Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a détaillé, jeudi 2 janvier 2025, lors d’une conférence de presse, à New York, les priorités de la présidence algérienne du Conseil de sécurité de l’ONU.
Une présidence qui va durer tout le mois de janvier 2025. « Faisons que 2025 soit une année de paix, d’espoir et de prospérité à travers le monde. C’est un honneur et une grande responsabilité pour nous de prendre la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a encore beaucoup des défis en matière de sécurité et de paix. Des défis que nous devons affronter avec fermeté », a déclaré Amar Bendjama.
Il a souhaité la bienvenue aux nouveaux membres non permanents (élus) du Conseil de sécurité : la Somalie, le Pakistan, le Panama, la Grèce, et le Danemark. « Nous voulons que la présidence algérienne du Conseil de sécurité soit proactive, ouverte et transparente. Notre programme d’action comprend plusieurs thématiques dont la situation au Soudan avec la réunion semi-anuelle sur le processus de sécurité au Darfour, l’embargo que subit encore la Libye », a-t-il dit.
« Il est important de préserver la valeur des avoirs libyens gelés »
Le Conseil de sécurité a, pour rappel, prorogé jusqu’au 1er février 2025 les sanctions applicables en Libye, « notamment l’embargo sur les armes et les mesures concernant les exportations illicites de pétrole » (résolution 2701). « Pour l’Algérie, le régime des sanctions en Libye ne doit pas être un outil punitif mais participer à créer un climat pour la paix et la sécurité. L’efficacité de l’embargo sur les armes est une question cruciale. Il est important de préserver la valeur des avoirs libyens gelés dans l’intérêt de la population », a déclaré le réprésentant de l’Algérie à l’ONU.
« Le Conseil de sécurité va se réunir sur le Yémen et la Syrie compte tenu de la situation sécuritaire et politique régnant dans ces deux pays. Nous allons discuter aussi de la coopération entre l’ONU et la Ligue des Etats arabes (le 23 janvier). Pour les questions européennes, notre programme comprend Chypre avec le renouvellement de la mission de la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) », a indiqué Amar Bendjama.
L’UNFICPY est déployée à Chypre depuis 1964 après l’éclatement de violences entre les communautés chypriotes turque et grecque. Le Conseil de sécurité abordera durant le mois de janvier courant le dossiers de la Colombie et de Haïti.
« Nous devons discuter des meilleurs moyens pour lutter contre le terrorisme »
Pour rappel, le Conseil onusien a reconduit jusqu’au 31 octobre 2025 le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie. Ce mécanisme permet de maintenir la paix dans ce pays d’Amérique du Sud et respecter l’Accord de 2016 signé par le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxiste).
Amar Bendjama a annoncé la tenue, le 21 janvier courant, d’une réunion de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme en Afrique qui sera présidée par Ahmed Attaf, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
« L’Algérie a vécu une période dramatique. Nous avons vécu le pire terrorisme qui soit. Mon pays avec ses femmes, ses jeunes, ses services de sécurité, ses politiciens, ses intellectuels, ses journalistes a réussi à vaincre le terrorisme. Il est l’un des rares pays à l’avoir fait. Mais, le terrorisme existe ailleurs. L’Algérie est solidaire avec ses voisins africains et souhaite partager son expérience sur la manière de vaincre le terrorisme tout en respectant les spécificités de chaque pays. Notre expérience amère pourrait permettre à nombre de pays africains de trouver les meilleures formules pour combattre le terrorisme. Les pays du Sahel payent un lourd tribut à cause de ce phénomène. Nous devons discuter des meilleurs moyens pour lutter contre le terrorisme », a-t-il soutenu.
Il a annoncé aussi l’organisation d’une réunion ministérielle sur la question palestinienne qui sera présidée par Ahmed Attaf également. António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a prévu d’organiser un débat sur la situation en Territoires palestiniens, avec la poursuite de l’agression israélienne sur Ghaza, le 12 janvier courant.
« L’Algérie mène une bataille pour la Palestine »
« Depuis que son élection comme membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Algérie mène une bataille pour la Palestine. L’Algérie n’abandonnera pas la Palestine jusqu’à l’établissement de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Nous sommes avec la Palestine et avec tous les peuples opprimés dans le monde. Nous allons continuer de braquer les projecteurs sur leurs souffrances. La situation humanitaire catastrophique à Ghaza figure à la tête des priorités de l’Algérie. L ’adoption d’une nouvelle résolution sur la situation à Gaza dépendra des négociations. Mais, l’arrêt immédiat, permanent et inconditionnel du cessez-le-feu (à Ghaza) mettra un terme aux souffrances des palestiniens », a soutenu Amar Bendjama en reprennant des élements du discours du président Abdelmadjid Tebboune, prononcé, dimanche 29 décembre 2024, devant la congrès du Parlement, à Alger.
Ce vendredi 3 janvier, l’Algérie a convoqué une réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Ghaza et sur les attaques répétées de l’armée israélienne contre les installations sanitaires dans l’enclave palestinienne.
