A Sidi Bel Abbes, un marathon réunit sport et culture, ouvre la piste à d’autres rêves

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A Sidi Bel Abbes, un marathon réunit sport et culture, ouvre la piste à d'autres rêves
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Samedi 24 juin, la ville de Sidi Bel Abbès, à 435 km à l’ouest d’Alger, a connu son premier Marathon avec la participation de près de 2500 athlètes. Promesse est donnée pour que la manifestation devienne internationale en 2024. Reportage.

Les mines sont joyeuses ce samedi 24 juin au quartier La Macta, en plein centre de Sidi Bel Abbes. Un quartier bien entretenu avec des maisons entourées de jardins fleuris. Dès 6h 30, les athlètes sont sur les lieux, devant le point de départ dressé comme un grand arc, en blanc et orange. La veille, le parcours pour les trois courses a été préparé par les organisateurs dont la Ligue d’athlétisme de Sidi Bel Abbes.
Les trois courses : 10 km, semi-marathon et marathon. La levée de rideau s’est faite avec une course symbolique d’un mile (1,6 km) avec la participation de Samir Chibani, wali de Sidi Bel Abbes, une première !


Il était accompagné lors de cette “course VIP” par l’ancien champion du monde du 1500 mètres Noureddine Morceli, son frère Abderrahmane, les artistes Mohamed Frimehdi et Abdelkader Djeriou et le journaliste et directeur de la chaîne El Hayat TV, Habet Hannachi. “J’aurai tellement voulu courir”, a regretté la comédienne Moufida Addas présente aussi.

Une allure de fête

Le journaliste et écrivain Hmida Ayachi, organisateur du marathon, a également couru le Mile symbolique avant le lancement des trois courses.  
La brise fraîche du matin laisse déjà place une chaleur matinale assez supportable pour ce mois de juin. La course du 10 km est lancée en premier, suivie quelques minutes après par celle du semi-marathon. Les athlètes du premier marathon de Sidi Bel Abbes s’impatientent avant le coup d’envoi de la course.


Devant le point de départ, les maillots multicolores donnent une allure de fête. Certains jeunes revendeurs se sont installés non loin de là pour vendre des baskets. Sait-on jamais !  Les organisateurs ont dressé des chapiteaux pour offrir de l’eau aux sportifs. Une tribune d’honneur a été installée devant le point d’arrivée. Des responsables locaux, des artistes et des journalistes dont Kada Benamar d’Echourouk news, un natif de la ville, ont y pris place. Le journaliste sportif Yassine Maaloumi est également là.


La chaîne privée Al Hayat TV, partenaire média du marathon, assure des lives depuis les premières heures de la matinée. Il est toujours intéressant que des chaînes de télévision privées ou publiques s’intéressent à d’autres sports que le football !

“J’ai marché, couru et fait un temps honorable”

Le marathon est lancé dans une bonne ambiance et un silence retombe sur les lieux après le départ des athlètes. Moins d’une heure après, les coureurs du 10 km commencent à arriver. Un retard est mis pour la remise des médailles symboliques et des tee-shirts. Cela crée une certaine confusion. Mais, les choses entrent dans l’ordre après l’intervention de Hmida Ayachi qui s’habitue aux “imprévus” de l’organisation.
“J’ai participé au 10 km plus pour le plaisir, à mon âge c’est cela qui compte, c’est la santé. J’ai marché, couru et fait un temps honorable pour mon âge. J’ai parcouru la distance en une heure 12 minutes. J’ai l’habitude de courir. J’ai participé aux marathon de Prague, de Rotterdam, de Paris et de Marrakech ainsi que l’ultra marathon de Biskra-Ouled Djellal”, confie Mohamed.


Son épouse participe pour la première fois à une course. “Je préfère marcher. Là, j’ai fait une heure 11 minutes, pas mal ! Que du bonheur”, dit cette Algéroise.  Mohamed annonce la tenue d’une course de 10 km entre Ain Tagourait (ex-Berrar) et Beni Haroun, dans la wilaya de Tipaza. “Il faut être au rendez-vous le mercredi 5 juillet à 8 h”, a-t-il précisé.

Hamza Yousfi, premier vainqueur du marathon de Sidi Bel Abbes

La chaleur a quelque peu perturbé l’avancée de Nassima, une autre coureuse amateure. “Il faut souvent s’entraîner pour ce genre de courses et pour s’adapter au climat. J’ai participé à un semi-marathon et à des trails, mais jamais couru les 42 km. J’ai peur de m’engager dans un marathon”, dit-elle.


Plus d’une demie heure après, les premiers athlètes du semi-marathon, couverts de sueur, encouragés par les spectateurs, s’approchent du point d’arrivée. La course est remportée par Sofiane Belkas, suivi de Zakaria Boughalatia, de Boubakar Alouani et d’Ahmed Maaroufi.
Le temps s’écoule vite avant que Hamza Yousfi de l’équipe nationale militaire d’athlétisme, arrive avec une incroyable vitesse. Exténué, il se repose loin des regards avant d’être pris d’assaut par les reporters. Il dédie sa victoire à ses coachs Said Ahmi et Rachid Habchaoui.
“Le parcours était un peu difficile à cause des pentes et des montées. La chaleur aussi a été un élément perturbateur. Mais, globalement, je trouve que ce premier marathon de Sidi Bel Abbès est réussi. Nous souhaitons que la prochaine édition de ce marathon soit internationale”, déclare Hamza Yousfi, natif de la région de Naâma.


