Le général de division Mohamed Bamba Ould Meguett, chef d’état-major général des armées de Mauritanie, est en visite en Algérie. Alger projette de densifier la coopération militaire avec l’État voisin du sud.
Le général Ould Meguett a entamé son premier séjour en Algérie depuis sa désignation en juin 2020 par une visite de l’Entreprise de développement de l’industrie de véhicules de Tiaret relevant de la 2ème région militaire (Oran). Cette unité fabrique des véhicules multifonctions et tout-terrain.
Ce mercredi 6 janvier 2021, le général Ould Meguett a été reçu par le général de corps d’armée Said Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP. « Cette rencontre a constitué une occasion pour les deux parties, pour passer en revue l’état de la coopération militaire bilatérale et échanger les analyses et points de vue sur les questions d’actualité et d’intérêt commun », est-il souligné dans un communiqué du ministère de la Défense nationale.
Le général Chanegriha a, selon la même source, qualifié la visite d’importante compte tenu de l’évolution du contexte sécuritaire prévalant dans la région du Sahel. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont connu ces dernières semaines des attentats terroristes.
«Le renforcement de la coopération militaire entre les deux armées sœurs constituait plus qu’une nécessité, en vue de faire face aux défis sécuritaires qui s’imposent dans notre région, et que celui-ci peut se concrétiser à travers la mise à profit des mécanismes de coopération sécuritaire déjà existants, notamment le Comité d’État-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) », a déclaré le chef d’état-major de l’ANP.
«Échange de renseignements»
« J’estime judicieux de valoriser davantage les mécanismes de coopération sécuritaire déjà existants, à l’instar du CEMOC, dont la coopération est axée sur l’échange de renseignements et la coordination des actions de part et d’autre des frontières communes des pays membres », a ajouté le général Saïd Chanegriha.
Basé à Tamanrasset, le CEMOC a été créé en avril 2010 à l’initiative de l’Algérie. Il comprend, outre l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie. La dernière réunion du CEMOC remonte à septembre 2019 à Tamanrasset pour « étudier et évaluer la situation sécuritaire » dans la région du Sahel et « l’échange d’analyses ».
Alger accorde une grande importance à cette structure d’initiative africaine qui est concurrencé par celle du G5 Sahel, un cadre militaire et politique créé sur proposition de la France en 2014. Il comprend également le Mali, le Niger et la Mauritanie ainsi que le Tchad et le Burkina Faso. Il n’existe aucune coordination entre les deux structures.
Pour l’Algérie, la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier doit se faire par des forces armées africaines des pays directement ciblés ou menacés.
«Un contexte empreint de menaces de tout bord»
Face à l’intensification des attaques de type terroriste dans la région sahélienne, ces dernières semaines, et à l’instabilité de plus en plus dangereuse en Libye, Alger souhaite renforcer la coopération avec les pays du voisinage sud pour une meilleure coordination opérationnelle stratégique. D’où l’évocation par le général Saïd Chanegriha de la nécessité de consolider la coopération militaire entre les armées d’Algérie et de Mauritanie en vue de faire face conjointement aux défis sécuritaires imposés à la région maghrébine et sahélienne et examiner les voies et moyens à même de permettre aux deux armées « d’assurer leurs missions dans ce contexte empreint de risques et de menaces de tout bord ».
Selon le communiqué du ministère de la Défense, le chef d’état-Major général des Armées mauritaniennes a valorisé les relations historiques profondes « qui lient les deux pays frères », et a présenté ses remerciements à l’Algérie pour « le soutien multiforme qu’elle apporte au peuple et à l’armée de la Mauritanie ». En Mauritanie, le général Mohamed Bamba Ould Meguett est considéré comme un grand spécialiste de la lutte anti-terroriste compte tenu de sa longue expérience dans le secteur du renseignement.