Visite de Mark Esper à Alger: un discours sur la sécurité, un autre sur la souveraineté

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Visite de Mark Esper à Alger: un discours sur la sécurité, un autre sur la souveraineté
Visite de Mark Esper à Alger: un discours sur la sécurité, un autre sur la souveraineté
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Contrairement à Tunis, Mark Esper, secrétaire américain à la Défense, n’a parlé ni de la Russie ni de la Chine lors de sa visite de travail à Alger, ce jeudi 1 octobre. Le discours à Alger est différent de Tunis. Il y est surtout question de « respect de la souveraineté des États ».

Mark Esper a tenu à prendre la parole au Sanctuaire des Martyrs, à Riad El Feth, à Alger, pour rendre hommage « aux martyrs de la Révolution pour l’indépendance de l’Algérie, acquise au prix du sacrifice de 1,5 millions de personnes ». Il a déposé une gerbe de fleurs. « Comme je l’ai dit au Président, tous les Américains ont un faible pour les peuples qui se sont battus pour leur propre liberté et se sont sacrifiés pour leurs libertés.Je veux dire au peuple algérien, combien nous respectons sa souveraineté, nous apprécions sa coopération, et admirons son histoire », a déclaré Mark Esper, après une audience et un déjeuner avec le président Abdelmadjid Tebboune.

Ce langage est assez rare de la part de responsables américains en visite en Algérie. Washington connaît parfaitement la sensibilité des autorités algériennes par rapport à « l’ingérence dans les affaires intérieures » des pays et « à la souveraineté ». Et, semble suivre de près le débat de ces derniers mois sur la mémoire et la reconnaissance des crimes coloniaux français en Algérie.

« Influence autoritaire » de la Chine et de la Russie en Afrique

Connaissant la relation stratégique de l’Algérie avec la Chine et la Russie, le secrétaire à la Défense américain a soigneusement évité de faire des déclarations publiques sur ces deux pays. Ce n’était pas le cas en Tunisie. « Aujourd’hui, nos concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, continuent d’intimider et de contraindre leurs voisins tout en étendant leur influence autoritaire dans le monde entier, y compris sur ce continent(…) La Chine tente de diviser ses alliés naturels et de mettre en place un nouvel ensemble de règles qui répondent à Pékin. La Russie tente d’affirmer sa puissance en agissant comme un spoiler en Europe mais aussi en Libye voisine et en Syrie », a déclaré le chef du Pentagone le ton offensif lors d’une conférence de presse au cimetière militaire américain de Carthage, dans la banlieue de Tunis, où sont enterrés plus de 2000 militaires américains morts en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pas de conférence de presse à Alger par contre, mais le sujet de la lutte contre le terrorisme était bien présent dans les discussions de Mark Esper à Alger, comme il l’a été à Tunis. « Les extrémistes violents continuent de constituer une menace non seulement pour la stabilité régionale, mais aussi pour notre patrie. Le partenariat durable des États-Unis avec des pays partageant les mêmes idées – y compris ici en Afrique du Nord- est essentiel pour relever ces défis », a-t-il soutenu en Tunisie, cité par des médias tunisiens.

Washington est, selon lui, prêt à aider davantage la Tunisie, « ce pays démocratique », à protéger ses frontières terrestres et maritimes ainsi que ses ports contre « l’extrémisme violent » (surveillance électronique). Un important « accord de coopération militaire » de dix ans a été signé entre les deux pays sans que le contenu ne soit dévoilé.

«Leadership constant» de l’Algérie

« Il y a un certain nombre de domaines dans lesquels nous prévoyons d’accroître notre coopération tels que la lutte contre le terrorisme.Nous cherchons à améliorer notre formation et nos exercices ensemble.Nous avons également discuté d’autres questions concernant nos militaires et je suis convaincu qu’elles augmenteront également notre interopérabilité. Nous considérons également des questions telles que la résolution des défis en Libye dans le même sens et nous avons également discuté d’autres questions régionales, telles que le Mali et le Sahel », a déclaré Mark Esper, à Alger.

La présidence de la République a indiqué, dans un communiqué, que les discussions ont porté sur « les derniers développements survenus en Libye et dans la région du Sahel ». « Les deux parties ont convenu de poursuivre la concertation et la coordination pour consolider les fondements de la paix et de la sécurité dans la région, dans le cadre du respect de l’unité et de la souveraineté de ses pays », est-il indiqué. 

La question du respect de la souveraineté est donc devenue une condition du côté algérien. Mark Esper a, d’après un communiqué de l’ambassade des États Unis à Alger, souligné « le leadership constant » de l’Algérie « en matière de sécurité régionale ». « Le secrétaire à la Défense Esper a également exprimé sa reconnaissance pour la volonté du président Tebboune de renforcer la coopération en matière de sécurité. Le secrétaire a réaffirmé que les États-Unis continuent de travailler main dans la main avec l’Algérie pour renforcer les liens militaires et promouvoir la sécurité et la stabilité régionales », est-il ajouté de même source.

Soutien à l’Accord de paix d’Alger

Soutenant Khalifa Haftar (qui possède la nationalité américaine) sans être contre Faiz Al Sarraj, les États Unis ont une politique ambigüe à l’égard de la Libye où la présence russe inquiète le Département d’État. Washington s’est opposé, pour rappel, en avril 2020 à la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra au poste de l’envoyé spécial de l’ONU en Libye pour des raisons qu’il n’a pas expliqué. Ce poste est temporairement occupé par l’américaine Stephanie Williams.

Pour la situation au Mali, Alger et Washington semblent partager le même point de vue sur le retour rapide aux élections et le refus de la situation inconstitutionnelle, après le départ forcé du président Ibrahim Boubacar Keita, fin août 2020, après une intervention de l’armée.

Peter Pham, envoyé américain pour le Sahel (il est le premier à occuper ce poste), est actuellement à Bamako. Selon un communiqué publié par l’ambassade des États Unis dans la capitale malienne, Pham exhorte le gouvernement de transition à honorer ses engagements envers la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), « notamment la tenue d’élections libres et équitables dans les 18 mois ». « Il encourage également les efforts pour lutter contre la corruption, répondre aux préoccupations relatives aux droits de l’homme, réformer les processus électoraux et mettre en œuvre l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali », est-il précisé.

Washington soutient l’Accord de Paix signé à Alger par les différentes parties de la crise malienne. L’Algérie, qui est chargée de suivre son application sur le terrain, a rappelé à plusieurs reprises la nécessité de le respecter pour éviter le chaos au Mali. Mark Esper achèvera sa tournée maghrébine par une visite au Maroc. 

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