Le 1 septembre 2020 devait entrer en vigueur la zone de libre-échange (ZLE) entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) en application de l’Accord d’Association. La mise en place est reportée sine die par l’Algérie qui veut faire une révision globale de cet Accord signé dans la précipitation sans consultations des opérateurs économiques et des experts, en avril 2002 à Valence, en Espagne.
« Nous allons établir un nouveau calendrier avec l’Union européenne. Mais, nous n’allons pas annuler l’Accord d’Association. Il faut le réviser. L’UE est d’accord pour cette révision et est prête pour de nouvelles rencontres. Nous devons accélérer ce processus. C’est une affaire de spécialistes. Pour le principe, nous sommes des associés de l’UE mais pas au détriment de notre économie », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, lors de l’entretien télévisé diffusé dimanche 20 septembre.
L’Algérie, selon lui, ne peut pas s’éloigner de l’Union européenne. « L’UE est un partenaire à qui nous tenons. Il n’y a pas que le système tarifaire. Il y a d’autres choses. Le démantèlement tarifaire viendra graduellement. Plus, on avance dans l’industrialisation, plus notre capacité d’exportation augmente. Notre intérêt est que notre industrie trouve un marché au sein du l’Union européenne. Le démantèlement est réciproque », a-t-il noté.
Tebboune a indiqué que l’État est en phase de révision de tout ce qu’il entreprend en matière économique. « Il n’y a plus de rente. Nous sommes tout près de nos sous. Là où on peut faire des économies, on le fera. On révisera les accords avec des institutions où nous avions des pertes. Des pertes que nous n’avons pas senti en raison de la rente », a-t-il expliqué.
Difficulté d’accès au marché européen
Entré en vigueur le 1 septembre 2005, l’Accord d’Association prévoyait une période de transition de douze ans, jusqu’en 2017, pour que l’Algérie élimine d’une manière progressive certains droits de douane sur des produits industriels avec « une libéralisation sélective » pour les produits agricoles. Cette période a été prolongée jusqu’au début septembre 2020 pour une liste de produits comprenant, entre autres, le textile et l’acier.
Ces dernières années, des opérateurs économiques algériens se sont plaints des difficultés qu’ils ont rencontrés pour accéder aux marchés européens en dépit des dispositions de démantèlement tarifaire découlant de l’Accord d’Association. C’est le cas notamment pour certains produits agricoles de grande qualité mais « bloqués » par « la barrière » des « normes européennes ».
L’Accord est désormais perçu comme largement défavorable pour l’Algérie. Selon l’Association nationale des exportateurs algériens, l’Algérie a, entre 2005 et 2019, importé pour 270 milliards d’euros de biens et services de l’UE. Les exportations algériennes vers l’Europe n’ont pas dépassé les 14 milliards de dollars, hors hydrocarbures durant la même période. L’Algérie est le troisième fournisseur de l’UE en gaz après la Russie et la Norvège. Elle est donc un partenaire-clef dans la sauvegarde de « la sécurité énergétique » de l’Europe.
Bureaucratie et instabilité juridique
Alger reproche à l’UE d’ignorer certains aspects non commerciaux de l’Accord comme la libre circulation des personnes et le transfert de technologie. Bruxelles traine les pieds aussi lorsqu’il s’agit d’inciter les entreprises européennes de « s’intéresser » à l’investissement en Algérie.
Les investissements directs européens n’ont pas dépassé les 5 % en Algérie durant les douze premières années de l’application de l’Accord d’Association. La partie algérienne, selon les experts, aurait « très mal négocié » le volet consacré aux investissements dans l’Accord. Les européens n’ont pas manqué, en public ou en privé, de souligner, de leur côté, l’instabilité juridique en Algérie et la bureaucratie liée à l’obtention des visas et des permis de séjour. Le Conseil d’Association UE-Algérie doit se réunir les prochaines semaines pour établir un nouveau calendrier de révision de l’Accord.
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