Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, dimanche à Alger, la nomination “la semaine dernière” de M. Rosthom Fadhli, en qualité de nouveau gouverneur de la Banque d’Algérie (BA). L’annonce a été inhabituellement faite au cours d’une rencontre avec des responsables de médias nationaux et non par le traditionnel communiqué de la présidence de la république.
Le chef de l’Etat a indiqué avoir « signé la semaine dernière le décret portant nomination de M. Rosthom Fadhli au poste de gouverneur de la Banque d’Algérie ». Rosthom Fadhli, assurait la fonction à titre d’intérim depuis la nomination, en juin 2020, de l’ancien gouverneur; Ayman Ben Abderahmane, à la tête du ministère des finances.
Même si l’indépendance de la Banque d’Algérie reste relative, l’absence d’un gouverneur en titre pourrait paraître comme un signe d’instabilité dans un contexte financier délicat.
La Banque d’Algérie a notamment pour mission, selon la loi sur la monnaie et le crédit, de “veiller à la stabilité des prix en tant qu’objectif de la politique monétaire, de créer et de maintenir, dans les domaines de la monnaie, du crédit et des changes, les conditions les plus favorables à un développement soutenu de l’économie, tout en veillant à la stabilité monétaire et financière… À cet effet, elle est chargée de régler la circulation monétaire, de diriger et de contrôler, par tous les moyens appropriés, la distribution du crédit, de réguler la liquidité, de veiller à la bonne gestion des engagements financiers à l’égard de l’étranger, de réguler le marché des changes et de s’assurer de la sécurité et de la solidité du système bancaire.”
L’Algérie a connu depuis quelques semaines une crise de liquidités qui se traduit par des queues devant Algérie Poste et des limitations de retrait. L’absence d’un gouverneur dans un tel contexte pose problème. Dans un entretien au journal Liberté, l’expert financier, Hachemi Siagh, a souligné l’importance d’avoir un gouverneur car la situation économique et financière exige une “attention de tous les instants”. “
La présence d’un gouverneur est d’une importance capitale, car il est le timonier qui doit indiquer le cap, défendre la monnaie nationale, assurer les relations avec ses homologues étrangers, représenter l’Algérie auprès des institutions financières internationales et notamment celles de Bretton Woods en contexte de crise économique planétaire. Ce sont des questions qui nécessitent une certaine continuité et une cohérence des politiques de la Banque centrale. Plus important encore, la Banque d’Algérie a besoin d’un gouverneur fort qui assure l’interface avec le ministre des Finances et la Présidence pour solutionner les multiples problèmes dont notamment celui du manque de liquidité.”
Les missions du gouverneur selon la loi
Art. 16. — Le Gouverneur assure la direction des affaires de la Banque d’Algérie.
Le Gouverneur de la Banque d’Algérie, appelé ci-après «Gouverneur», prend toutes mesures d’exécution et accomplit tous actes dans le cadre de la loi.
Il signe, au nom de la Banque d’Algérie, toutes conventions, les comptes rendus d’exercice, bilans et comptes de résultats.
Il représente la Banque d’Algérie auprès des pouvoirs publics en Algérie, des banques centrales étrangères, des organismes financiers internationaux et, d’une façon générale, auprès des tiers.
Les actions judiciaires sont intentées et défendues à ses poursuites et diligence. Il prend toutes mesures conservatoires qu’il juge utiles.
Il procède à toutes acquisitions et aliénations immobilières dûment autorisées. Il organise les services de la Banque d’Algérie et en définit les tâches.
Il recrute, nomme à leur poste, fait avancer en grade, destitue et révoque les agents de la Banque d’Algérie, dans les conditions prévues par le statut du personnel.
Il désigne les représentants de la Banque d’Algérie au sein des conseils d’autres institutions lorsqu’une telle représentation est prévue.
Art. 35. — La Banque d’Algérie a pour mission de créer et de maintenir dans les domaines de la monnaie, du crédit et des changes, les conditions les plus favorables à un développement rapide de l’économie, tout en veillant à la stabilité interne et externe de la monnaie.
A cet effet, elle est chargée de régler la circulation monétaire, de diriger et de contrôler, par tous les moyens appropriés, la distribution du crédit, de veiller à la bonne gestion des engagements financiers à l’égard de l’étranger et de réguler le marché des changes.