La diplomatie algérienne marque un grand retour sur la scène arabe avec la signature par une quinzaine de factions palestiniennes d’un accord sur la réconciliation après près de 15 ans de division.
“L’Etat de Palestine a été la cible de tant de crises et complots. Mais, Allah a voulu que nous assistions aujourd’hui à une journée mémorable, marquée par un retour à la normale”, a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, jeudi 13 octobre, au Palais des nations du Club des Pins, à l’ouest d’Alger.
Il a rappelé que la signature de “la Déclaration d’Alger” sur la réconciliation interpalestinienne intervient 40 ans après la proclamation de l’Etat de Palestine par Yasser Arafat, l’historique chef de l’OLP (Organisation pour la libération de la Palestine), dans “la même salle et sous le même toit”.
Le 15 novembre 1988, Yasser Arafat a proclamé la naissance de l’Etat de Palestine devant le Conseil national de l’OLP réuni à Alger, à l’initiative du président Chadli Bendjedid.
“Au nom d’Allah et au nom du peuple arabe palestinien, je proclame l’établissement de l’Etat de Palestine sur notre terre palestinienne, avec pour capitale El-Qods”, avait déclaré le Yasser Arafat.
14 factions palestiniennes signent la Déclaration d’Alger
Devant les factions palestiniennes réunies à Alger, président Tebboune a formulé le voeu de “voir l’établissement d’un Etat palestinien indépendant à part entière sur la base des frontières de juin 1967, avec El Qods pour capitale”.
“La Déclaration d’Alger” a été signée par 14 factions palestiniennes dont le Fatah, le Hamas, le FDLP (Front démocratique pour la libération de la Palestine), le FPLP (Front populaire de libération de Palestine) et Djihad islamique.
La Déclaration d’Alger consacre le principe de partenariat politique entre les différentes forces nationales palestiniennes, “notamment par le biais d’élections, de manière à permettre une large participation aux échéances nationales à venir dans la patrie, mais aussi pour la diaspora”.
Il est ainsi proposé l’organisation d’élections présidentielles et législatives dans un délai ne dépassant pas une année à partir de la signature du document.
Il s’agit également d’élire le Conseil national palestinien à l’intérieur du pays et à l’étranger, “sur la base du système de représentation proportionnelle intégrale, dans un délai n’excédant pas un an”, à compter de la date de signature de la Déclaration.
“Consacrer la réconciliation nationale”
L’Algérie a exprimé la disponibilité à abriter la rencontre du Conseil national palestinien après son élection.
Autre principe contenu dans la Déclaration d’Alger : “prendre des mesures pratiques pour consacrer la réconciliation nationale et de mettre fin à la division, renforcer et développer le rôle de l’OLP et en activer ses institutions, avec la participation de toutes les factions palestiniennes, étant le seul représentant légitime et incontournable du peuple palestinien”.
Les efforts de l’Algérie et du président Tebboune pour réconcilier les palestiniens ont été salués par les factions palestiniennes dans la Déclaration d’Alger, lue, à l’occasion, par l’ambassadeur de Palestine à Alger, Fayez Mohamed Mahmoud Abu Aita.
L’initiative de faire réunir en Algérie les différentes factions palestinienne a été lancée en décembre 2021 à la faveur de la visite à Alger du président palestinien Mahmoud Abbas. Les tractions entre factions palestiniennes ont duré neuf mois en Algérie, entre janvier et septembre 2022, pour aboutir à la Déclaration d’Alger du 13 octobre 2022.
Cette Déclaration précède la tenue à Alger du 32 ème sommet arabe prévu le 1 et 2 novembre 2022.
Les 9 principes de “la Déclaration d’Alger”
1- Mettre en avant l’importance de l’unité nationale comme base de toute résistance à l’occupation, à même de réaliser les objectifs légitimes du peuple palestinien, tout en adoptant la voie du dialogue et de la concertation pour résoudre les différends sur la scène palestinienne, dans le but de permettre à tous d’adhérer à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant légitime du peuple palestinien.
2- Consacrer le principe de partenariat politique entre les différentes forces nationales palestiniennes, notamment par le biais d’élections, de manière à permettre une large participation aux échéances nationales à venir dans la patrie mais aussi pour la diaspora.
3- Prendre des mesures pratiques pour consacrer la réconciliation nationale et mettre fin à la division.
4- Renforcer et développer le rôle de l’OLP et en activer les institutions, avec la participation de toutes les factions palestiniennes, étant le seul représentant légitime et incontournable du peuple palestinien.
5- Elire le Conseil national palestinien à l’intérieur du pays et à l’étranger, sur la base du système de représentation proportionnelle intégrale, conformément à la formule consensuelle et aux lois adoptées avec la participation de toutes les forces palestiniennes dans un délai n’excédant pas un an, à compter de la date de signature de la présente Déclaration.
6- Accélérer l’organisation d’élections générales présidentielle et législatives dans la Bande de Ghaza et en Cisjordanie, y compris à El-Qods, capitale de l’Etat de Palestine, conformément aux lois en vigueur, dans un délai ne dépassant pas un an à compter de la date de signature de la présente Déclaration.
7- Fédérer les institutions nationales palestiniennes et mobiliser les énergies et les ressources disponibles nécessaires pour mettre en œuvre des projets de reconstruction et renforcer l’infrastructure et le tissu social du peuple palestinien afin de soutenir sa résistance face à l’occupation israélienne.
8- Activer le mécanisme des Secrétaires généraux des factions palestiniennes pour suivre la fin de la division et la réalisation de l’unité nationale et du partenariat politique national.
9- Un groupe de travail algéro-arabe sera chargé de superviser et de suivre la mise en œuvre des clauses du présent accord, en coopération avec la partie palestinienne et sous la supervision de l’Algérie.
Bonjour
Je suis d’accord avec le titre de cet article : c’est une bonne réussite pour la diplomatie algérienne. Ceci est à mettre au crédit de M. Lamamra et de ses équipes, car il n’est pas évident de réussir une telle initiative politique, compte tenu des fractures politiques qui minent depuis des années les mouvements palestiniens.
Le fait de remettre l’OLP dans l’échiquier du jeu politico-diplomatique est un point central, notamment pour les futures négociations. Espérons juste que le Hamas acceptera longtemps un tel compromis, vu ses velléités hégémoniques.
Maintenant, aux États amis de la Palestine de mettre réellement leurs diplomaties au service de la création d’un véritable État palestinien, loin des calculs politiciens étroits. L’Algérie vient de leur défricher le terrain et de leur montrer le chemin à suivre.