16H30. Le parking de la plage El-Kadous, dans la commune Ain Taya, affiche complet. Du haut de la pente qui mène à la plage, le sable est invisible. Des parasols de différentes couleurs cachent tout le rivage. Les estivants, qui arrivent et se suivent, à bord de leurs véhicules, s’arrêtent, observent puis se décident: partir ailleurs à la recherche d’un coin moins fréquenté ou bien se hasarder à descendre vers la plage. Ils le font sous les regards tantôt curieux tantôt suspicieux d’un gendarme assis à l’ombre, en train de fouiner dans son smartphone.
Dans l’afflux massif de véhicules chacun tente de déployer sa tactique. Ceux qui sont en quête de confort ou craignent ce “fichu Covid” prennent la gauche, vers la “plage des canadiennes”, à une centaine de mètre à l’ouest d’El Kadous. Mais ils déchantent vite, la route est bondée et de longues files de véhicules attendent sur les deux côtés de la route, jusqu’à l’entrée de la plage. Des automobilistes téméraires décident d’aller vers le parking déjà bondé où de nombreux véhicules sont en attente. D’autres vont prospecter ailleurs. Certains habitués de la place de Tarfaya, garent au bord de la route et poursuivent à pied vers la plage. Les gendarmes qui d’habitude les contraignent à faire demi-tour sont absents.,
Les plages ont été “progressivement” rouvertes samedi 15 août 2020, tout comme d’autres lieux de détente, jardins et parcs, ainsi que les restaurants ou les cafétérias. Le Premier ministère avait publié un dispositif sanitaire pour lutter contre la propagation du coronavirus. Idem pour les mosquées, qui sont 4000 à être rouvertes à travers le territoire national grâce à leur capacité d’accueillir plus de 1000 places. Et si ces lieux de culte n’enregistrent pas de rush, les plages, à travers le littoral algérien, ont été prise d’assaut, et pas “progressivement”.
Zid Chwiya, zid chwiya”, fait un gamin à un conducteur en tapant plusieurs fois sur la tôle de son véhicule. “C’est bon”. Si le stationnement est à 100 Da, avec ticket de rigueur, dans l’espace officiellement dédié à cet effet, plus haut, les parkingueurs-racketteurs, sont gourmands: 200 Da. Un estivant tente de négocier: “ “Il est presque 17H. On ne va pas rester toute une journée pour te donner 200 Da”. Réponse du parkingueur: “Le prix n’a rien avoir avec la durée. C’est à la place”. Révolte du conducteur: “On vient chaque été depuis presque 10 ans, j’ai jamais payé le parking à 200 Da et je ne le ferai pas” dit-il en tendant 100 dinars et de poursuivre son chemin.
Comme chaque année, les autorités affirment que les accès aux places sont gratuits, à l’exception des parkings relevant de la commune où l’on vous remet un ticket. Le Wali d’Alger, Youcef chorfa, qui a dressé une liste de 55 plages autorisées à la baignade dans la capitale, a aussi insisté sur l’interdiction d’installer, au niveau des plages, des tables et des chaises à des fins commerciaux.
A l’entrée de la plage des Canadiennes, aucun élément de la Sûreté ni de la Gendarmerie. Ni même un employé pour prendre la température des estivants ou s’assurer du port du masque, comme exigé par le dispositif sanitaire établi par le Premier ministère avant la réouverture des plages et des lieux de détente.
Parkingueurs-racketteurs et mafia des parasols
A l’ouest, près de Surcouf, le rivage est déjà bondé. Très peu voire plus aucune place pour installer son parasol à bord de l’eau. Les estivants, en famille principalement, semblent plutôt maintenir de courtes distanciations, plus par souci d’intimité que de prévention sanitaire. En bas des principaux accès de la plage, les parasols sont entassés, abritant des familles visiblement nombreuses.
Si la plage El Kadous, à l’est, affiche complet, celle des Canadiennes est de moins en moins fréquentée à mesure que les estivants continuent vers l’est. “En général, les gens préfèrent s’installer là où ils descendent”, fait remarquer un estivant. Ceux qui descendent par les sentiers battus trouvent alors un rivage peu fréquenté. Quelques parasols sont occupés. D’autres sont vides. Mais, après en avoir fini avec les racketteurs du parking, les vacanciers qui viennent d’arriver doivent en découdre avec ce que certains qualifient de la “mafia des parasols”. Plusieurs ombrelles sont installées, l’une collée à l’autre, vides. Certains s’installent quand même entre deux parasols, d’autres circulent encore pour trouver des espaces plus aérés.
Au bord de l’eau, nombreux sont les jeunes qui jouent avec les raquettes de plages ou à la balle. Certains marchent tout au long du rivage. D’autres nagent, par groupes d’amis, parfois à bord de leur bouée, leur planche de surf ou leur canoë en bois. Sur le sable, des jeunes continuent de se faire rejoindre par d’autres. L’ambiance est tout à fait habituelle.
Sur cette plage, les estivants oublient que le pays est au prise avec l’épidémie de coronavirus, avec quotidiennement une moyenne officielle de plus de 400 nouveaux cas depuis plusieurs jours. Le seul masque aperçu est porté par le gendarme, en haut, à l’entrée de la plage El Kadous. Sur la plage des Canadiennes, au bord de l’eau, pas un masque à l’horizon.
Les plages situées à l’est la capitale, dans la commune de Ain Taya, sont quasi-vides dans la matinée comme en témoignent des images et vidéos d’estivants sur les réseaux sociaux. Elles connaissait le rush l’après-midi avant de se vider peu à peu au coucher du soleil. Un peu plus lentement du côté est de la plage, où les familles sont installées. Les ombrelles violettes, rouges, vertes ou bleues détachées laissent place à des détritus, des bouteilles en plastique, emballages de biscuits ou encore des mégots de cigarettes sur un sable désormais humide.
Plus haut, au parking, toujours pas de masque sur les visages des estivants, qui lavent le sable collé à leurs pieds, se changent ou trient leurs affaires pour partir.
Les estivants semblent déterminés à pleinement profiter de la réouverture des plages après plusieurs mois de fermeture. Au point d’oublier souvent que les walis ont été instruits de “reconfiner” en cas de hausse des contaminations. La vigilance est donc de mise.
[…] estival léger de Mostaganem, il y a comme un désir de dolce vita. Pandémie de Covid 19 ? Aucune inquiétude apparente dans les plages. Les vacanciers donnent l’impression d’avoir été soulagés d’un […]