Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a coprésidé, ce jeudi 7 septembre à Ankara, avec son homologue turc, Hakan Fidan, les travaux de la deuxième session de la commission mixte algéro-turque de la planification.Les représentants d’une quinzaine de secteurs ministériels des deux pays ont participé à cette session : la culture, l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la justice, la défense, l’agriculture, l’énergie, les transports, l’industrie, le commerce, les finances, la pêche, les travaux publics et les infrastructures de base.
« Nous avons procédé à une large révision de tous ces secteurs, étudié les questions sur lesquelles nous sommes d’accord et décidé d’approfondir l’étude de celles sur lesquelles, il y a des visions différentes. Des hommes d’affaires turcs travaillent déjà en Algérie. Et nous fournissons des efforts pour augmenter le volume des investissements en Algérie et contribuer au règlement des difficultés liées au financement (des projets) », a déclaré le ministre des Affaires étrangères turc.
Et d’ajouter : « Nous sommes favorables pour la coproduction industrielle et pour l’exportation conjointe des produits vers des pays africains ». Il a annoncé que des décisions seront prises pour intensifier la coopération entre les deux pays lors de la prochaine visite du président Recep Tayyip Erdogan en Algérie, en octobre 2023.
« Relations historiques et authentiques »
Les travaux de la deuxième session de la commission mixte algéro-turque de la planification se sont penchés, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, sur l’évaluation de l’avancée enregistrée dans la mise en œuvre des décisions prises par les présidents Tebboune et et Erdogan, « depuis la tenue de la première session du Conseil de coopération de haut niveau en mai 2022.
Il s’agissait aussi de préparer la tenue de la deuxième session de ce Conseil prévue en octobre 2023 à la faveur de la visite du président Erdogan. Ahmed Attaf a, pour sa part, estimé que les relations algéro-turques connaissaient un fort élan et une évolution notable au double plan politique et économique. « Une évolution sans précédent dans les relations entre les deux pays. Une relation qui s’étend et s’élargit à tous les secteurs et domaines. Les secteurs du fer, de l’acier et le textile, la construction et les travaux publics marquent la réussite de notre partenariat bilatéral », a-t-il dit. Il a qualifié les relations avec la Turquie d’historiques et d’authentiques.
Il a indiqué que le partenariat économique entre les deux pays comprend de nouveaux secteurs à l’image des énergies renouvelables, des mines, de l’agriculture saharienne, de la production pharmaceutique.
1500 entreprises turques activent en Algérie
« Nous poursuivons nos efforts pour élargir ce partenariat à d’autres domaines tels que la culture, l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et la santé. Cela contribuera à consolider les dimensions humaines de notre relation », a-t-il déclaré. Il a rappelé la volonté des deux pays pour augmenter les investissements turcs en Algérie afin d’atteindre la barre de 10 milliards de dollars à moyen terme.
« L’Algérie est le deux partenaire commercial de la Turquie en Afrique avec des échanges dépassant en valeur les 5 milliards de dollars. L’Algérie est devenue la première destination des investissements directs turcs dont la valeur actuelle dépasse les 6 milliards de dollars. Aussi, la Turquie est le premier investisseur étranger en Algérie en dehors du secteur des hydrocarbures. Il existe actuellement en Algérie 1500 entreprises turques couvrant plusieurs secteurs et assurant plus de 3000 postes d’emplois », a détaillé Ahmed Attaf.
Il a annoncé que les deux Etats préparent plusieurs accords liés à des secteurs tels que le commerce, l’investissement, l’énergie, l’enseignement et la culture. Des accords qui seront signés lors de la prochaine visite du président turc en Algérie.
« Développements dangereux dans la région sahélo-saharienne »
Ahmed Attaf a évoqué l’existence d’un consensus politique algéro-turc autour des principaux dossiers régionaux et internationaux d’intérêt commun : « il se consolide et se renforce à travers l’engagement commun en faveur des principes et des valeurs consacrés dans la charte des Nations unies, ainsi qu’à travers nos démarches inlassables visant à faire prévaloir la logique du dialogue et de la négociation en vue de résoudre les crises et conflits, quel que soit le degré de leur complication ou le niveau de leur gravité ».
Et d’ajouter : « J’ai partagé avec le président Erdogan et le ministre Hakan Fidan la vision analytique de l’Algérie sur les développements dangereux que connaît la région sahélo-saharienne, ainsi que la profonde préoccupation face à la détérioration accélérée de la situation dans cet espace régional, devenu le foyer du plus grand nombre de tensions et de conflits dans le monde ».
Ahmed Attaf a déclaré avoir fait part aux responsables turcs de l’Initiative politique du président Tebboune proposant un règlement pacifique de la crise « provoquée par le changement anticonstitutionnel au Niger », et de ses efforts tendant à « renforcer l’approche de développement global face aux défis multidimensionnels qui s’imposent aux pays et aux peuples de cette région, des efforts qui ont été grandement salués et soutenus par la Turquie ».
« Sans arrière-pensées colonialistes »
Ahmed Attaf a regretté, en réponse à une question d’une journaliste turque, que « la solution militaire » pour la crise au Niger ait pris une dimension. Il a précisé que l’initiative algérienne vise à montrer qu’il existe encore la voie pacifique pour régler cette crise.
« Toute la région est devenue un arc en feu, de la mer rouge à l’ancien atlantique, le Soudan, le Tchad, la Libye, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Sahara Occidental. L’initiative algérienne vise à sauvegarder la sécurité et la stabilité dans cette région. Nous avons retenu toutes les leçons de ce qui s’est passé en Libye, un pays voisin. Où en est la Libye après l’intervention militaire (en 2011) ? Seule la solution pacifique sert les intérêts de la région », a-t-il insisté.
Après avoir qualifié les relations avec l’Algérie de stratégique, le chef de la diplomatie turque a, pour sa part, indiqué qu’Alger et Ankara sont prêts à apporter leurs contributions pour la solution des problèmes politiques en Afrique.
« La série de coups d’État a malheureusement provoqué ces dernières années des situations que nous ne voulons pas vivre en Afrique », a noté Hakan Fidan. Il a accusé « les puissances impérialistes » de s’immiscer dans les affaires internes des pays africains et d’attiser les crises politiques. La Turquie a, selon lui, renforcé ses relations avec le continent africain faisant passer le nombre de ses ambassades de 12 à 46, ces dernières années. Il a également cité l’ouverture de dessertes aériennes vers l’Afrique par Turkish Airlines, la consolidation de la coopération culturelle et économique avec les pays africains, l’augmentation de l’assistance technique dans plusieurs dommaines, l’intérêt pour l’industrie de défense et la lutte contre le terrorisme « sans arrière-pensées colonialistes ».
Ahmed Attaf a, pour rappel, été reçu par le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie (Parlement), Numan Kurtulmus. Les deux responsables ont passé en revue l’évolution qualifiée de qualitative des relations algéro-turques et « les perspectives de leur élargissement continu, notamment dans le domaine parlementaire ».