Abdelmadjid Attar n’est resté que huit mois à la tête du ministère de l’Energie. Il cède le ministère à son prédécesseur, Mohamed Arkab. Il défend son bilan.
Lors de la cérémonie de passation de consignes avec le nouveau ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, lundi 22 février 2021, Abdelmadjid Attar ne s’est pas contenté de prononcer quelques mots, comme c’est l’habitude, mais a pris le temps de présenter son bilan. Une manière de répondre à ceux qui se sont interrogés sur son départ précipité, n’ayant pas dépassé une année à la tête du ministère de l’Energie.
« J’ai obtenu quand même des résultats »
« J’ai travaillé pendant huit mois et j’ai obtenu quand même des résultats. Je suis arrivé au ministère le 23 juin 2020. Le président de la République a fait appel à moi et m’a dit : » je connais votre probité ainsi que votre compétence, et voici ce que vous devez faire ». Il m’a chargé de missions. Ces mots et cette confiance m’ont permis de m’engager à fond. J’ai senti que le président voulait aller vite et changer le pays. Il m’a converti à cela », a déclaré le ministre sortant.
Il a confié avoir abandonné son cabinet de consultant « qui fonctionnait parfaitement bien » pour se consacrer à ses missions de ministre. « Je me suis engagé dans un chantier qui n’est pas terminé mais auquel je fais tous mes vœux pour qu’il puisse aboutir pour le grand bien du pays. Je ne pouvais pas faire mieux que M.Arkab mais juste un peu plus. Je suis sincèrement content qu’il soit lui le nouveau ministre de l’Energie et non quelqu’un d’autre », a souligné Abdelmadjid Attar.
39 textes d’application de la loi sur les hydrocarbures
Il a reconnu avoir engagé une feuille de route inspirée de celle de Mohamed Arkab, « qui connaît bien le secteur », et indiqué avoir poursuivi le chantier de raccordement des zones d’ombre, des périmètres agricoles et des investisseurs en énergie électrique. Il a également évoqué l’accélération de la préparation des textes d’application de la loi 19/13 sur les hydrocarbures du 11 décembre 2019.
Il a annoncé que 39 décrets d’application et 5 documents contractuels ont été élaborés en moins d’une année. « Jamais aucune loi pétrolière n’a vu ses textes d’application établis en moins d’un an. Pour la loi de 1986, sur laquelle j’ai travaillé personnellement, on a mis presque trois ans pour établir les textes. Idem pour la loi de 2006 et de 2013 », a-t-il dit en saluant « la performance » des groupes de travail qui ont préparé les textes.
Appel d’offres sur le partenariat en exploration-production
Abdelmadjid Attar est revenu aussi sur la mise en place d’une task force, présidée par l’agence ALNAFT, chargée de préparer le prochain appel d’offres sur les opportunités de partenariat en exploration-production.
« Ce chantier est avancé et ne reste que l’arbitrage du ministre sur le choix des projets. C’est sensible. C’est ce choix qui va conditionner le succès du prochain appel d’offres. Si jamais, nous faisons les mêmes erreurs qu’avant en choisissant n’importe quel périmètre, nous irons vers un échec », a-t-il prévenu.
Le choix doit, selon lui, se porter sur les périmètres qui contiennent un potentiel, susceptibles d’intéresser les partenaires étrangers. « C’est du succès de ce choix que dépendra le renouvellement des ressources en Algérie », a-t-il averti.
L’Algérie a fait, selon lui, un bon mandat à la tête de l’OPEP puisque les efforts fournis ont permis la stabilité des prix du baril du pétrole (avec une légère augmentation).
Le ministre sortant a fait un plaidoyer pour « une réorganisation de fond en comble » des entreprises et groupes du secteur (Sonatrach, Sonelgaz, etc) pour les focaliser sur leurs métiers d’origine. « Leurs programmes de développement doivent être adaptés à la réalité que vit le pays actuellement. Il est question de réduire la facture d’importation et les dépenses inutiles. Il faut poursuivre ce chantier », a-t-il dit.
Des cadres du ministère de l’Energie « bousculés »
Les chantiers vont, d’après lui, bousculer les habitudes et les comportements. « Mais, il faut les mettre en œuvre quelles que soient les positions, les craintes, les oppositions éventuelles parce qu’il y va de l’intérêt du pays », a-t-il dit.
Il a reconnu avoir « bousculé » quelques cadres du ministère de l’Energie pour faire avancer les chantiers. Il a présenté ses excuses en rappelant avoir fourni des efforts pour donner plus de visibilité au ministère de l’Energie et des agences sur le plan de la communication.
« Je pars tranquille et serein mais j’ai un seul regret c’est de ne pas pouvoir partager avec vous le cinquantenaire du 24 février 1971 (nationalisation des hydrocarbures par Houari Boumediene) que nous avions préparé. J’ai vécu cela sur le terrain avec Sonatrach en tant qu’ingénieur débutant, à TFT (Tin Fouyé Tabankort, gisement gazier à Hassi Messaoud) », a-t-il confié.
Il a demandé aux cadres du ministère de garder le cap car le pays a besoin de leur action. « Je vais sortir, heureux parce que je sais que je vais me reposer. Je vais retrouver ma famille. J’estime que j’ai fait ce que j’ai pu de mieux. Je continuerai à suivre le secteur de l’énergie de l’extérieur, le jour où il faudra donner mon avis sur ce qui se passe à l’intérieur, je le ferai comme d’habitude », a-t-il promis.
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