Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a souligné mardi, dans un entretien accordé à la chaîne France 24, l’importance de la relation entre Alger et Ankara, notamment sur le dossier libyen. Il a abordé également la situation au Mali et les relations algéro-françaises.
« La Turquie est un grand partenaire bilatéral avec qui on doit avoir des consultations régulières. Et nous les avons. Lors de ma dernière visite en Turquie, où j’ai été reçu par le président Erdogan et mon homologue, nous avons discuté de la Libye. Nous avons présenté encore une fois la démarche et les principes qui guident l’Algérie pour la Libye. La Libye est un pays extrêmement important pour nous, pour notre sécurité et pour notre avenir. Nous avons eu une très bonne écoute, à tous les niveaux. Je pense que les responsables turcs nous suivent dans notre vision de ce que doit être la Libye », a-t-il déclaré.
Il s’agit, selon lui, de convaincre toutes les parties libyennes de la nécessité du dialogue « pour régler tous les problèmes existant entre elles ». « Nous sommes convaincus que cela est possible. Nous avons la même approche que les pays voisins, la Tunisie. Nous souhaitons que l’Egypte adhère à cela. Ils adhèrent dans une certaine mesure. Nous avons pris l’initiative d’associer le grand voisinage libyen africain et européen, italiens, maltais, grecs, tous ceux qui ont un intérêt particulier sur la Libye. Le grand voisinage nous écoute avec beaucoup d’intérêt », a-t-il souligné.
Il a rappelé qu’avant la Conférence de Berlin, qui s’est tenue en janvier 2020, l’Algérie a appelé à respecter l’embargo sur les armes, imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU, en Libye. « L’Algérie demande la cessation complète d’envoi d’armes en Libye quelque soit la partie », a-t-il appuyé.
« L’Accord de paix d’Alger n’est pas caduc »
A propos de la situation politique au Mali, marquée par le départ forcé du président Ibrahim Boubacar Keita, et la prise du pouvoir par les militaires, fin août 2020, le chef de la diplomatie algérienne a parlé de « changement non constitutionnel, contraire aux principes de l’Union africaine et de l’Accord de paix d’Alger ».
« C’est le message que j’ai passé à Bamako aux membres du CNSP (Comité national du salut du peuple). Nous ne souhaitons pas que le peuple malien souffre davantage. Nous avons clairement dit qu’il fallait qu’il ait une transition la plus courte possible et que les problèmes soient réglés par la Constitution et par un vote démocratique (…) L’Accord de paix d’Alger n’est pas caduc, les maliens eux même le disent. L’Algérie est leader de la médiation, mais il y a d’autres parties impliquées, européens, américains, Union africaine, CEDEAO. Aucune de ces parties ne dit que cet Accord est caduc. Au contraire, on dit que cet Accord est la meilleure voie pour régler les problème au nord du Mali notamment», a-t-il précisé.
L’Accord de paix d’Alger, signé en 2015, a été conclu après une médiation de l’Algérie entre le gouvernement du Mali et les mouvements rebelles du Nord du Mali. L’Algérie, selon Sabri Boukadoum, ne souhaite pas une dégradation de la situation sécuritaire « ni au Mali ni dans autre pays voisin ». « Il est de notre intérêt stratégique et de celui de la protection de nos citoyens d’avoir la paix et la stabilité dans tous les pays voisins », a-t-il dit.
Pas de date pour une visite de Tebboune en France
Concernant les relations avec la France, le chef de la diplomatie algérienne a soutenu que l’Algérie souhaite « les meilleures relations possibles » avec la France. « Il est clair que l’aspect historique a sa particularité dans les relations entre l’Algérie et la France. Je note avec grande satisfaction que les relations personnelles entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron sont excellentes, cela prête à l’optimisme. La question de la mémoire est importante pour les Algériens, nous avons noté, du côté français, la désignation de M. Benjamin Stora(historien). C’est une excellente chose. Nous le connaissons et connaissons ses travaux. Il est très attaché à sa terre natale(l’Algérie).
De notre côté, il y a M. Abdelmadjid Chikhi qui a un passé extraordinaire, c’est un professionnel. J’espère que les questions de mémoire seront réglées entre professionnels, cela permettra de dépasser les aspects politiciens. Nous voulons des relations apaisées qui tiennent compte de cette Histoire et que nous allions de l’avant. Il y a la question des archives, des explosions nucléaires dans le sud », a-t-il relevé. Il a qualifié de geste positif la restitution par Paris des restes mortuaires des résistants algériens, en juillet 2020, souhaitant que d’autres mesures suivent. Sabri Boukadoum a indiqué qu’il n’existe aucune date à une éventuelle visite d’Etat du président Abdelmadjid Tebboune en France.
« Pour une raison simple, la pandémie de la Covid-19. Cela a bloqué beaucoup de visites vers la France et vers d’autres pays. Il y a donc un décalage pour raisons sanitaires. La visite du président algérien se fera après une préparation que nous avons décidé avec mon homologue (français) », a-t-il annoncé.