A Annaba, les compagnons de Sonia se rappellent de la femme « qui a donné sa vie au théâtre »

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A Annaba, les compagnons de Sonia se rappellent de la femme "qui a donné sa vie au théâtre"
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Le parcours artistique de Sonia Mekkiou, comédienne, metteure en scène, ex-directrice des théâtres régionaux de Skikda et d’Annaba, a été évoqué, à Annaba, lors d’un débat au 5ème Festival national de la production théâtrale qui se poursuit jusqu’au 30 novembre. 


Djamila Mustapha Zegaï est revenue sur le parcours artistique de Sonia à travers une brève lecture de son ouvrage » ‏صونيا، عنقاء المسرح الجزائري » (Sonia, phénix du théâtre algérien), paru en 2019, aux éditions Al Watan Al Yaoum, une année après le décès de la comédienne. « J’ai tout fait pour qu’elle lise la biographie, mais la mort et le destin ont été plus rapides.

Avec le départ de Sonia, la voix de la mise en scène féminine a baissé dans le théâtre algérien. Je dis  » a baissé » pour ne pas dire « a disparu » », a-t-elle regretté. Elle a rappelé les derniers spectacles mis en scène par Sonia comme « Amam Aswar al madina » (devant les murs de la ville), « Thawrat Belahrech », « Les martyrs reviennent cette semaine » et « Imra min warq » (une femme en papier) et « El djamilat » (les belles).


« Une touche poétique »

« Des spectacles qui ont décroché le grand prix du public algérien et arabe. Des spectacles marqués par une touche poétique et esthétique féminine et par une maîtrise de tous les métiers de scène. Sonia disait toujours que le théâtre est un travail collectif. Avant de choisir un texte, elle prenait le temps de consulter ses amis autour d’elle », a-t-elle dit.


L’universiataire est revenu sur le passage de Sonia aux Journées théâtrales de Shardjah (Emirats arabes unis) en 2016 où elle avait participé à une conférence sur « la femme et la mise en scène » :  « Je me rapelle qu’à bord de l’avion, dans deux voyages, vers Dubai et vers Doha, Sonia n’avait pas quitté son livre. Elle était une grande lectrice.

A Sharjah, elle ne ratait aucune conférence, assistait à tous les débats. Elle disait qu’elle était venue pour représenter l’Algérie. Lors d’un débat, un critique marocain lui a posé la question de savoir ce qu’a rapporté le théâtre à Sonia et ce qu’il lui a pris. Elle a répondu :  » Le théâtre m’a donné la liberté et je lui ai offert ma vie » ».


Sonia était, selon elle, très attachée à sa fille, la comédienne Samia Meziane et à sa petite fille Maissa. « Si Sonia a montré des signes de dureté, c’est parce qu’elle avait affronté les affres de la vie, les contradictions d’une société qui montrait parfois de l’hostilité à l’égard de la création artistique. Sonia a toujours ouvert la porte aux critiques pour accompagner son travail. C’est une pionnière dans ce domaine », a souligné l’universitaire en citant l’exemple de la pièce « Thawrat Belahrach ». Djamila Zegaï a présenté une lecture critique de cette pièce lors d’un colloque en Jordanie en 2011.


Sonia « Une militante de la culture »

Elle a rappelé que l’idée de départ de Sonia en lançant en 2012 le festival national de production théâtrale féminine était d’élever le niveau de participation des femmes dans la production du spectacle théâtral en Algérie.
« Sonia était une militante de la culture et de l’art. Elle a vécu l’isolement et la marginalisation malgré qu’elle ait crée la fordja, le spectacle, en Algérie. Sonia était une créatrice qui a cru à la citoyenneté et à l’excellence. Elle était franche, sincère et sérieuse dans son travail. Elle était indépendante, engagée et révoltée. Elle est une icône, une star, une vedette. Comme Keltoum, Nouria, Farida Saboundji et Fatiha Berber, elle est un pyramide du théâtre algérien », a témoigné, pour sa part, le comédien Hamid Rabia, lors du même débat.  


La force de Sonia vient, selon lui, de son éducation, de sa morale, de son humanisme, de sa patience et de son instruction. « Elle était la reine de la scène », a-t-il dit. La comédienne Fadéla Hachemaoui a connu Sonia dans les années 1970.


« Une excellente cuisinière »

« Sonia a vécu sa vie pleinement malgré les difficultés. Elle était une excellente cuisinière et une excellente metteure en scène. Nous passions nos soirées en Algérie ou à l’étranger à blaguer et à rire. Nous avons aussi pleuré ensemble lorsque Abdelkader Alloula est mort (mars 1994). Nous avons organisé une halqa funéraire dans la rue lors de son enterrement. Nous avons pleuré ensemble après la mort d’Azzeddine Medjoubi (février 1995) », a-t-elle dit.


Sonia, selon la comédienne Aida Guechoud, a laissé sa propre place. « Sonia est une artiste complète, une femme simple malgré l’allure qu’elle donne. Avant son décès, elle voulait voyager avec moi en Turquie. Un jour, à l’hôpital, elle m’a dit se sentant affaiblie : « Aida, tu iras seule ».

Juste avant son départ, elle voulait manger de la trida de Constantine. C’était son dernier repas. Elle morte dans mes bras à l’heure de la prière de la Icha’a. Elle est partie comme un bébé. Elle me manque réellement », a témoigné Aida Guechoud, amie proche de Sonia.

Les comédiennes Lynda Sellam et Lydia Laarini, qui ont vécu chez Sonia à Annaba, ont salué, pour leur part, la grande générosité de la défunte comédienne, son esprit de solidarité, sa disponibilité à aider et à accompagner les jeunes actrices et acteurs. Lynda Sellam a confié comment elle a pu convaincre Sonia de prendre le comédien Rédha Takhrist pour le rôle de aâmi El Abed dans la pièce « Les martyrs reviennent cette semaine », malgré l’avis contraire de M’Hamed Benguettaf.  

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