Anouar Benmalek vient de publier aux éditions Casbah à Alger et Emmanuelle Collas en France, « L’amour au temps des scélérats ».
L’histoire du roman se passe à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Tammuz, un français, candidat au « djihadisme », part à la recherche d’une femme qu’il a aimée.
Tammuz porte le nom d’un dieu de la Mésopotamie antique. Sur sa route, il fait la rencontre d’un adepte d’une ancienne religion minoritaire Zayélé, Houda et Yassir, un couple en fuite, Adams, un pilote de drone… Une histoire tragique, sur fond de guerre et de violences multiples, où l’amour tente de résister…
« Le roman évoque plusieurs vies totalement indépendantes au départ. Il y a plusieurs histoires avec des personnages différents. Il y a un djihadiste, un indien d’Amérique, une famille Yézidi, deux jeunes syriens…C’est un récit choral où il y a plusieurs regards. C’est une manière de montrer un monde mouvant qui s’étend sur plusieurs millénaires. Tammuz, qui a vécu au temps de Sumer, n’est pas le diable mais il a son pouvoir. Et dans le roman, c’est un personnage humain. Les gens n’ont peut être pas compris ce clin d’œil aux religions pré-monothéistes. L’Histoire de l’Humanité remonte aux sumériens, aux égyptiens, pas aux derniers mille ans. L’homme n’a pas beaucoup changé depuis », a souligné Anouar Benmalek, rencontré lors du 25ème Salon internationale du livre d’Alger(SILA), qui s’est déroulé du 24 mars au 1 avril 2022.
« On n’a pas tiré de leçons des événements tragiques du Moyen-Orient »
Pour comprendre le monde d’aujourd’hui faut-il remonter dans l’Histoire ? « Oui, parce qu’il y a une continuité. Les djihadistes par exemple donnent les mêmes justifications à leurs actes que ceux avancés il y a 3000 ans. Il n’y a rien de nouveau ! La barbarie est la même », a-t-il répondu. Et d’ajouter : »Pour moi, parler de l’Algérie, de l’Australie ou de la Syrie, c’est d’abord parler d’être humain. Ce n’est pas de l’exotisme. Il me semble qu’on n’a pas tiré de leçons des événements tragiques du Moyen-Orient, l’Irak, la Syrie…où les pires horreurs ont été commises. Cela a-t-il servi à quelque chose ? Les syriens ont subi les horreurs des islamistes, des dirigeants et des étrangers. Tout a été fait dans ce pays ».
« En Algérie, on a autant été touché que les autres. Mais, cela n’a rien changé dans notre perception des choses, notre manière de voir. Cela me laisse un peu perplexe. Tout le monde s’intéresse à l’Ukraine actuellement, alors que l’Irak et la Syrie ont subi dix fois plus de violence. Cela n’a pas produit les mêmes réactions. Nous en sommes quelque part responsables », a relevé l’écrivain.
La Mésopotamie, le berceau du monde
Il a rappelé que la Syrie et l’Irak avaient fait partie de la Mésopotamie. « C’est à dire le berceau du monde, l’invention de l’écriture, l’invention de la ville (Samarra ou سامُرّاءُ est considérée parmi les plus anciennes villes du monde). Comment trouver la manière de dire que la barbarie et la contre barbarie, l’être humain en ce qu’il a de meilleur, ont toujours coexisté et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ? Certains thèmes développés dans le roman peuvent heurter des sensibilités. Mais, un livre est fait pour cela aussi « , a-t-il averti.
Anouar Benmalek, 66 ans, publie des romans depuis 1986.
« Ludmila » a été son premier roman, publié à Alger, aux éditions ENAL. Il a enchaîné avec d’autres romans tels que « Les amants désunis », (1998), « L’enfant du peuple ancien » (2000), « L’amour Loup » (2002), « Ce jour viendra »(2003), roman, Éd Pauvert, septembre 2003, « Ô Maria » (2006), « Le Rapt » (2009) et « Fils du Sheol » (2015).
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre article.
Anouar Benmalek est un écrivain que j’apprécie énormément. En plus de sa belle plume, il a eu des positions courageuses (intellectuelles et politiques), sur des sujets sensibles.
Nous avons un grand besoin de ces intellectuels qui se mettent au diapason des mutations multiples de leurs peuples et de l’histoire dans la multiplicité de ses facettes.
Je lirai avec plaisir son nouveau roman, grâce notamment à votre belle présentation.
Salutations !