Après un portrait géant de la comédienne Biyouna à Alger, le jeune Mekky Deffas, adepte du street art, est à Oran pour réaliser une fresque murale en hommage à Cheb Hasni. Rencontre
24H Algérie: Vous êtes ici devant la boutique de Disco Maghreb à Oran pour réaliser une œuvre en hommage à Hasni. Vous êtes entourés de dizaines de personnes. Pourquoi Hasni ?
Mekky Deffas: Mon thème central est concentré sur une série d’hommages que je rends aux artistes algériens. Des artistes qui ont beaucoup donné à la culture algérienne à l’image de Rouiched, d’Othmane Ariouat, de Biyouna, d’Iddir…Hasni est un bon représentant de la musique raï à Oran. Hasni doit avoir son portrait dans la rue pour qu’on ne l’oublie pas et pour que la nouvelle génération se rappelle toujours de lui.
Pourquoi avez-vous choisi cet endroit, Disco Maghreb ?
La boutique Disco Maghreb est devenue un site touristique aujourd’hui (après la sortie du clip de Dj Snake où l’on voit l’endroit). Hasni fréquentait beaucoup cet espace après son quartier Gambetta. Son art musical a évolué ici aussi.
Pourquoi avez-vous choisi de rendre hommage aux artistes algériens ?
Parce que je suis artiste aussi ! Je souhaite bien qu’on me rende hommage plus tard aussi (rire). L’artiste est le pilier de la culture en Algérie. Sans culture, rien ne peut exister. La politique et l’économie sont liées à la culture. Sans culture, il n’y a pas d’Etat. Il faut dire aussi que l’art ne nourrit pas son homme en Algérie.
A qui pensez-vous rendre hommage après Hasni ?
Je pense à Salah Aougrout, à Amar Zahi, à Dahmane El Harrachi et à d’autres. Je m’intéresse aux artistes aimés par le peuple. Je préfère réaliser mes travaux en noir et blanc. Il appartient au public de trouver des explications au choix de ces deux couleurs.
Comment était la réaction des artistes en regardant les fresques qui leur sont dédiées à l’image de Biyouna, récemment à Alger ?
Ils sont ravis évidemment de se voir ainsi honorés. Ils sont heureux de voir les gens se prendre en photos devant leurs portraits exposés dans la rue. Une fresque leur permet de revenir autrement sur la scène artistique. Par contre, la réaction des gens diffère. A mes débuts, les réactions étaient un peu froides. Aujourd’hui, les gens se sont habitués à mes travaux, apprécient plus le street art. Il faut avoir de la passion pour réussir dans le street art, avoir de la maîtrise ensuite en pratiquant le dessin sur tous les supports quelque soit la dimension.
Avez-vous réalisé d’autres fresques murales ?
Je suis dans la rue depuis 2010.Certaines œuvres sont disponibles sur les réseaux sociaux. Certaines sont connues, d’autres non.
Les fresques murales sont-elles votre seule forme d’expression artistique ?
Oui. Je préfère le street art et les graffitis. Le street art est le plus proche de la société. Les artistes sont en contact direct avec les gens. L’art doit sortir des salles, des musées et des ateliers pour aller vers les rues. Pour moi, les arts visuels pratiqués dans les ateliers n’assurent plus leur fonction, ne délivrent plus leur message. Sans art, notre société deviendra rigide, morte spirituellement. Il n’y a pas que la nourriture ou le logement dans notre existence. L’art redonne vie à la société.
Il vous faut combien de temps pour réaliser une fresque murale…
Cela peut prendre de deux jours à une semaine
Et vous préférez travailler la nuit, comme nous l’avons vu ici à Oran et à Alger. Pourquoi ?
L’inspiration vient la nuit. Il y a beaucoup de bruits le jour.Je suis parfois perturbé par les gens qui viennent en nombre voir ce que je fais.
Comment êtes-vous venus à l’art ?
Je suis autodidacte. A l’université, j’ai étudié l’architecture spécialité « projets urbains ». J’applique certaines notions dans mes travaux. Je fais du dessin depuis mon jeune âge. J’ai grandi dans une famille d’artistes. Ma mère a étudié à l’Ecole des beaux arts. ions dans mes travaux. Je fais du dessin depuis mon jeune âge. J’ai grandi dans une famille d’artistes. Ma mère a étudié à l’Ecole des beaux arts.