Ahmed Taibaoui, lauréat du meilleur roman arabe et universitaire : »le roman est un art et l’art, par essence, est subjectif »

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Ahmed Taibaoui, lauréat du meilleur roman arabe et universitaire :"le roman est un art et l'art, par essence, est subjectif"
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L’écrivain algérien Ahmed Taibaoui a décroché le prix du meilleur roman arabe pour « Bab El Oued »,à la 42ème édition de la Foire internationale du livre de Sharjah, aux Emirats arabes unis. « Bab El Oued », un roman de 268 pages écrit en arabe,  est paru aux éditions Echourouk au Caire. Il narre l’histoire de Kamel qui part à la recherche de son père, partagé entre l’Algérie et la France. 24 H Algérie a rencontré Ahmed Taibaoui au 26 ème Salon international du livre d’Alger (SILA), clôturé, samedi 4 novembre 2023, au Palais des expositions des Pins maritimes, à l’Est d’Alger. Interview.  


24H Algérie: D’abord, une réaction après l’obtention de ce prix qui, pour vous, est le quatrième depuis 2011. En 2021, par exemple, vous avez décroché le prix Najib Mahfoud de littérature attribué par l’université américaine du Caire en Egypte pour votre roman « La disparition de M. Personne » (إختفاء السيد لا أحد) ?


Ahmed Taibaoui: Je ne peux qu’être heureux par cette distinction et par le fait que mon texte soit bien accueilli. Une distinction permet de braquer la lumière et d’attirer l’attention des lecteurs sur une œuvre et sur un auteur. Cela ne veut pas dire que c’est un gage de qualité mais un prix c’est toujours bon pour la vente des livres(…) En Algérie, il y a des prix littéraires. Dans le prix Assia Djebar, il existe trois langues (arabe, tamazight et français). Et le prix Ali Maâchi est limité par l’âge. Il existe le prix Mohammed Dib mais qui n’a pas grand écho. L’attribution d’un prix littéraire doit être mieux organisée avec un comité permanent, une valeur financière importante et une bonne communication.


Les médias peuvent donner du prestige à un prix, à une œuvre et à un auteur. Je pense qu’il faut réfléchir à de nouveaux mécanismes pour l’attribution des prix littéraires. L’Algérie est un grand pays et mérite d’avoir un grand prix littéraire. Aujourd’hui dans le monde, les grands salons et foires ont leurs propres prix. L’annonce se fait le premier jour de la manifestation ce qui booste les ventes de l’œuvre primée. Il faut peut-être instituer cette tradition chez nous en mettant tous les moyens nécessaires.  


Bab El Oued est un quartier populaire à Alger. Quelle est la trame du roman ? Est-elle liée au lieu ?

Je ne vais pas fournir des détails sur le roman. C’est un roman qui couvre une période historique de l’Algérie allant de l’après deuxième guerre mondiale jusqu’au années 2010-2015. Les personnages sont divers, un radical repenti, des femmes puissantes en perdition…Le héros est Kamel qui part à la recherche de son père. C’est une quête des racines, de l’identité. Une identité partagée entre deux rives de la Méditerranée. Mon roman n’est pas historique, je souhaite qu’il soit bien accueilli par les lecteurs.

Et pourquoi le choix de Bab El Oued ?

Beaucoup de romanciers choisissent des lieux et des villes bien connus dans leurs écrits comme l’américain Paul Auster pour New York ou l’égyptien Naguib Mahfouz pour le Caire…Donc, ce n’est pas une nouveauté dans l’écriture littéraire. Bab El Oued est l’un des plus anciens quartiers d’Alger. Il y a aussi de la symbolique dans le titre. On peut ouvrir une porte sur une rivière qui va nous emporter ou sur la source même de la rivière. Le lecteur va tout découvrir dans le roman. Le romancier ne doit pas concurrencer le photographe ou le cameraman pour restituer les images du quartier. Le romancier tente d’explorer la profondeur des lieux. Bab El Oued est passé du statut d’un quartier colonial à celui de populaire.

En Algérie, le roman est l’un des livres les plus demandés par les lecteurs. Le roman algérien se porte-t-il bien ?

Certains pensent qu’il existe beaucoup de romanciers et peu de romans. Mais, il ne faut pas être trop dur. Il y a des jeunes écrivains qui commencent péniblement avec des romans mal écrits ou peu élaborés mais qui vont s’améliorer au fil de l’écriture. L’écriture romanesque a besoin de maturité. Et, il y a des romanciers consacrés qui ne réussissent pas tout le temps leurs textes. Donc, ce n’est pas totalement noir. Même si, la quantité domine actuellement la qualité. En ce qui me concerne, je veille à respecter le goût et l’esprit du lecteur. Le roman est un art et l’art, par essence, est subjectif. Une subjectivité qui n’est pas le reflet de ce que je pense. Dans mes romans, j’évoque la société, les préoccupations existentielles, les problèmes des jeunes et des femmes…in fine, il s’agit de s’approcher de l’humain loin de l’idéologie, des préjugés, de l’alignement…

En Algérie, un écrivain ne peut pas vivre des ventes de ses livres. Vous le dites souvent, vous qui êtes enseignant à l’université et qui êtes à votre sixième roman…

Oui, c’est bien le cas. Il y a un grand problème lié à la distribution des livres, au manque de librairies en Algérie. Le lectorat s’affaiblit en raison du pouvoir d’achat et des pressions économiques (…) J’ai préféré éditer mon roman « Bab El Oued » pour lui assurer une meilleure distribution dans les pays arabes. M

alheureusement, nos maisons d’édition  ne participent pas dans les salons et foires à l’étranger. Et le livre algérien reste en Algérie.Et même à l’intérieur du pays, le livre est mal distribué.

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