Ce 31 mars 2025, les présidents de la République et son homologue français ont tenu un entretien téléphonique marquant un tournant dans les relations bilatérales entre les deux nations. Cet échange, qualifié de « franc et amical » par le communiqué conjoint publié par les deux parties, intervient après plusieurs mois de tensions accumulées, et témoigne d’une volonté commune de relancer un dialogue constructif, dans la lignée de la Déclaration d’Alger d’août 2022. À l’occasion de la fête de l’Aïd, le président français a adressé ses vœux de succès et de prospérité à son homologue Abdelmadjid Tebboune et au peuple algérien, posant ainsi les bases d’une discussion empreinte de respect mutuel.
Un dialogue stratégique et égalitaire
Les deux chefs d’État ont réaffirmé leur ambition de redonner une nouvelle dynamique à la relation franco-algérienne, soulignant la force des liens humains, les intérêts stratégiques et les défis communs auxquels sont confrontés l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique. Face aux crises régionales et internationales, ils ont convenu de la nécessité d’un partenariat d’égal à égal, ancré dans le respect de la légalité internationale et des principes de la Charte des Nations Unies. Ce partenariat vise à traiter l’ensemble des dimensions de la relation bilatérale – sécuritaire, migratoire, mémorielle, judiciaire et économique – avec pragmatisme et efficacité.
Une coopération tous azimuts
L’entretien a débouché sur des engagements concrets. Sur le plan sécuritaire, la coopération entre les deux pays reprendra « sans délai », signe d’une volonté de renforcer la stabilité dans une région méditerranéenne souvent secouée par l’instabilité. Concernant les questions migratoires, les présidents ont appelé à une collaboration « confiante, fluide et efficace » pour répondre aux préoccupations des deux nations, notamment en matière de mobilité et de gestion des flux.
Le travail mémoriel, pierre angulaire de la réconciliation entre la France et l’Algérie, reste une priorité. La commission mixte des historiens franco-algériens, créée en 2022, reprendra ses travaux prochainement en France, avec pour objectif de remettre des conclusions et propositions concrètes avant l’été 2025. Ce chantier, qui a déjà permis des gestes symboliques comme la restitution de restes humains ou la reconnaissance de responsabilités historiques, illustre l’engagement des deux pays à apaiser les blessures du passé colonial.
La coopération judiciaire a également été mise en avant, avec la visite prochaine à Alger du Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, pour relancer les échanges dans ce domaine. Sur le plan économique, les deux leaders ont insisté sur le développement des investissements et des échanges dans des secteurs d’avenir, la France soutenant notamment la révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie.
Un geste humanitaire et une visite imminente
Dans un registre plus personnel, le président français a plaidé pour un geste de clémence envers l’écrivain algérien Boualem Sansal, invoquant son âge et son état de santé. Ce plaidoyer, bien que symbolique, reflète une volonté d’humaniser les relations bilatérales.
Pour concrétiser cette nouvelle ambition, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se rendra à Alger le 6 avril à l’invitation de son homologue Ahmed Attaf. Cette visite permettra de définir un calendrier précis et des modalités opérationnelles pour mettre en œuvre ce programme ambitieux. Enfin, les deux présidents ont acté le principe d’une rencontre prochaine, signe que cette relance diplomatique ne restera pas lettre morte.
Une relation tournée vers l’avenir
Cet échange téléphonique marque un moment clé pour la France et l’Algérie, deux acteurs majeurs aux ambitions européennes et africaines. En dépassant les tensions récentes, les deux nations semblent prêtes à écrire un nouveau chapitre de leur histoire commune, basé sur le respect mutuel, la coopération stratégique et une mémoire apaisée. Reste à voir si ces engagements se traduiront par des résultats tangibles, dans un contexte régional et international où les défis ne manquent pas.
