Alger refuse toute ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie où un nouveau processus politique est engagé par le président Kaïs Saïed depuis fin juillet 2021.
« Ce qui touche la Tunisie nous touche aussi. Mais, nous nous interdisons de s’ingérer dans les affaires internes de la Tunisie », a déclaré, dimanche 10 octobre, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors d’une rencontre avec la presse diffusée par les télévisions publiques et privées.
« Nous soutenons la Tunisie pour qu’elle sorte du tunnel. Ils ont demandé notre assistance pour lutter contre la pandémie de Covid-19, nous étions présents. Et nous sommes toujours présents », a ajouté le chef de l’Etat.
Concernant la situation politique actuelle, Tebboune a déclaré : « Il semble que la question dans ce pays est d’ordre constitutionnel. Je peux témoigner que le président Kaïs est un homme cultivé, démocrate, patriote. Je ne peux pas lui faire de reproche ». L’Algérie, selon lui, ne peut se mêler du débat politique interne. « Cela dit, ce qui menace la sécurité de la Tunisie, nous sommes là, à l’affût, et ce n’est pas d’aujourd’hui. L’Algérie ne tolérera aucune pression sur la Tunisie par des parties étrangères », a insisté le chef de l’Etat.
« De quoi vous vous mêlez ? »
Il a critiqué sans le nommer l’attitude du ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Yves Le Drian qui, sous la forme nuancée d’un ordre, avait demandé au président Kaïs de nommer « rapidement » un gouvernement, après le limogeage du cabinet de Hicham Mechichi et la suspension de l’action du Parlement fin juillet 2021.
« J’ai dit à un haut responsable européen que faire pression sur la Tunisie n’était pas bon. Un ministre des Affaires étrangères dit: » il faut nommer un gouvernement ». Ce « il faut », laisse le pour ton foyer. Pour nous, ils ont dit « il faut aller vers une période de transition ». Faites cette période de transition chez votre famille, de quoi vous vous mêlez ? », s’est-il interrogé.
Ghannouchi n’a pas fait de demande d’un asile politique en Algérie
Le « Il faut » véhicule, selon lui, une mentalité coloniale. « La Tunisie est un pays libre ! Si le peuple tunisien ordonne « il faut », là, oui, il faut appliquer », a-t-il noté dénonçant « la vassalisation » des pays. « Ce n’est pas républicain, c’est monarchique », a-t-il insisté.
Le président Tebboune a démenti l’information qui a circulé sur une demande de Rached Ghannouchi, président du Parlement suspendu et fondateur du mouvement islamise Ennahda, d’un asile politique en Algérie. « Ghannouchi devait rendre visite en Algérie et devait être accueilli par les députés de l’APN », a-t-il répondu.
Visite d’Etat en Tunisie prochainement
Le chef de l’Etat a programmé une visite en Tunisie à l’invitation de son homologue tunisien. « Dès l’installation du nouveau gouvernement en Tunisie, nous irons en Tunisie. Il ne s’agit pas d’une visite protocolaire, mais d’une visite d’Etat avec le déplacement de la moitié du gouvernement pour signer tous les accords qui sont actuellement gelés. La relation est dense avec ce pays. La Tunisie est un voisin exemplaire », a-t-il relevé.
Ce lundi 11 octobre, la composante du nouveau gouvernement, dirigé par Najla Bouden, a été dévoilée. L’installation a été faite lors d’une cérémonie organisée au Palais de Carthage à Tunis avec prestation de serment devant le président Kaïs Saïed. Le nouveau gouvernement est composé de 24 ministres et une secrétaire d’Etat, dont 9 femmes.