L’Algérie a appelé mardi 26 janvier 2021 à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, lors de la réunion ministérielle du Comité des 10, souhaitant que l’Afrique ait le droit de veto.
« La réforme du Conseil de sécurité est plus que jamais une nécessité », a déclaré Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères lors de cette réunion ministérielle. Le comité, qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), est chargé d’élaborer une position africaine commune sur la réforme des Nations Unies sur la base du Consensus d’Ezulwini.
En 2005, les pays africains, lors d’une réunion au Swaziland, ont formulé des propositions pour la réforme de l’ONU et du Conseil de sécurité pour que l’Afrique « soit pleinement représentée dans tous les organes de prise de décision » des Nations Unies.
L’Afrique revendique deux sièges permanents au Conseil de sécurité
« La pleine représentation de l’Afrique au Conseil de Sécurité signifie au moins deux sièges permanents avec tous les privilèges et prérogatives des membres permanents y compris le droit de veto et cinq sièges non permanents. A cet égard, même si l’Afrique s’oppose en principe au maintien du droit de veto, elle pense que ce n’est que justice pour tous et que tant qu’il existera, il doit être accordé à tous les membres permanents, anciens et nouveaux », est-il souligné dans le document relatif au « Consensus d’Ezulwini ».
Il est rappelé dans le même texte qu’en 1945, lorsque l’ONU a été créée, la plupart des Etats africains n’étaient pas représentés et qu’en 1963 lorsque la première réforme a eu lieu, l’Afrique était représentée mais n’était pas dans une position particulièrement forte.
L’Union africaine, créée par la Déclaration de Syrte en 1999, s’est déclaré « responsable » de l’élection des représentants de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité. Les cinq membres actuels du Conseil représentent deux continents uniquement : l’Europe et l’Amérique.
Défendre « une position africaine commune »
Sabri Boukadoum a évoqué « le ferme attachement » de l’Algérie à l’engagement continental reposant sur le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. « La priorité doit être donnée à défendre, promouvoir et à plaider la position africaine commune sur tous les aspects de la réforme, y compris la réaffirmation de notre position sur la représentation régionale et le droit de veto, ainsi que l’opposition à la création d’une nouvelle catégorie de membres du Conseil de sécurité », a précisé le chef de la diplomatie algérienne, repris par l’agence APS.
Les Etats africains doivent, selon lui, participer d’une manière significative aux débats lors des réunions de Intergovernmental Negotiations framework (IGN, groupe intergouvernemental de négociation) qui travaille, en concertation avec l’ONU, sur les réformes des Nations Unies.
L’IGN est composé de la Ligue arabe, de l’Union africaine, de la Communauté des Caraïbes, du Coffee Club (qui regroupe les pays opposés à l’élargissement du Conseil de sécurité sans consensus et qui est dirigé par l’Italie) et le groupe L69 (qui rassemble les pays en développement).
Les pays, qui militent depuis longtemps pour avoir un siège permanent au Conseil de sécurité, sont également membres de l’IGN, rassemblés au sein du groupe dit des 4 Nations. Il s’agit du Brésil, de l’Inde, du Japon et de l’Allemagne. Le Japon et l’Allemagne sont les deux principaux perdants de la deuxième guerre mondiale.
Ne pas ignorer « les réalités géopolitiques actuelles »
« La communauté internationale et les principales parties prenantes ne peuvent plus se permettre d’ignorer les réalités géopolitiques actuelles, et en particulier la nécessité de remédier à la non-représentation de l’Afrique dans la catégorie des membres permanents et à sa sous-représentation dans la catégorie des membres non permanents du Conseil de sécurité », a plaidé Sabri Boukadoum.
Et d’ajouter: « Pour nous et encore une fois, toute réforme du Conseil doit aboutir à l’amélioration de ses méthodes de travail et accroître son efficacité pour maintenir la paix et la sécurité internationales, qui sont au cœur du mandat du Conseil ».
Le chef de la diplomatie algérienne a regretté « l’absence de progrès » dans le cadre du processus de négociation intergouvernementale (IGN) relatif à la réforme de l’ONU. « Près de onze ans se sont écoulés depuis le lancement de l’IGN, les positions restent fortement opposées entre les Etats membres et les groupes d’intérêt et le consensus semble de plus en plus difficile à atteindre », a-t-il relevé.
La pandémie de Covid-19 a, selon lui, entravé tout progrès significatif lors de la dernière session de l’IGN. Il a estimé que le risque d’un processus durablement perturbé existe.
« Injustice historique »
La position africaine est, d’après Boukadoum;, soutenu au niveau international. Les Africains doivent parler d’une seule voix. « Notre groupe est le plus grand bloc électoral (28%) de l’Assemblée générale de l’ONU, et si nous restons unis et résolus, nous serons certainement en mesure de nous en sortir et de corriger l’injustice historique que l’Afrique continue de subir », a souligné le ministre algérien.
« Plus que jamais, nous devons rassembler la volonté politique souhaitée et nous réaffirmer pour faire avancer ce processus en mettant en place des actions ambitieuses et concrètes, afin de réaliser la vision de notre organisation panafricaine », a-t-il ajouté. Il a estimé nécessaire de poursuivre « les consultations et l’engagement » avec d’autres groupes d’intérêt et parties prenantes, y compris les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, pour faire avancer la proposition africaine.
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