On doit à Dino Buzzati un roman impérissable : Le désert des Tartares.
L’auteur y décrit avec minutie la vie d’une garnison militaire installée à la lisière d’une vaste contrée désertique d’où est censé surgir, d’un jour à l’autre, un ennemi aux contours imprécis, donc forcément redoutable.
Les soldats sont aux aguets. C’est l’attente épuisante de cet ennemi dont on ignore le nombre et les moyens, dont on ne sait s’il va attaquer de jour ou de nuit, s’il va venir par le Sud-Est ou par le Sud-Ouest.
C’est l’angoisse épaisse pour de pauvres officiers et soldats.
A l’écoute des frémissements du désert, ils essaient, tant bien que mal, de diluer leur malheur dans d’interminables corvées quotidiennes.
C’est à peu près ce nous faisons, nous autres, citoyens algériens, en guettant cet avenir sans visage qui, décidément, tarde à faire irruption dans notre champ de mire…