Dimanche 29 décembre 2024, l’aviation israélienne a bombardé, une nouvelle fois, les hôpitaux Al Ahli et Al-Wafa à Ghaza. Vendredi 27 décembre, l’armée israélienne a pris d’assaut l’hôpital Kamal Adwan et l’a complètement incendié. Hamas a lancé un appel aux pays arabes et musulmans et à l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour installer des hôpitaux de campagne aux fins de venir en aide aux nombreux blessés et malades palestiniens.
« Nous suivons avec préoccupation la détérioration de la situation humanitaire à Ghaza. Nous allons prendre en concertation avec nos frères palestiniens et avec les activistes humanitaires toutes les mesures qu’il faut. Nous allons accorder de l’intérêt aux situations au Liban, au Yémen, en Syrie et au Soudan, compte des développements inquiétants dans ces pays frères », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « nous avons appelé et continuons de de le faire pour la préservation de la vie des palestiniens et pour un cessez-le-feu permanent à Ghaza. La position de l’Algérie sur la Palestine est soutenue par l’écrasante majorité des membres de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’ONU (…) nous allons œuvrer pour l’arrêt des colonisations dans la Cisjordanie et à Ghaza ».
« Pour l’Algérie, l’UNRWA est irremplaçable »
Une réunion sera consacrée durant le mois de janvier à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). « L’UNRWA doit poursuivre sa mission au nom de l’ONU au profit du peuple palestinien. Pour l’Algérie, l’UNRWA est irremplaçable », a-t-il dit.
Amar Bendjama a souligné que l’Algérie est membre responsable de l’ONU qui oeuvre toujours pour rapprocher les différents points de vue. « Et en tant que présidente actuel du Conseil de sécurité, elle va oeuvrer pour la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde, pas uniquement au Moyen-Orient », a-t-il dit.
Il a estimé que l’avenir de la Syrie doit être décidé par les syriens eux même, en réponse à une question sur l’application de la résolution 2245 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution, qui date de 2015, porte sur un cessez-le-feu en Syrie et à une résolution politique du conflit. « Cette résolution paraît être quelque peu dépassée. Elle contient néanmoins les principes sous-tendant l’édification d’un avenir meilleur pour les Syriens, au sein d’un pays qui aura fait la paix avec lui-même et sera doté d’une nouvelle gouvernance », a déclaré le diplomate algérien. Il a évoqué les liens d’amitié entre la Syrie et l’Algérie comme il a annoncé que le Conseil de sécurité se penchera sur la radiation d’Hay’at Tahrir el-Cham (HTS) de la liste des sanctions après l’examen de toutes les informations pertinentes. HTS a pris le pouvoir à Damas après la chute du pouvoir de Bachar Al Assad, le 8 décembre 2024.
« Nous allons tenir une réunion sur la Syrie, le 8 janvier, et élaborer un rapport sur les contacts établis avec les différentes parties dans ce pays. Nous allons discuter des moyens à mettre en place pour aider le peuple syrien pour qu’il reconstruise son Etat », a ajouté Amar Bendjama.
La crise en Libye est la conséquence « d’ingérences étrangères »
Il est revenu sur la situation actuelle en Libye. « L’Algérie est préoccupée par la crise, qui a trop duré, en Libye, et ses répercussions sur la stabilité. cette situation est la conséquence d’ingérences étrangères en Libye. Depuis le début de la crise, l’Algérie restée attachée à la recherche de solutions pacifiques et de décisions appuyant la paix. Il a appartient à la Libye d’engager un processus (de résolution de la crise) sans intervention extérieure. L’Algérie poursuivre son soutien aux efforts onusiens par rapport à la Libye. Il est nécessaire d’arriver à un certain consensus sous l’égide de l’ONU à propos des efforts d’organisations internationales et régionales pour dépasser tout double discours », a déclaré Amar Bendjama.
Et de poursuivre : « Le processus politique en Libye doit aboutir à la mise en place des conditions pour la tenue d’élections générales transparentes. Le processus de réconciliation en Libye est vitale. C’est une étape nécessaire pour éviter la division de la société libyenne et consolider le sentiment d’unité nationale ».
Interrogé par un journaliste de l’agence espagnole EFE, sur le Sahara occidental, Amar Bendjama a répondu qu’il s’agissait d’une question de décolonisation importante autant pour l’Algérie que pour l’Afrique et l’ONU. Il a rappelé que le Conseil de sécurité s’est réuni depuis trois mois (fin octobre 2024) sur la question du Sahara Occidental et a renouvelé le mandat de la Minurso (mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental).
Ce mandat est prorogé jusqu’au 31 octobre 2025. Il a précisé que le dossier du Sahara Occidental n’est pas à l’ordre du jour du Conseil durant le mois janvier 2025, « à moins qu’un évènement ne modifie la situation ». Le dossier sera abordé lors d’une réunion de consultation prévue par l’ONU en avril 2025. « Nous œuvrons à trouver une solution au conflit conformément à la résolution 1514 (sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux) et aux aspirations du peuple sahraoui pour l’autodétermination », a-t-il noté.
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