Rachid Habchaoui, entraîneur de l’équipe nationale militaire d’athlétisme, confie que son poulain n’a jamais couru le marathon de 42 km. “Sidi Bel Abbès est sa première expérience. Hamza est venu pour courir le semi-marathon. A la dernière minute, il a changé d’avis pour s’engager dans le marathon. C’est la dernière compétition pour lui cette saison. Au championnat national de semi-marathon cette année, il est arrivé en cinquième position, quatrième l’année dernière. Au semi-marathon de Jijel, il a pris la quatrième place, début juin 2023. Ici à Sidi Bel Abbès, je savais qu’il allait terminer la course mais je ne m’attendais pas à ce qu’il entre en premier”, déclare le coach.

Aâmi Abdelkader, 91 ans, doyen des marathoniens

Ahmed Mazouz est venu de Relizane. Il est arrivé parmi les dix premiers au marathon. “Le climat ne nous a pas beaucoup aidés, mais l’athlète doit s’adapter à toutes les situations. J’ai déjà participé à d’autres marathons notamment en Tunisie et en Libye. L’athlète doit avoir confiance en lui-même et entretenir sa forme pour pouvoir s’engager dans les compétitions”, conseille-t-il.


Aâmi Abdelkader, 91 ans, est le doyen des marathoniens. Il entame des exercices de souplesse comme un jeune homme de 20 ans dès la fin de la course. Il étonne les présents par son agilité et sa forme. “Le climat était bon pour ce genre de course”, dit-il, allant à contre sens des autres coureurs. Aâmi Abdelkader est sur les pistes depuis les années 1950.


“Je souhaite que le marathon de Sidi Bel Abbès soit homologué et devienne international avec la participation d’athlètes du monde entier qui vont découvrir les beautés naturelles et touristiques de l’Algérie, un pays de jeunes. Le sport rassemble les peuples”, dit-il.


Il conseille aux jeunes d’adopter une hygiène de vie pour entretenir leur bonne santé en évitant le tabac et en faisant du sport. “L’esprit sain est dans le corps sain. J’ai commencé à courir à l’âge de 12 ans et je continue à le faire à ce jour. Quand on fait du sport, on vieillit mieux. L’amour des autres me permet de garder la forme. Il faut s’entraîner, rien ne peut être réalisé avec facilité”, confie Aâmi Abdelkader.

“La culture a besoin d’attirer quelque peu l’audience qu’a le sport”

Le comédien et metteur en scène Mohamed Frimehdi plaide, de son côté, pour que l’initiative prise à Sidi Bel Abbès d’associer les activités culturelles à la compétition sportive se renouvelle ailleurs dans le pays.


“C’est une initiative différente et originale. Elle rassemble les amateurs de la culture,  de la littérature et de la philosophie avec les adeptes de la pratique sportive. La culture a besoin d’attirer quelque peu l’audience qu’a le sport. Et le sport peut aussi puiser dans la profondeur de la culture et de la pensée. Quand le corps bouge, il réfléchit mieux”, analyse, de son côté, la romancière Rabéa Djalti, présente aussi à Sidi Bel Abbès, accompagnée de son époux l’écrivain et universitaire Amin Zaoui. Amin Zaoui a rencontré des enfants pour parler de littérature.
Comme Mohamed Frimehdi, Rabéa Djalti plaide pour que l’initiative de Sidi Bel Abbès soit reproduite dans d’autres villes du pays.


Vendredi 23 juin, le lac Sidi M’hamed Benali, à moins de deux kilomètres de Sidi Bel Abbès, a connu une activité inhabituelle avec l’organisation du marathon culturel. Les familles venues nombreuses ont assisté à des spectacles de danses populaires, un débat animé par le journaliste et écrivain Abderrezak Boukeba, des expositions d’artisanat et de peinture ainsi que des représentations de théâtre de rue. Des femmes âgées ont préparé du couscous aux saveurs locales, avec légumes et viandes.


Algérie télécom, qui a sponsorisé l’événement, était présente sur les lieux pour vendre ses produits ( internet fibre optique). Le soutien du secteur public à ce genre de projets est vital.


“L’objectif de ce projet est de briser la muraille qui sépare le sport de la culture. Un projet préparé en un temps record, à peine trois mois. C’est un défi. La prochaine édition aura lieu au printemps”, annonce Hmida Ayachi.


En clôture, un concert de musique a rassemblé des centaines de spectateurs au stade du 24 février 1956 de Sidi Bel Abbès, animé par Zahouania et par Cheb Houssem, des stars incontestées du raï. Un rai qui serait “sorti” de Sidi Bel Abbès, selon certains.

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