Aissa Toufik (GIE monétique) explique les raisons de la basse utilisation de la carte bancaire en Algérie

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Aissa Toufik (GIE monétique) explique les raisons de la basse utilisation de la carte bancaire en Algérie
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Le paiement électronique peine à atteindre la vitesse de croisière en Algérie. Aissa Toufik, le directeur du pôle homologation et certification au niveau du GIE monétique en explique la raison à 24H Algérie. Pour lui, nul doute, le facteur humain est la raison principale de cette réticence à l’usage des cartes. Un travail doit être fait en direction des citoyens pour les inciter à utiliser les cartes bancaires davantage que pour le retrait de l’argent liquide des distributeurs automatiques.

24H Algérie : l’usage de la carte bancaire reste particulièrement limitée en Algérie, cela est dû à quoi selon vous ?  

M. Aissa Toufik : C’est la vieille histoire de l’algérien et la carte. Le réflexe chez l’Algérien est de retirer l’argent de la machine et d’aller le dépenser en liquide pour ses achats. L’objectif pour nous est d’inverser ce réflexe, c’est pourquoi il faut faire preuve de beaucoup plus de pédagogie et expliquer le gain en temps et en sécurité du paiement électronique. Pourquoi retirer de l’argent pour aller ensuite le dépenser en liquide alors qu’on a la possibilité de réaliser ces mêmes achats directement?

Au niveau de la GIE, sait-on quelle est aujourd’hui la part des achats effectuées par carte en Algérie ? 

A ce jour, 90% des transactions effectuées par cartes sont limitées aux retraits d’argent liquide et 10% pour les paiements. Dans ces 10%, presque 90% sont dédiés pour la recharge téléphonique devenue un réflexe avec les opérations de rechargement existantes au guichet. Il reste donc moins de 10% consacrés à l’achat des biens et des services. Par automatisme, l’Algérien limite l’usage de sa carte monétique essentiellement pour le retrait et accessoirement pour recharger son téléphone. Il est donc indispensable pour nous, de travailler pour le changement des réflexes et de sensibiliser autour de la sécurité des achats par carte afin d’inverser cette tendance. Il est aussi impératif de garantir la disponibilité des terminaux de paiements en ligne et d’équiper tous les opérateurs économiques. C’est une opération, faut-il le souligner, assez complexe et coûteuse. Certaines banques proposent un dispositif de paiement en leasing ou en location mais la majorité d’entre elles, le propose gratuitement alors qu’il est très coûteux pour les banques. Selon les statistiques  près d’un million de commerçants doivent proposer ce paiement à leurs clients. Cependant, nous ne savons pas combien d’entre eux disposent de comptes commerciaux. Car ces instruments de paiements ne sont mis à la disposition que des commerçants disposant de comptes commerciaux. C’est déjà un fichier à assainir : exiger de l’ensemble des commerçants d’avoir des comptes commerciaux. Un autre ralentisseur de l’opération : l’étendue de l’Algérie. Généraliser ces terminaux sur l’ensemble du territoire est une opération logistique drastique. Ce métier n’étant pas celui des banques, on a créé la Société des Services bancaires (SSB). Cette entreprise va assurer le déploiement du TPE, sa mise en service et son entretien. Elle s’occupera, somme toute, du volet technique. 

Est-ce la raison de l’absence du service au niveau des stations-service alors que le dispositif du paiement par carte existe sur les pompes ? 

Au niveau des stations-service, il y a « les cartes corporate ». C’est un service réseau spécifique à Naftal qui dispose de TPE spécialement dédiés. La BEA a procédé à l’installation de 600 TPE au niveau des stations, tous opérationnels. Sauf qu’il faut savoir que les stations-services,  sont des zones qui présentent un risque de feu. Les dispositifs de paiement sont installés dans des bureaux spéciaux pour minimiser les risques au niveau des agences. Ceci explique peut-être le non recours au paiement par carte, car le fait de quitter son véhicule et aller payer et revenir peut créer un certain désagrément et entraver la fluidité du service. 

Pour ces zones  les TPE doivent répondre à des normes de sécurité spécifiques. Il faut peut-être réfléchir à installer des terminaux sans contact. Ce que certaines banques vont lancer prochainement. Ce qui réglera beaucoup de problèmes liés aux limites des cartes actuelles.  

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