Affaire Pegasus: les Etats accusés d’espionnage tentent de riposter

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Affaire Pegasus : le roi savait, selon un journaliste marocain
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Les Etats accusés d’espionner leurs citoyens ou d’autres pays avec le logiciel israélien Pegasus tentent de riposter, mais peinent à convaincre.

Plusieurs pays réagissent à l’affaire Pegasus


Arabie Saoudite


L’Arabie Saoudite a démenti l’utilisation du logiciel espion développé par la société israélienne NSO Group et qui s’introduit sans être détecté dans les smartphones pour en récupérer tout le contenu . « Ces allégations sont infondées, et l’approche et la politique du Royaume sont cohérentes et n’approuvent pas de telles pratiques », a déclaré un responsable saoudien, sous couvert d’anonymat, cité par l’agence SPA.


Dans l’enquête menée par 80 journalistes, coordonnée par Forbidden Stories avec le soutien technique du Security Lab d’Amnesty International, le nom de l’Arabie Saoudite est clairement apparu. Près de 800 numéros de téléphone  d’opposants et de journalistes ont été infectés par Pegasus.


L’enquête a révélé que la famille du journaliste opposant Jamal Khashoggi était espionnée par Pegasus avant et après son assassinat à Istanbul en octobre 2018, à l’intérieur du consulat saoudien. Selon le site d’information libanais Daraj, qui a participé à l’enquête sur Pegasus, Riyad aurait ciblé le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri et son porte-parole Ahmed Hafez durant la période allant de mars à août 2019.


Depuis 2017, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) est souvent accusé par les organisations de défense des droits humains de traquer les opposants sur les réseaux sociaux et de mettre sur écoute leurs téléphones.


Selon le journal français Le Monde, qui a participé à l’enquête aussi, NSO Group aurait annulé « le contrat » avec Riyad en 2020 pour… « des préoccupations liées aux droits de l’homme ».  


Emirats arabes unis


Comme l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ont également démenti avoir utilisé le logiciel Pegasus. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de ce pays a déclaré, dans un communiqué, que « les allégations formulées dans de récents articles de presse affirmant que les Émirats arabes unis font partie d’un certain nombre de pays accusés de surveiller le ciblage de journalistes et d’individus sont infondées et catégoriquement fausses ».


Selon Le Monde, les Emirats arabes unis sont devenus « un poids lourd de l’espionnage numérique ». Au moins 10.000 numéros de téléphones ont été infectés par Pegasus aux Emirats arabes unis.


« Après avoir mis sous surveillance ses propres citoyens, Abou Dhabi a aussi utilisé le logiciel espion contre des étrangers, notamment de hauts dirigeants libanais, irakiens et yéménites », a écrit le quotidien français.


D’après les enquêteurs, la princesse Latifa, fille de l’émir de Dubaï Mohammed ben Rachid Al Maktoum, a été ciblée par Pegasus en 2018 avant sa tentative de fuite à bord d’un yacht avec une finlandaise et un français.


« Dans les jours avant que des commandos traînent la princesse Latifa de son yacht de fuite dans l’océan Indien, son numéro a été ajouté à une liste qui comprenait des cibles du puissant logiciel espion », a révélé le Washington Post qui a participé à l’enquête .  


En août 2020, le journal israélien Haaretz a rapporté, sans être démenti, que NSO Group a vendu aux Emirats arabes unis et à l’Arabie Saoudite le logiciel Pegasus 3 (troisième version) contre « des millions de dollars ».  


« NSO travaille avec des organismes officiels dans les pays uniquement, mais ne fait pas de distinction entre les démocraties et les dictatures comme les États du Golfe », a souligné le journal.


Maroc


Accusé d’avoir espionné des responsables et des journalistes algériens et français, le Maroc a, lui aussi, vivement réagi.


Il a décidé de déposer plainte à Paris contre Forbidden Stories et Amnesty International à l’origine des révélations. Selon Le Parisien, Le Maroc et son ambassadeur en France, Chakib Benmoussa ont mandaté l’avocat Olivier Baratelli pour délivrer deux citations directes « en diffamation » contre ces deux organisations. Intervenant sur la chaîne française BFMTV, Olivier Baratelli  a parlé de « rumeurs infondées ».


 « Il est ubuesque d’imaginer que le Royaume du Maroc ait pu placer sur écoute, entendre ou infecter un téléphone comme celui du chef de l’Etat français. Le Maroc nie catégoriquement les allégations dont il fait l’objet. NSO n’a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux avec le Maroc », a-t-il déclaré.


« Le Maroc est l’un des clients du logiciel Pegasus conçu par l’entreprise israélienne NSO Group. Il en fait un usage démesuré, qui viole les droits fondamentaux. D’après les données récoltées dans le cadre du Projet Pegasus, sur les 50 000 cibles potentielles du logiciel espion, le Maroc aurait, à lui seul, ciblé 10 000 numéros de téléphone », a accusé Amnesty International.


Le Maroc, selon les enquêteurs, a ciblé de hauts responsables algériens et français. Le président français Emmanuel Macron serait lui même sur la liste des cibles. Idem pour l’ancien Premier ministre Edouard Philippe.


Selon le journal américain Politico, le président français a décidé de changer de téléphone et de numéro, et a demandé que « tous les protocoles de sécurité soient renforcés parallèlement aux opérations techniques en cours ».


L’Algérie, qui a dénoncé l’affaire d’espionnage, a, pour sa part, décidé d’ouvrir une enquête judiciaire. « À la lumière de ce qui a été rapporté par certains médias nationaux et internationaux et des rapports élaborés par les gouvernements de certains pays au sujet d’opérations d’espionnage et d’écoutes téléphoniques ciblant des citoyens et des personnalités algériens par le biais de logiciels espions conçus à cet effet, le Parquet général a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire pour enquêter sur ces faits », a annoncé le Parquet d’Alger.

Hongrie


Cité également par les enquêteurs, la Hongrie a également réagi. « À la suite de plusieurs plaintes, le bureau du procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête sur le recueillement potentiel non autorisé d’informations confidentielles », a indiqué le parquet dans un communiqué, repris par la presse hongroise.


L’opposition a réclamé une enquête indépendante.


D’après les révélations de Forbidden Stories et Amnesty international, 300 smartphones d’avocats, d’élus, d’hommes d’affaires et de journalistes ont été ciblés par Pegasus. La Hongrie est le seul pays européen à être cité parmi « les clients » de NSO.

Pour rappel, les médias partenaires qui ont enquêté sur le Pegasus Project sont : The Guardian (Grande Bretagne), Le Monde (France), Daraj (Liban),  The Washington Post (Etats Unis), Radio France, Süddeutsche Zeitung (Allemagne), Le Soir (Belgique), The Wire (Inde),  Die Zeit (Allemagne), Aristegui Noticias, Proceso (Mexique), OCCRP, Knack (Belgique), Haaretz/TheMarker (Israël), Direkt 36 (Hongrie) et  PBS Frontline (Etats Unis).

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