule maison pieds dans l’eau. Selon des locataires, son propriétaire la loue à 2000 DA la nuitée. Un prix abordable selon eux. À 14 h la plage est pleine mais l’ambiance reste paisible. Des bateaux viennent accoster tout au long de la journée au bord de cette petite plage, pour y passer un moment et partir vers une autre plage. Un propriétaire d’un zodiaque explique qu’à Skikda « il vaut mieux avoir une petite barque qu’une voiture».
«J’ai acheté mon zodiaque il y a deux ans, et depuis l’été à Skikda n’est plus le même. Il y a des endroits, accessibles seulement par mer, qui sont magnifiques. Mes explorations de cet été m’ont fait découvrir des grottes marines. Je m’y rends souvent pour me baigner, l’eau est d’ailleurs d’une fraîcheur incroyable» dit-il avant de démarrer pour aller explorer une autre crique.
Les gens venus séjourner ou camper à Oued Tanji, cherchent le « calme » et la « plénitude ». Depuis la privatisation des plages à Skikda, certains ont une appréciation très mitigée.
«Les plages privées ne sont pas un mauvais investissement, le cadre est agréable propre et sécurisé. Il y a quelques années, les plages de Skikda étaient très mal fréquentées et surpeuplées, les plages privées nous ont réconcilié avec la mer. Seulement, celles-ci ont un coût. A la fin de l’été on se rend compte qu’on aurait pu investir le même budget dans un séjour à l’étranger. En arrivant ce matin à Oued Tanja j’appréhendais un petit peu les regards indiscrets particulièrement quand on est un groupe de femmes seules. Je suis agréablement surprise de voir que le bikini et le burkini cohabitent parfaitement» confie une jeune femme venue avec ses copines.
Jeanne d’Arc « prise d’assaut » par les estivants des wilayas mitoyennes
Pendant des années, les plages privées de la station balnéaire Larbi Ben M’ hidi, (ex-Jeanne d’Arc) à Skikda, attiraient les habitants locaux et des touristes des wilayas voisines. Particulièrement la plage privée de l’hôtel « Belle Vue ». Cette année la plage affiche complet. Au grand regret des Skikdis.
«Nous nous sommes levés de bonne heure pour aller à la plage Belle-vue. Nous sommes clients depuis des années, nous aimons avoir un certain confort à la plage. Nous étions surpris de découvrir que la plage affichait complet. On nous a dit que la plage était réservée aux clients de l’hôtel» regrette un Skikdi venu passer la journée avec sa famille à la plage.
Avant, les plages de Skikda étaient beaucoup fréquentés par les Constantinois, ces dernières années, la clientèle s’est élargies. Des familles viennent de Sétif, Batna M’sila, Bordj Bou Arreridj et parfois même du grand sud.
L’attractivité estivale de Skikda a aussi ses débordements que certains locaux qualifient de « clochardisation »; Ils font référence à ceux qui sont qualifiés de « campeurs anarchiques ». « C’est phénomène est nouveau », dit un habitant outré, « des jeunes qui installent des matelas sur les trottoirs pour y passer la nuit, on n’a jamais vu ça ».
Selon un employé d’un hôtel à Skikda, dès que les déplacements entre wilayas sont redevenus possibles, les gens ont commencé à faire leur réservation et arrivent quotidiennement dans la ville. Mais, souligne-t-il, il n’existe pas dans la ville des offres de location pour les petites bourses d’où la présence de ces campeurs.
Toujours que la situation est vécue avec une certaine exaspération par certains citoyens de la ville qui y voient «un comportement intolérable». «Depuis le début du mois d’août la ville est invivable. Une circulation infernale à longueur de journée, les plages constamment réservées, la corniche l’îlot des chèvres est prise d’assaut par ces campeurs anarchiques. Nous ne reconnaissons pas notre ville. C’est aux autorités de gérer cette situation, Skikda est une petite ville qui ne peut accueillir autant d’estivants ».
Les plages à proximité de la ville sont visiblement laissées aux touristes. Les familles qui mettent le cap cet été sur les plages d’Oued Tanji » et «Oued Bibi», disent qu’ils repenseront désormais leur façon de profiter de l’été à Skikda.