À deux jours de la Présidentielle américaine prévue le 5 novembre, l’incertitude plane toujours sur l’issue du vote. Les Américains, et en particulier ceux de Washington D.C., la capitale fédérale qui penche historiquement vers le parti démocrate, se préparent à faire leur choix. Dans ce contexte, les votants se mobilisent, et beaucoup choisissent de voter par anticipation pour s’assurer que leur voix soit entendues.
Youssef, un chauffeur Uber originaire d’Égypte vivant en Virginie depuis 16 ans, a déjà pris sa décision et a voté en avance. Son choix s’est porté sur Donald Trump, et il n’hésite pas à le déclarer haut et fort. Pour lui, le vote ne doit pas être dicté par des sentiments ou des préoccupations émotionnelles, bien qu’il reconnaisse que la question palestinienne le touche personnellement. En tant que père, il désire un environnement sain pour ses enfants et estime que les valeurs républicaines sont plus alignées avec ses préoccupations familiales. « Je me sens plus proche des Républicains, surtout en ce qui concerne les questions de famille. Les démocrates, à mon sens, ont parfois été trop excessifs sur certaines libertés », explique-t-il.
Ce sentiment de soutien pour Trump n’est pas isolé. De nombreux jeunes électeurs expriment également un désir de voir l’ancien président revenir, soulignant que les enjeux économiques sont déterminants dans leur choix.
En effet, plus de 64 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation pour ces élections générales de 2024, ce qui témoigne d’une forte mobilisation électorale. Les votes anticipés sont devenus une réalité bien ancrée aux États-Unis, permettant à ceux qui manquent de temps le jour de l’élection de faire entendre leur voix. L’élection de 2020 avait été marquée par un record de votes anticipés, avec plus de 101 millions de suffrages exprimés avant le jour J, représentant 63 % du total. Même si, en dehors de cette année-là, la part des votes anticipés est restée stable, le nombre total a continué d’augmenter. En 2012 et 2016, ces votes avaient constitué environ 36 % des suffrages.
Au Prince Hall Center, situé au 1000 U Street, l’afflux de jeunes électeurs est notable, en grande partie grâce à la proximité de l’université. Rachelle, la cheffe du bureau de vote anticipé, reste optimiste malgré ses préoccupations. Originaire du Nigeria, elle n’écarte pas la possibilité de débordements de violence le jour du vote, en particulier dans des États clés comme la Pennsylvanie, où les résultats pourraient être serrés. Beaucoup gardent à l’esprit un événement traumatique : l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des militants encouragés par le président sortant, Donald Trump, qui refusait de reconnaître sa défaite face au démocrate Joe Biden. Une attaque sans précédent contre le symbole même de « la démocratie états-unienne ».
La Pennsylvanie, tout comme d’autres « swing states » tels que le Wisconsin, le Michigan et l’Arizona, constituent un enjeu crucial dans cette élection. Ces États, souvent indécis, peuvent basculer d’un côté ou de l’autre en fonction des élections. Leur importance réside dans le fait qu’ils sont susceptibles de voter à la fois pour des candidats démocrates et républicains, ce qui les rend essentiels pour l’issue finale de la présidentielle.
Sur la question palestinienne, « ils se valent tous! »
Alejandra Fonte, une jeune femme de 30 ans arborant un t-shirt marqué « Viva Palestina », a également voté. À la question de savoir pour quel candidat elle a opté, sa réponse est sans équivoque : « Pour aucun d’eux, ils se valent tous ! J’ai plutôt déposé un message dans l’urne en écrivant ‘Free Palestine’ ». Son point de vue illustre un sentiment partagé par de nombreux jeunes électeurs, qui estiment qu’il n’existe pas de réelle différence entre les deux candidats principaux. Selon eux, les deux grandes parties, les démocrates et les républicains, se ressemblent sur les questions de politique internationale, ce qui les amène à se sentir désillusionnés par le système. « Il est inconcevable que l’avenir d’autre région du monde soient tributaires de notre choix ici » affirme cette vénézuélienne d’origine.
Ainsi, alors que le pays se prépare pour une élection cruciale, les voix des électeurs, qu’elles soient traditionnelles ou rebelles, se font entendre dans un paysage politique marqué par l’incertitude et une forte polarisation. Washington D.C., avec son histoire démocrate, vit une période électorale intense, reflétant les dynamiques nationales dans un contexte où chaque voix compte.