La crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne n’aura pas d’influence sur la livraison du gaz naturel à ce pays européen.
« Je veux rassurer les amis espagnols, le peuple espagnol, l’Algérie n’abandonnera jamais son engagement d’approvisionner l’Espagne en gaz naturel », a déclaré, samedi 23 avril au soir, le président Abdelmadjid Tebboune, lors de la rencontre périodique avec la presse nationale.
L’Algérie est le premier fournisseur de l’Espagne en gaz naturel. Le gaz est transporté via le gazoduc Medgaz qui relie la côte ouest de l’Algérie au sud de l’Espagne. Le 31 octobre 2021, l’Algérie a décidé de ne pas renouveler le contrat de l’autre gazoduc, GME (Gaz Maghreb-Europe), qui relie l’Algérie à l’Espagne, à travers le Maroc. Une décision prise après la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.
Dernièrement, le PDG de la Sonatrach, Toufik Hakkar, a laissé entendre que le prix du gaz vendu à l’Espagne sera revu à la hausse. « Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent.
L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un « recalcul » des prix avec notre client espagnol », a-t-il déclaré à l’agence officielle APS.
« Nous avons des liens très solides avec l’Etat espagnol »
Le président Tebboune a appelé à faire la différence entre le gouvernement et l’Etat espagnol. « Nous avons des liens très solides avec l’Etat espagnol. De bonnes relations comme avec l’Italie. Le chef du gouvernement de ce pays a tout cassé. Le chef du gouvernement, pas l’Espagne. L’Espagne ne doit pas abandonner sa responsabilité historique dans le contexte actuel », a-t-il déclaré à propos de la décision de Madrid d’appuyer « le plan d’autonomie » marocain au Sahara Occidental.
Le 18 mars 2022, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a qualifié le plan marocain de « base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend ». Habituellement, l’Espagne avait une position neutre par rapport à ce conflit.
L’Algérie, pour rappel, a décidé de rappeler son ambassadeur en Espagne après ces déclarations.
« Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », a souligné communiqué du ministère algérien des Affaires Étrangères, rendu public le 19 mars 2022.
« Inacceptable moralement et historiquement »
Interrogé samedi soir sur le retour de l’ambassadeur algérien à Madrid, le président Tebboune a eu cette réponse : « L’ambassadeur est au chaud dans son pays. Ce que l’Espagne a fait est inacceptable moralement et historiquement. Quand l’Espagne dit que « le plan » (marocain) est parmi les meilleures solutions, elle ne doit pas oublier qu’à ce jour, elle a, une responsabilité au Sahara Occidental ».
Et d’ajouter : » dans le droit international, tant qu’il n’y a pas de solution, l’Espagne est toujours la puissance administrante du Sahara Occidental. Ils l’ont oublié. Vous n’avez pas le droit de livrer un pays colonisé à un autre pays « .
Le chef de l’Etat est revenu aussi sur les relations de l’Algérie avec l’Italie. Il a rappelé que ce pays a soutenu l’Algérie dans les moments difficiles durant la crise sécuritaire des années 1990.
« Sur instigation d’un pays européen, aucun avion ne se posait en Algérie. Seule Alitalia était sortie du rang européen et avait continué ses dessertes vers notre pays. Lorsque nous étions endettés auprès du FMI, l’Italie était le seul pays qui a ouvert des lignes de crédit en milliards de dollars. Nous ne mordons pas la main qui nous est tendue », a-t-il déclaré.
L’Espagne, avec son nouveau gouvernement, s’est placee en porte à faux sur les droits de la valeur humaine.
Autant ce pays s’est engagée auprès des États Unis vis a vis de la crise ukrainienne, pour « défendre la valeur humaine » autant il s’est éloigné des sahraouis pour leur autodetermination .
L’Algérie , tout comme la Russie , respecte les contrats de livraison de gaz , sans pour autant exiger une révision des prix ou des volumes exportés. Les contrats à long terme sont des facteurs de confiance entre les différents parties , c’est ainsi que le Président Tebboune insiste sur le respect des engagements. Mais rien ne dit que les choses ne peuvent pas évoluer , si par malheur les relations ne s’enveniment pas.