Ahmed Attaf, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, a dressé, ce lundi 30 décembre 2024, le bilan de l’action diplomatique algérienne durant l’année qui s’achève.
« Le grand titre de cette année est le renforcement du déploiement de la diplomatie algérienne, la consolidation de sa position et de son rôle sur les plans régional et international. L’année a été marquée par la recrudescence et l’exacerbation des conflits et des guerres dans un contexte mondial tendu, sans pareil, depuis la guerre froide. Nous devions nous adapter à ces mutations », a déclaré Ahmed Attaf, lors d’une conférence de presse, organisée au siège du ministère des Affaires étrangères, à Alger.
Il a précisé que la diplomatie algérienne a renforcé sa position dans les espaces d’appartenance arabe, africaine, islamique et méditerranéenne et en dehors de ces espaces. « Avec tous les développement et transformations survenus durant l’année 2024, les relations internationales connaissent une évolution dangereuse. Il y a d’abord l’exagération dans le recours à la force, ensuite la violation du droit international et le mépris de la légalité internationale en toute impunité, comme moyen d’imposer la domination et l’arrogance sur autrui et enfin, la mise à l’écart et l’affaiblissement du rôle des organisations internationales, à leur tête l’ONU. Il s’agit là d’un acte de fragmentation de la communauté internationale pour instaurer un nouvel ordre caractérisé par l’introversion, l’égocentrisme et l’unilatéralisme. Cette une nouvelle réalité a eu des répercussions sur le monde entier, particulièrement la région arabe et l’Afrique « , a-t-il soutenu.
« Nous sommes face à des défis existentiels… »
Il a cité l’agression israélienne contre la population civile à Ghaza depuis plus d’une année. « L’entité sioniste sème au Moyen-Orient la terreur, le chaos et la destruction. Les pays arabes connaissent des guerres qui s’aggravent et qui déchirent l’unité de leurs enfants. Nous sommes face à des défis existentiels à l’heure actuelle. La région du Sahel saharien connait aussi un cumul de crises, une augmentation des ingérences étrangères, un élargissement du cercle de la pauvreté et de la misère et une propagation du terrorisme et du radicalisme violent. D’autres régions africaines font face à des tensions et des divisions », a-t-il averti.
Ahmed Attaf a évoqué l’action menée par l’Algérie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent au moment où le contexte mondial est alourdi par les menaces et les défis.
« L’Algérie œuvre en permanence en faveur des pays et peuples arabes et africains et défend leurs intérêts et leurs aspirations. Les efforts déployés par l’Algérie au cours de la première année de son mandat au Conseil ont été appréciés et salués par la majorité des pays arabes et africains, d’autant plus que ces efforts ont été menés en totale coordination avec les parties concernées ainsi que la Ligue arabe et l’Union africaine (UA) », a noté Ahmed Attaf.
Il a estimé que l’Algérie consacre son mandat au Conseil de sécurité à « la défense des causes justes, en tête desquelles les causes palestinienne et sahraouie, afin de défendre les droits nationaux inaliénables des peuples palestinien et sahraoui conformément à la légalité internationale ».
« Relancer le dossier de l’adhésion pleine et entière de l’Etat de Palestine à l’ONU »
Ahmed Attaf a rappelé également les efforts de l’Algérie pour imposer un cessez-le feu à Ghaza et apporter des secours aux palestiniens. « Il s’agit aussi de briser le mur de l’immunité qui profite à l’occupant israélien et de relancer le dossier de l’adhésion pleine et entière de l’Etat de Palestine à l’ONU, en tant qu’élément incontournable de la solution à deux Etats consacrée par la légalité internationale en vue de parvenir à une paix juste, durable et définitive au Moyen-Orient », a-t-il souligné.
La résolution 181 des Nations unies propose depuis novembre 1947 la solution des deux Etats avec le partage de la Palestine mandataire et un statut particulier à El Qods.
Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué qu’Israël a ouvert plusieurs autres fronts, après l’agression contre Ghaza, au Liban, en Syrie, en Iran et au Yémen. « L’Algérie n’a eu de cesse, en coordination avec ces pays frères, d’assumer pleinement ses responsabilités en tant que seul membre arabe au Conseil de sécurité », a-t-il noté.
Il a rappelé que la position de l’Algérie par rapport au dossier du Sahara Occidental est fondée sur des principes historiques irréfutables. « La question sahraouie demeure une question de décolonisation, d’où l’impératif de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination. La présence marocaine sur les territoires sahraouis constitue une occupation qui ne peut être acceptée en tant que fait accompli », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « toute proposition de solution qui va à l’encontre de ces faits établis n’est qu’une mystification et une manœuvre à l’image de la pseudo autonomie, dont les intentions et les visées sont connues de tous. Le peuple sahraoui est le seul propriétaire de son territoire ».
