La fillette ouvrit son cahier, relut lentement son sujet et mordilla son stylo. Elle avait vaguement compris ce qu’on attendait d’elle. Il fallait parler d’un héros de la Révolution.
Elle imagina un homme grand et fort, lui fit de grandes moustaches et d’épais sourcils. Elle lui mit ensuite une casquette sur la tête et un drapeau dans la main puis le lâcha à la lisière d’une forêt.
Elle sentit bien qu’il manquait quelque chose à ce soldat, se tritura la cervelle sans trouver le fusil.
Pour être sûre d’avoir une bonne note, elle décida de faire mourir son héros sur un grand champ de bataille. Elle imagina le champ mais elle y mit tant d’oiseaux que la bataille ne put avoir lieu.
Elle ouvrit toute grande la fenêtre de sa chambre à la fraîcheur de la nuit, retourna à sa table et se frotta très fort les paupières tandis qu’un tout petit papillon poudreux s’affolait sous la lampe de la veilleuse.
Il lui fallait une bonne chute pour son texte question d’épater sa maîtresse.
Deux balles perdues, venues du fin fond des années de haine l’aidèrent à conclure.
D’une petite goutte de son sang la fillette signa sa rédaction.