Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-commissariat à l’amazighité (HCA), a appelé, mercredi 10 janvier, à la révision de la nomenclature nationale des prénoms, en marge du lancement des festivités nationales et officielles de Yennayer 2974, à Alger.
« Nous recevons de temps à autre des plaintes sur le refus par certaines communes d’enregistrer des prénoms algériens d’origine amazighe. Cela relève de la compétence du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales qui a réagi à chaque fois. Il faut réactualiser la nomenclature nationale des prénoms qui existe dans tous les états civils des APC de sorte à l’ouvrir à d’autres prénoms d’origine algérienne », a-t-il plaidé, lors d’une conférence de presse, au Cercle national de l’armée (CNA), de Beni Messous, Alger.
Il a indiqué qu’en 2023, le ministère de l’Intérieur a fait appel aux walis pour faire des propositions de prénoms amazighs algériens à inclure dans cette nomenclature pour éviter d’éventuels refus.
« Dernièrement, le HCA est intervenu parce que le prénom d’Amestan a été refusé par le service d’état civil d’une commune alors qu’Amestan était un grand chef qui a combattu le colonialisme français dans la région de l’Ahaggar. Le HCA a démontré que ce prénom est authentiquement algérien », a-t-il dit.
« Les pouvoirs publics n’ont pas émis une notification interdisant les prénoms amazighs. Au niveau local, les agents d’état civil appliquent ce qui existe dans la loi », a-t-il ajouté.
Le décret n°81/26 du 7 mars 1981 porte sur l’établissement d’un lexique national des prénoms. « Les assemblées populaires communales sont chargées de dresser les listes de l’ensemble des prénoms figurant sur leurs registres d’état-civil et de les adresser au ministère de l’intérieur en vue de l’élaboration d’une liste nationale. La liste nationale comporte, enregistrés dans l’ordre alphabétique, tous les prénoms recensés en Algérie. Sont transcrits, en langue nationale, tous les noms figurant sur la liste nationale. La transcription, opérée par le ministère de l’intérieur, s’effectue sur la base de la traduction phonétique des prénoms », est-il précisé dans les articles 1 et 2 de ce décret.
« Une lecture statistique » sur l’enseignement de tamazight
Si El Hachemi Assad est revenu sur l’enseignement de tamazight à l’école, lors de la même conférence de presse, pour dire que le HCA va bientôt éditer un document portant « une lecture statistique sur les contingents d’enseignants et d’élèves ainsi que l’évolution géographique ».
« Le caractère facultatif de l’enseignement de cette langue est un verrou. Cet aspect a réduit l’effort accompli par des institutions dont le HCA. Notre vision est claire : tamazight pour tout le monde dans toutes les régions du pays. Il s’agit de traduire la dimension nationale de cette langue. Il faut passer à une autre étape : généraliser graduellement l’enseignement de tamazight sur la base d’un plan. Au ministère de l’Education nationale d’établir ce plan », a-t-il plaidé.
Selon lui, l’objectif est que l’enseignement de tamazight soit obligatoire à l’école. « Mais, il ne s’agit pas de l’imposer du jour au lendemain. Il faut passer par des étapes après un travail de sensibilisation. Il est temps d’actualiser les textes qui réglementent l’enseignement de tamazight à l’école. Cet enseignement est un acquis irréversible », a-t-il dit.
Le SG du HCA a, dans la foulée, appelé à la création sur fonds public d’un site électronique en tamazight avec toutes ses variantes, citant en exemple la version produite en cette langue par l’agence APS. « Il ne s’agit pas d’une revendication mais d’une traduction des dispositions de la Constitution. Le lectorat en tamazight existe », a-t-il noté saluant les efforts fournis par des médias publics d’expression amazighe dont la chaîne II de la radio et la chaîne 4 de la télévision.
Concernant le prix du président de la République de la langue et de la culture amazighes, qui en est à sa quatrième édition cette année, le HCA proposera un amendement au décret portant création de cette distinction pour « ouvrir la compétition aux jeunes de moins de vingt ans ». « Et ouvrir la perspective pour capter des compétences dans les domaines du numérique et des start ups. La composition du jury va changer l’année prochaine. Chaque membre du jury actuel va parrainer une candidature », a-t-il annoncé. Au Souk de Yennayer, qui se tient actuellement dans les sous-sols de la Grande poste à Alger, des start ups activant dans le domaine du patrimoine culturel exposent leurs services et produits jusqu’au 15 janvier 2023.