Ahmed et Rabah Asselah dans les œuvres des étudiants des Beaux-Arts d’Alger

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Ahmed et Rabah Asselah dans les œuvres des étudiants des Beaux-Arts d'Alger
Ahmed et Rabah Asselah dans les œuvres des étudiants des Beaux-Arts d'Alger
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Comme chaque année depuis 27 ans, l’École des Beaux-Arts d’Alger rend hommage au défunt directeur de l’école Ahmed Asselah et son fils Rabah assassinés le 5 mars 1994 dans la cour de l’école. Les étudiants de première année ont réalisé 85 œuvres qui ont fait l’objet d’une exposition à l’école.

Le commissaire de cette exposition est l’artiste plasticien et enseignant, Karim Sergoua. Il est l’initiateur de la fondation « Ahmed et Rabah Asselah » et la fondation « Anissa culture action mémoire » en hommage à la défunte épouse d’Ahmed Asselah. Pour réaliser cette exposition, Karim Sergoua explique que les étudiants ont répondu à la thématique « comment exprimer le deuil ».

Sur les dessins des étudiants, le portrait de Ahmed et Rabah Asselah revient régulièrement. Certains ont exprimé subtilement le drame qui les a emporté alors que d’autres ont été plus expressifs. L’assassin est, même, présent sur certaines œuvres. Il est parfois esquissé et d’autres fois représenté par une silhouette portant son arme du crime. Celle-ci est également présente sur beaucoup de dessins.

D’autres se sont essayés à des couleurs vives, fleuries, pour exprimer l’espoir. Les dessins sont accompagnés de citations et des hommages.

« Il est important que les nouvelles générations connaissent l’histoire de l’école. Au-delà du drame qui a emporté Ahmed Asselah, c’était un homme de culture, engagé et généreux. Ses 14 ans au sein de cette école ont été très riches, c’est pourquoi nous avons trouvé la force de continuer son œuvre », précise Karim Sergoua.

Karim Sergoua a connu Ahmed Asselah intimement. Ce dernier l’a recruté en septembre 1989 alors qu’il venait d’obtenir son diplôme. « A 29 ans j’étais le plus jeune enseignant de l’École des Beaux-Arts d’Alger. C’était une grande responsabilité et un honneur qu’il me faisait », raconte Karim Sergoua.

Avant de rejoindre l’École des Beaux-Arts d’Alger, Ahmed Asselah était journaliste à la radio algérienne puis à la télévision. Il était aussi chargé de mission auprès du ministère de la formation professionnelle, secrétaire général de l’institut de musique, administrateur de la troupe théâtrale de Kateb Yacine et directeur de l’école des Beaux-Arts d’Alger de 1989 à 1994.

« Nous avons fait énormément de choses ensemble. En 1990 nous avons organisé la rencontre des écoles d’art de la méditerranée. En octobre 1988, nous avons organisé la première rencontre contre la censure et la torture en Algérie au sein de l’école. Ils militaient pour la revalorisation des enseignements artistiques, c’était un homme intègre qui avait d’énormes ambitions pour la promotion de l’art à l’échelle nationale et internationale », souligne Karim Sergoua.

Karim Sergoua se remémore la discussion qu’il avait eu avec Ahmed Asselah la veille de son assassinat. « pendant toute la semaine, il cherchait à me voir, il voulait qu’on discute. Le 4 mars c’était un vendredi du mois de Ramadhan, je passe à l’école pour le voir. On se met dehors et il commence à me donner des consignes, pour l’école et certains étudiants. Inquiet, je lui demande s’il avait reçu des menaces, il me demande de ne pas m’inquiéter et de bien prendre soin de moi », se souvient Karim Sergoua.

Le lendemain Ahmed Asselah est abattu d’une balle tirée dans la tête et son fils, Rabah, âgé de vingt-deux ans, est atteint dans l’abdomen.

« Trois jours plus tard avec Anissa Asselah, nous décidons de créer la fondation Asselah. Il fallait trouver la force de continuer, comme l’aurait souhaité Ahmed. Cette année-là nous avons beaucoup travaillé, je passais 16 heures à l’école. C’était une manière pour nous tous de faire notre deuil. On craignait que ce drame allait dissuader les jeunes étudiants de s’inscrire à l’École des Beaux-Arts, mais à notre grande surprise, nous avons reçu 1100 candidatures alors qu’en moyenne on recevait 5000 », se souvient Karim Sergoua.

Pour Karim Sergoua, célébrer de cette date est avant tout un devoir de mémoire mais c’est aussi une manière de transmettre, de raconter aux étudiants, ce volet tragique de l’histoire de l’école des Beaux-Arts.

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