Ahmed Benyoucef Stambouli, l’un des plus illustres artistes peintres algériens, est décédé, vendredi 17 juillet 2020, à l’âge de 64 ans, deux jours seulement après la mort d’un autre plasticien algérien de renom, Ammar Allalouche.
Ahmed Stambouli a été inhumé, samedi 18 juillet 2020, au cimetière de Sidi Braham, à Miliana, sa région natale. Formé à l’Ecole des beaux-arts de Paris, Ahmed Stambouli a enseigné à l’Ecole régionale des beaux arts de Mostaganem dont il avait pris la direction pendant un certain temps. Il a également assuré des cours à l’université de Mostaganem et a milité au sein de l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) pour une reconnaissance de l’activité picturale en Algérie.
Il regrettait que les Musées en Algérie ne s’intéressaient pas aux travaux des plasticiens algériens. « Les Musées ne donnent ni de l’importance ni de la valeur à notre art. Mais, nous continuons de travailler pour laisser des empreintes aux générations futures et à l’Histoire. C’est une bataille pour imposer notre existence », a-t-il confié, dans une interview accordée à l’artiste et critique Mohamed Boukerch en 2016.
Des tableaux d’Ahmed Stambouli, surnommé le Picasso algérien, sont présents dans des Musées européens et maghrébins en Allemagne, en Italie, en France, en Tunisie et ailleurs. Au Maghreb, Ahmed Stambouli, attaché aux signes culturels amazighs et africains, était connu en Tunisie et en Libye où il a exécuté plusieurs travaux et participé à des expositions. Comme Ammar Allalouche, Ahmed Stambouli a vécu pendant plus de dix ans en Tunisie où il avait rencontré des artistes du Moyen-Orient et adhéré à l’Union tunisienne des arts plastiques.
«Graphisme primitif»
En Algérie, il a son actif de nombreux fresques murales faites à Ghardaia, Ain Defla et d’autres villes. Il s’inspirait de ce qu’il appelle l’art de la rue, de « la démarche » créative spontanée des enfants exprimée parfois sur les murs de la ville et des jeux comme la marelle. Il citait souvent l’exemple de sa fille Hadil. «Elle me dépassait par ses petits dessins. Et je regardais ce ques les enfants faisaient. Je voulais faire venir ces enfants chez moi à travers mes toiles en faisant un mélange entre ce qu’ils dessinent et ma propre expression », a-t-il expliqué en parlant de « graphisme primitif ».
Il ne considérait nullement les dessins des enfants comme du gribouillage. Lors de ses dernières expositions, aux Ateliers Bouffée d’art et à la Galerie Mohamed Racim, à Alger, en 2019 et en 2018, il a présenté des toiles traduisant ce désir de mêler les dessins d’enfants aux symboles culturels des temps anciens.
Il a intitulé l’une de ses expositions, «Regard d’enfant». Dans un tableau, il se rappelait que son père ne lui avait pas acheté un vélo ! Il cherchait parfois dans ses travaux à souligner aussi l’appartenance civilisationnelle des algériens, parlait souvent de la nécessité de « faire revivre » les anciennes civilisations dans les tableaux de peinture et de plonger aussi loin que possible dans les arts premiers. L’art rupestre est d’ailleurs fort présent dans les travaux d’Ahmed Stambouli, fortement attaché aux couleurs brunes de la terre et du sable et au mouvement.
« Aller à la source de l’inspiration »
« Tout ce qui est électronique et photoshop me dépassent. Je souhaite exprimer mes sentiments et je ne veux pas que la machine travaille à ma place. Il faut monter graduellement dans le monde de l’art, ne pas précipiter les choses », conseillait-il les jeunes artistes. Ahmed Stambouli n’aimait pas « le copier-coller » dans l’art.
Aussi, faisait-il souvent un plaidoyer pour la création. « Il faut avoir la force créative en allant à la source de l’inspiration. Il faut aussi avoir de l’intelligence artistique. Il ne s’agit pas de mettre une couleur à côté d’une autre. Certains alignent des diplômes universitaires mais ne présentent pas de travaux artistiques. C’est une mode. J’ai plus de 60 ans, et j’ai toujours envie d’apprendre, je me considère comme un élève, un débutant », disait-il.
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