L’Algérie a expulsé en 2020 17.000 migrants clandestins, selon le rapport mondial annuel de Human Rights Watch (HRW), rendu public ce jeudi 14 janvier 2021.
« Les autorités algériennes ont sommairement rassemblé et expulsé collectivement plus de 17 000 migrants, pour la plupart d’Afrique subsaharienne, entre janvier et 10 octobre, dont des centaines de femmes et d’enfants et certains demandeurs d’asile enregistrés. Les expulsions se sont poursuivies même après la fermeture des frontières en mars en raison du Covid-19 », écrit l’ONG américaine de défense des droits humains. Les autorités algériennes ont évoqué la lutte contre la migration illégale.
«Le personnel de sécurité a séparé certains enfants de leur famille lors d’arrestations massives, a dépouillé les migrants de leurs effets personnels, n’a pas réussi à les filtrer individuellement pour obtenir le statut d’immigration ou de réfugié et ne leur a pas permis de contester leur expulsion. Un peu plus de la moitié (8 900) étaient des Nigériens, rapatriés de force dans des convois de camions et remis à l’armée nigérienne en vertu d’un accord bilatéral de 2014 », a-t-elle ajouté. Alger et Niamey sont liés par un accord qui porte sur leur renvoi de nigériens en situation illégale vers leur pays. Selon HRW, l’Algérie a expulsé 25.000 migrants vers le Niger en 2019. L’ONG qualifie les expulsions d’abusives.
Tabou, Drareni et les autres
Par ailleurs, HRW évoque dans son rapport, les atteintes à la liberté d’expression en Algérie en citant l’emprisonnement de Karim Tabou « en raison de commentaires pacifiques qu’il a publiés sur les réseaux sociaux ». Le président de l’UDS, Union Démocratique et Social, a été libéré en juillet 2020. Le cas du journaliste Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison en septembre 2020, est également cité. « Drareni a été accusé d’avoir «appelé à un rassemblement illégal» et de «saper l’unité nationale» pour sa couverture régulière des manifestations du Hirak(…) Les autorités l’avaient mis en garde à plusieurs reprises avant de restreindre sa couverture, lors d’arrestations et d’interrogatoires», a souligné l’ONG.
HRW évoque également les cas de Walid Kechida, fondateur et administrateur de la page satirique Facebook, Hirak Memes, et d’Abdelkrim Zeghileche, responsable de radio Sarbacane sur le Web. Dans le même chapitre, l’ONG américaine est revenue sur la décision des autorités algériennes d’interdire la chaîne de télévision française M6 d’opérer en Algérie, « un jour après avoir diffusé un film documentaire sur les manifestations du Hirak, arguant que l’équipe de M6 avait utilisé une «autorisation de tournage falsifiée» pour tourner des images en Algérie ».
«Des formules vagues»
«Le 22 avril 2020, le parlement a adopté à l’unanimité une réforme du code pénal, comprenant de nouvelles lois criminalisant les fausses informations et les discours de haine. Certaines infractions, telles que «porter atteinte à la sécurité publique et à l’ordre public» et «porter atteinte à la stabilité des institutions de l’État», qui entraînent respectivement des peines allant jusqu’à trois et sept ans de prison, sont formulées si vaguement qu’elles peuvent être utilisées pour criminaliser la critique pacifique », est-il relevé dans le rapport.
« À l’instar de la Constitution précédente, la nouvelle loi fondamentale garantit le droit de «recevoir et de communiquer des informations», mais soumet l’exercice de ce droit à des conditions vagues et restreignant la parole, telles que la non-violation des «exigences de la sécurité nationale » », est-il encore noté.