« L’Algérie est une force de proposition positive »
Rabat refuse le projet d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, comme cela est préconisé par la légalité internationale, et propose « un plan d’autonomie », soutenu par certaines capitales européennes comme Paris.
« Il est primordial de se tourner vers ce peuple et de consulter ses représentants, au lieu de quémander le soutien dans le monde entier pour un pseudo plan qui n’a jamais été soumis à l’appréciation des concernés, à savoir le peuple sahraoui, un peuple qui, après presque un demi siècle, n’a pas vu sa détermination faiblir ni sa volonté s’éteindre pour recouvrer tous ses droits », a constaté Ahmed Attaf.
L’Algérie est, selon lui, une force de proposition positive qui contribue à combler les fossés et les divisions parmi les membres permanents du Conseil de sécurité. « L’Algérie a réussi largement à atteindre cet objectif en œuvrant à unifier la voix et l’influence du groupe des dix pays élus (membres non permanents). L’Algérie a œuvré à renforcer la cohésion africaine au sein du Conseil de sécurité », a-t-il dit.
Il a précisé que le groupe des dix a pris l’initiative de plusieurs résolutions dont celle relative à la cause palestinienne.
À compter du 1er janvier 2025, le Conseil de sécurité sera composé, en plus des membres permanents, des membres non permanents suivants: l’Algérie, le Danemark, la Grèce, le Guyana, le Pakistan, le Panama, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie.
Ahmed Attaf a évoqué, par ailleurs, l’impératif de promouvoir les principes du droit international et des décisions de la légitimité internationale dans toutes les actions de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité, ainsi que « d’œuvrer à réhabiliter la place et le rôle vital de l’ONU dans la résolution des conflits par des moyens pacifiques et négociés ». Il a indiqué qu’il s’agit là d’instructions données par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.
L’Algérie prendra la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU à partir du 1 janvier 2025
« La droit international doit être la boussole de tous. L’ONU reste un cadre rassembleur qui doit jouer pleinement son rôle à activer les règles du droit international et garantir qu’il soit respecté par tous. Notre conviction est que le destin de l’Humanité reste liée à celui des Nations Unies, un acquis précieux », a-t-il dit.
Contrer les menaces qui guettent l’humanité exige, selon lui, de doter l’ONU de tous les moyens pour assumer ses missions à l’échelle planétaire.
Ahmed Attaf a annoncé que l’Algérie prendra la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU à partir du 1 janvier 2025. A ce titre, l’Algérie continuera, selon lui, à braquer les projecteurs sur la cause palestinienne, sur les développements au Moyen Orient, sur la lutte contre le terrorisme en Afrique. « Le terrorisme est aujourd’hui la plus grande menace de la sécurité et de la stabilité des Etats africains », a-t-il noté.
Au plan régional, Ahmed Attaf a évoqué la création d’un cadre tripartite de concertation réunissant trois pays maghrébin, l’Algérie, la Libye et la Tunisie. Le prochain sommet de ce mécanisme aura lieu au début de l’année prochaine à Tripoli. Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les visites du président Abdelmadjid Tebboune en Tunisie et en Mauritanie et la venue des présidents de ces deux pays voisins en Algérie ainsi que celui de la RASD.
« Au Sahel, l’Algérie a veillé à être un élément d’apaisement et de stabilité à travers les ponts d’entraide et de solidarité avec les pays du voisinage. La main de l’Algérie reste tendue aux pays frères. La stabilité, la sécurité et le progrès de cet espace font partie de la stabilité, de la sécurité et du progrès de l’Algérie », a-t-il souligné.
L’ambassade d’Algérie à Damas est toujours ouverte
Il a également évoqué les relations avec les pays arabes avec la visite effectué par le président Abdelmadjid Tebboune en Egypte et au Sultanat d’Oman. « Quant à l’action arabe commune, l’Algérie continue de plaider pour la réforme de la Ligue arabe qui est l’une des plus anciennes organisations gouvernementales au monde et qui n’a jamais connu de changement dans son histoire. Sur le plan continental, l’Algérie a continué ses efforts pour consolider les relations bilatérales surtout avec la venue en Algérie des dirigeants du Sierra Leone, du Soudan, du Mozombique et d’Afrique du Sud », a-t-il relevé.
Il a évoqué l’action menée actuellement par l’Algérie pour donner à l’Afrique deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU afin de « réparer une injustice historique » à l’égard du continent, et d’avoir plus de sièges de membres non permanents dans le même conseil.
Ahmed Attaf a annoncé que l’ambassade d’Algérie à Damas fonctionne d’une manière normale et que l’Algérie reconnait les Etats, pas les gouvernements.
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