Un projet de révision des tarifs de l’électricité est « en cours de finalisation » mais cela ne concernera pas le « domestique », a indiqué, dimanche, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar.
« Il faut qu’on se rende compte que l’électricité et le gaz sont vendus à perte en Algérie: le prix moyen de vente du kilowattheure (électricité) est de 4,02 DA et celui de la thermie (GAZ) est de 0,32 DA, ce n’est même pas 20% des prix pratiqués ailleurs! », a-t-il indiqué pour justifier la nécessité d’une révision.
Les prix seront donc révisés, a-t-il ajouté, pour qu’ils soient « raisonnables ». Mais le ministre de l’énergie reste dans la ligne de la prudence qui a prévalu jusqu’ici en matière de réformes – ou pas – des subventions. La révision des tarifs « ne va pas concerner le domestique (les ménages) ».
Les hésitations sur les subventions
En clair, la subvention de l’électricité va continuer et les prix « raisonnables » dont parle le ministre devrait concerner les entreprises. La politique des subventions est en « débat » depuis des années en Algérie consécutivement à la baisse des recettes pétrolières. Des experts estiment que la politique des subventions est devenue « insoutenable ». Le collectif Nabni qui a beaucoup travaillé sur le sujet a préconisé deux options pour accompagner la levée des subventions. Un ciblage progressif qui cible les 40% des ménages les moins aisés.
L’option qui donne le temps de mettre en place un système de ciblage fiable permettra de toucher 4 millions de ménages, pour un coût d’environ 2,4% du PIB et un transfert mensuel moyen de 12.000 DA par ménage (15,000 DA pour les ménages de plus 9 membres).
Une affaire « politique »
L’autre option est l’octroi d’un Revenu Universel individuel et elle serait deux fois plus coûteuse que la première : 5,5% du PIB et un transfert mensuel moyen d’environ 2.000 DA par personne (1.200 DA pour les enfants de moins de 15 ans, et de 2.400 DA pour les plus de 15 ans). Selon Nabni, les deux options restent cependant moins coûteuses que le système de subvention universel actuel qui représente plus de 13% du PIB actuellement, dont plus de 7% pour l’énergie.
Mohamed Arkab, le prédécesseur de Abdelmadjid Attar au ministère de l’énergie a indiqué que le subventionnement de l’électricité et du gaz en Algérie a coûté au Trésor public près de 18 milliards DA en 2019. Les « les prix nationaux appliqués, notamment pour le gaz naturel, sont loin du coût réel de production » avait-il déclaré. En 2013, Nordine Bouterfa, alors DG de Sonelgaz estimait que les choses ne « pouvaient tenir » et il regrettait, déjà, que « l’augmentation des tarifs ne se soit pas encore à l’ordre du jour ». Il avait déclaré qu’il « y a un rendez-vous pour l’augmentation des tarifs. Quand ? Je ne sais pas ».
L’hésitation persiste. Le tarif de l’électricité – qui a déjà augmenté modérément – reste une affaire « politique ».