En visite de travail à Bamako, Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a insisté, ce vendredi 27 août, sur l’accélération de l’application de l’Accord d’Alger sur la paix au Mali, signé en 2015.
Ramtane Lamamra a présidé la réunion du Comité de médiation internationale chargé du suivi de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
« Nous avons eu une excellente séance de travail, fait une évaluation de la situation et de ce qui a été réalisé jusque là. Le plus important est que nous avons exposé les objectifs futurs pour accélérer l’application de l’Accord d’Alger. Il y a un consensus au sein du Comité sur les fondamentaux du processus d’Alger », a précisé Ramtane Lamamra dans une déclaration à l’ENTV.
Le chef de la diplomatie algérienne a eu ensuite une réunion avec les représentants des différents mouvements (Azawad) du nord Mali, signataires de l’Accord d’Alger.
L’Accord d’Alger, une priorité pour Bamako
« Cette rencontre était importante pour donner un nouvel élan au processus de paix et à l’application de l’Accord d’Alger en instaurant réellement cette paix », a déclaré un représentant de la délégation, saluant le retour de Ramtane Lamamra aux affaires.
En mai 2015, Ramtane Lamamra, qui était ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, avait chapeauté les négociations d’Alger ayant abouti à l’Accord de paix. Il est l’un des architectes de cet accord.
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a, après une audience accordée à son homologue algérien, déclaré que l’application de l’Accord d’Alger était parmi les priorités du plan d’action du gouvernement de transition.
Lamamra a abordé également cette question avec le Colonel Assimi Goïta, président de la transition, Choguel Kokalla Maïga, Premier-ministre et chef du gouvernement, le colonel Malick Diaw, président du Conseil National de Transition (CNT, parlement provisoire), et Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale.
Partenariat stratégique
Selon l’agence APS, un consensus a été enregistré sur la plupart des questions abordées, notamment « sur le caractère stratégique des relations entre l’Algérie et le Mali et la transmission d’un nouveau dynamisme sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale » ainsi que la situation dans au sahel et au niveau de l’Afrique ».
Alger entend renforcer le partenariat avec Bamako considéré comme stratégique dans les domaines économiques, commerciaux, culturels et scientifiques.
Ramtane Lamamra a discuté avec Choguel Kokalla Maïga de la perspective de la tenue d’élections présidentielles devant marquer la fin de la transition en cours au Mali. Cette consultation doit avoir lieu en février/mars 2022.
M. Maiga a salué l’engagement renouvelé de l’Algérie « pour la restauration de la stabilité au Mali ».
« L’imam Mahmoud Dicko, un ami de l’Algérie »
« Alors que le pays traverse une transition qui a ses propres défis mais qui tient également ses propres promesses, l’Algérie se doit d’être aux côtés de la République sœur du Mali. Je me réjouis que l’Accord de paix d’Alger ait continué à être le cap à suivre pour permettre au Mali de rompre définitivement avec des périodes ingrates de son Histoire, marquées par l’incompréhension et la confrontation entre les enfants de ce grand peuple et dans différentes régions du pays », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à l’ORTM 1, chaîne de télévision publique malienne.
Ramtane Lamamra a aussi rencontré l’imam Mahmoud Dicko, l’un des leaders de l’opposition populaire contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, déposé par les militaires le 18 août 2020, après plusieurs manifestations de rue à partir d’avril 2019. « L’imam Mahmoud Dicko est une référence au niveau des pays du Sahel et un ami de l’Algérie. Il a consacré sa vie au service de la sécurité, de la paix, de la tolérance et du vivre ensemble. Nous saluons ses positions favorables à l’Algérie », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
Un passage , un seul sur la diplomatie algérienne du temps où elle tait colonisée , donc en 1955 :
Le 18 avril 1955, la conférence de Bandoeng regroupe vingt-neuf pays qui se démarquent des deux blocs en lutte. L’un est incarné par les USA et l’autre par l’URSS. A cette conférence, plusieurs chefs, de renommée internationale, y prennent part. Parmi les plus réputés, on peut citer le président chinois Chou Enlai, le président indien Jawaharlal Nehru, le président égyptien Gamal Abdenasser, etc. A cette pléiade de grands chefs, la délégation extérieure du FLN, représentée à cette occasion par Hocine Ait Ahmed et M’hamed Yazid, donne à l’Algérie en guerre la dimension d’un véritable Etat.
Contrairement à notre génération qui courbe facilement l’échine devant l’injustice, la génération de novembre 1954 est capable de consentir des sacrifices pour que l’Algérie recouvre sa dignité. A ce titre, la révolution algérienne peut compter sur les talents d’un organisateur hors-pair, Hocine Ait Ahmed. En 1953 déjà, il a été à la tête de la délégation du PPA-MTLD, le principal parti indépendantiste, à la conférence de Rangoun, en Birmanie.
Bien que le FLN historique renferme en son sein des grandes potentialités, force est de reconnaitre que la tâche n’est pas aisée. Selon Ferhat Abbas, dans son fabuleux livre « l’autopsie d’une guerre », il faut toute la détermination de Hocine Ait Ahmed pour faire participer l’Algérie à la conférence de Bandoeng. Car, les Egyptiens ne veulent pas que la révolution algérienne leur échappe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en dépit du chantage du pays hôte, le chef de la délégation extérieure, épaulé par M’hamed Yazid, ne se laisse par embrigader.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs efforts ne sont pas vains. Au bout de quatre mois d’intense activité, Hocine Ait Ahmed et M’hamed Yazid, en compagnie des délégués Tunisiens et Marocains, participent à la conférence des non-alignés. Ne se contentant pas de jouer un rôle de figuration, les délégués du FLN parviennent à inscrire la question algérienne au débat. « La résolution finale parle de l’appui donné par la conférence asiatique et africaine aux peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. Quatre hommes d’Etat de dimension mondiale : Nehru, Chou Enlai, Soekarno, Nasser, avaient été convertis à notre thèse. Ait Ahmed, patient et persuasif, avait expliqué la « duplicité » du régime colonial appliqué à l’Algérie et rallié la conférence à notre juste cause », note Ferhat Abbas. Ainsi, après avoir posé le problème militairement en 1954, l’Algérie, grâce à la mobilisation de toutes les forces vives, accède à son indépendance. Enfin, sans l’acharnement de certains aventuriers, cette indépendance aurait pu profiter à l’ensemble des Algériens.